Qui est-ce?

Marie Curie

Jacqueline Remits • jacqueline.remits@skynet.be
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Je suis…

Connue pour mes travaux sur la radio­activité. J’ai souvent ouvert la voie à la science et aux femmes. Née à ­Varsovie, alors dans l’Empire russe, d’un père professeur de mathématiques et de physique et d’une mère institutrice, je suis la benjamine d’une famille de 5 enfants. Ado, je perds ma sœur aînée du typhus et 2 ans plus tard, ma mère de la tuberculose. Après mes études secondaires, je rejoins l’Université volante qui participe à l’éducation clandestine en Pologne. Quand ma deuxième sœur part étudier la médecine à Paris, je travaille comme gouvernante avant de la rejoindre en 1891. Inscrite en physique à la Faculté des sciences de l’Université de Paris, je suis l’une des 27 femmes parmi 776 étudiants. En 1893, j’obtiens ma licence en sciences physiques, première de ma promotion. Un an plus tard, je décroche ma licence en sciences mathématiques. J’intègre alors un laboratoire de recherches physiques. La Société ­d’encouragement pour l’industrie nationale me confie des travaux de recherche. C’est à cette époque que je rencontre Pierre Curie, chef des travaux de physique à l’École municipale. Nous travaillons ensemble sur le magnétisme… tandis qu’une autre forme de magnétisme nous attire l’un vers l’autre. Mais je dois rentrer à ­Varsovie pour ­participer à l’émancipation de la Pologne, avant de revenir à Paris, à la demande de Pierre, où nous nous marions en 1895. 

Reçue première au concours d’agrégation pour l’enseignement des filles section mathématiques, je prépare ma thèse de doctorat sur l’étude des rayonnements produits par l’uranium découverts par Henri Becquerel. En 1897, je donne naissance à ma première fille, Irène. L’année suivante, ­j’obtiens le prix Gegner de l’Académie des sciences pour mes travaux sur les propriétés magnétiques des métaux. En 1900, je suis chargée des conférences de physique à l’École normale supérieure ­d’enseignement secondaire des filles. En 

Je suis…

1903, je soutiens ma thèse de doctorat. La même année, je reçois le prix Nobel de physique partagé avec Pierre, et Henri Becquerel. Ce prix Nobel a failli m’échapper, le Comité de sélection n’ayant pas mentionné mon nom. Mais à la demande de Pierre, nous sommes considérés ensemble dans notre recherche sur les corps radioactifs. 

Je suis ainsi la première femme à recevoir un prix Nobel. Sept ans après Irène, naît ma seconde fille, Eve. Je deviens ensuite chef de ­travaux de la chaire de physique de la Faculté des sciences de l’Université de Paris dont Pierre est titulaire. Il décède peu après, en 1906, renversé par une voiture à cheval. J’en ai beaucoup souffert mais me remets sur pied et deviens la première femme en France directrice d’un laboratoire universitaire. Jusqu’en 1934, j’y accueillerai 45 femmes. Nommée chargée de cours, en remplacement de Pierre, je suis aussi la première femme professeure à la Sorbonne. Parallèlement, je poursuis mes recherches à ­l’Institut du radium (futur ­Institut Curie). En 1911, je participe au premier Congrès Solvay, organisé et financé par Ernest Solvay à Bruxelles et qui ­réunit des physiciens tels que Max Planck et Albert Einstein. 

Une fois encore, je suis la seule femme à bord. En ­recevant le prix Nobel de chimie pour la découverte du radium et du polonium, je suis la première personne à ­obtenir 2 prix Nobel. S’en suit une longue pause forcée pour me remettre d’une opération des reins. Dès la fin de la Guerre, je reprends mon poste de direction du labo de physique et chimie, ma fille Irène devenant mon assistante. Je voyage alors énormément. Mais à cause d’une trop grande exposition aux éléments radioactifs, je souffre d’une leucémie ­radio-induite. En 1934, ma santé m’oblige à me rendre au sanatorium de Passy, en Haute-Savoie.


À cette époque…

Quand j’arrive à Paris, en 1891, la Russie entame la construction d’une ligne de chemin de fer trans­sibérienne pour relier l’Oural au port de Vladi­vostok. Elle sera achevée en 1906. L’année où je me marie avec Pierre, en 1895, Rudyard Kipling publie Le Livre de la jungle. En 1898, quand Pierre et moi découvrons le polonium et le radium, ­l’ingénieur brésilien Santos-Dumont expérimente, à Paris, un modèle révolutionnaire de ballon dirigeable. En 1911, quand je reçois le prix Nobel de chimie, le Norvégien Roald ­Amundsen atteint le pôle Sud.

J’ai découvert…

Que la pechblende et la chalcolite sont respectivement 4 et 2 fois plus actives que l’uranium. J’en déduis que les rayons de Becquerel sont une propriété de l’atome et non une propriété chimique. En 1898, quand Pierre me rejoint pour étudier la radioactivité, notre but est d’isoler les éléments à l’origine du rayonnement inconnu de roches radioactives. Grâce à un financement bienvenu, nous faisons venir quelques tonnes de pechblende de Bohême. Le raffinage du minerai, un procédé dangereux, est réalisé dans un laboratoire aux allures «d’étable ou de hangar à pommes de terre», selon un chercheur allemand, et sans aucune protection. J’ai les doigts et les mains ­cloqués. En 1898, j’annonce la découverte de 2 nouveaux ­éléments, le polonium, nommé ainsi en référence à mon pays d’origine, et le radium, respectivement 400 fois et 900 fois plus radioactifs que l’uranium. En 1902, j’obtiens 1 dg de chlorure de radium, ce qui me permet d’identifier la ­position de cet élément dans le tableau de Mendeleïev. En 1910, je parviens à isoler 1 g de radium sous forme de métal pur. Je publie le Traité de radioactivité.


Saviez-vous que…

Suite à leur prix Nobel de physique, les Curie sont devenus célèbres. Raison pour laquelle la danseuse Loïe Fuller leur demande de ­l’aider à réaliser un costume phosphorescent au ­radium. Ils refusent, mais l’artiste devient leur amie. En 1914, quand la Guerre éclate, Marie Curie participe à la conception de 18 unités chirurgicales mobiles, des ambulances radiologiques, surnommées plus tard les «petites Curies». Elle transforme l’Institut du radium, alors déserté, en école de radiologie pour former des jeunes femmes aide-radiologistes. Son permis de conduire décroché en 1916 lui permet de se rendre sur le front pour réaliser des radiographies. Toute sa vie, elle refuse la Légion ­d’Honneur. 

L’élément atomique n° 96, découvert en 1944, a été baptisé curium en l’honneur des Curie. La curiethérapie est un traitement efficace contre certains ­cancers. Il consiste à implanter les sources radioactives à l’intérieur du corps directement sur la lésion à traiter. Cela permet de concentrer les doses sur un petit ­volume sans agresser les tissus environnants. Il est essentiellement utilisé dans les cancers de la prostate, de l’utérus et du sein. 

En 1989, la vie et le travail de Pierre et Marie Curie ­inspirent une pièce de théâtre, Les Palmes de Monsieur Schutz, de Jean-Noël Fenwick, qui reçoit 4 ­Molières. 

Marie Curie est l’une des rares femmes à reposer, depuis 1995, au Panthéon à Paris. Les 150 ans de sa naissance sont actuellement célébrés. Le Panthéon lui rend ­­hommage actuellement et jusqu’au 4 mars 2018 avec une exposition inédite.

Marie Curie au volant d’une «petite Curie»


  • Naissance
  • 7 décembre 1867, Varsovie (Royaume du Congrès, actuelle Pologne)

  • Décès
  • 4 juillet 1934, Passy (France)

  • Nationalité
  • Polonaise, naturalisée française

  • Situation familiale
  • Mariée, puis veuve, mère de 2 filles

  • Diplôme 
  • Faculté des sciences de l’Université de Paris

  • Champs de recherche
  • Physique nucléaire, radiations

  • Distinctions
  • Médaille Davy (1903), prix Nobel de physique (1903), prix Nobel de chimie (1911)

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