Qui est-ce?

Emmy NOETHER

Jacqueline Remits •  jacqueline.remits@skynet.be

© BELGAIMAGE

Je suis…

Une grande mathématicienne, considérée comme «la mère de ­l’algèbre moderne». Née en Bavière, je suis l’aînée de 4 enfants. À la maison, je baigne dans une ambiance matheuse. Mon père Max, professeur de mathématiques à l’Université d’Erlangen, est l’un des grands ­spécialistes de la géométrie algébrique. Si mon premier prénom est Amalie, très vite on m’appelle par mon deuxième prénom, Emmy. Enfant, comme les filles d’alors, j’apprends le piano, la danse et les travaux domestiques. Douée en français et en anglais, je réussis facilement un examen pour devenir enseignante dans ces matières. Je décide cependant ­d’entreprendre des études en mathématiques à l’Université d’Erlangen. À l’époque en Allemagne, la place des femmes est définie par le fameux «Kinder, Küche und Kirche» (enfants, cuisine et église). Tout un programme, qui ne me convient pas vraiment. Toute ma vie, j’aurai à combattre la miso­gynie ambiante. Sur le millier d’étudiants que compte l’université, nous ne sommes que 2 filles et à ce titre, nous devons demander la permission aux professeurs pour pouvoir suivre leurs cours ! Je pars ensuite étudier l’astronomie et les mathématiques à l’Université de Göttingen. De retour à Erlangen, j’ai pris la décision de consacrer ma vie aux maths. L’algèbre est mon domaine.

Après ma thèse de doctorat passée en 1907, ­j’enseigne bénévolement à l’Institut de mathématiques d’Erlangen. En même temps, je complète les travaux de ma thèse avant publication. Le mathématicien Ernst Fischer me fait découvrir les travaux de son confrère David Hilbert, qui s’intéresse à l’algèbre abstraite. Ensemble, nous avons de longues discussions sur les mathématiques, bien sûr ! Nous échangeons même des cartes postales à ce propos. En 1915, je suis engagée par l’Université de Göttingen malgré les réticences des professeurs, toujours à titre bénévole.

  

Pour être acceptée, je dois donner mes cours sous le nom de Hilbert ou de mon père. Heureusement, ma famille est là pour m’héberger et me nourrir. À l’issue de la Première Guerre mondiale, certains droits s’ouvrent enfin aux femmes. Après 12 ans à enseigner bénévolement, je passe mon agréation pour donner cours. Le titre de Privatdozent (maître de conférences) reconnaît mes mérites, mais je n’obtiendrai de salaire qu’en devenant assistante en algèbre, un an plus tard. Professeure passionnée, j’adore discuter avec mes étudiants, dont j’aime mettre les travaux en valeur. Pendant les jours fériés, je donne cours dans des cafés ou chez moi. Certains apprécient, d’autres sont déroutés par mes méthodes.

Durant l’année 1928, je travaille quelque temps à l’Université d’État de Moscou où je poursuis mes recherches et mon enseignement. De retour en Allemagne, en 1932, je reçois, aux côtés du mathématicien autrichien Emil Artin, le prix Alfred Ackermann-Teubner. Je n’obtiens toujours pas le rang de professeur à part entière. Je suis pourtant reconnue par mes pairs qui me sollicitent pour une conférence lors du congrès international des mathématiciens à Zurich. Quand Adolf Hitler devient chancelier en 1933, mon poste d’enseignante à l’Université de Göttingen m’est retiré car je suis juive. J’accueille alors mes étudiants chez moi. Rapidement, le Bryn Mawr College, près de Philadelphie aux États-Unis, me propose un poste. J’y entame des cycles de conférences tout en poursuivant mes recherches. En avril 1935, à 53 ans, des médecins me diagnostiquent une tumeur, en fait un kyste ovarien, dont l’opération me sera fatale.


Emmy Noether et son frère cadet Fritz, également mathématicien.

À cette époque…

L’année de ma naissance, en 1882, Robert Koch démontre le caractère contagieux de latuberculose en découvrant sa cause microbienne. À partir de là, commence unelutte contre ce fléau endémique. En 1921, à l’époque où j’approfondis mesrecherches sur l’algèbre abstraite, la découverte du BCG (bacille de Calmetteet Guérin) marque le début du déclin de cette maladie. En 1927, un peu avantque je parte travailler à l’Université d’État de Moscou, Hô Chi Minh fonde leparti communiste vietnamien. En 1933, quand Hitler installe la dictature nazieet que je pars aux États‑Unis, le Président Franklin D. ­Roosevelt annoncela politique du New Deal, une série de mesures ­d’urgence destinées àbriser le cercle vicieux de la dépression qui sévissait alors jusque-là.

J’ai découvert…

Le théorème de Noether. En 1915, Einstein énonce sa fameuse théorie de la relativité générale. Avec la contribution de plusieurs mathématiciens, il démontre que la géométrie de l’espace est liée à la masse qu’elle contient. David Hilbert pense que l’énergie due à la gravitation peut créer une force d’attraction, ce qui va à l’encontre du principe de la conservation de l’énergie. En 1918, je démontre ce qui deviendra mon théorème: une symétrie des lois de la nature engendre une conservation d’une certaine quantité physique. 

Je découvre ce résultat dans le cadre de mes ­travaux sur la théorie des invariants algébriques. Ce théorème sera encore utilisé plus d’un siècle plus tard en physique théorique. Albert Einstein le qualifie de «monument de la pensée mathématique». Au début des années 1920, je travaille surtout en algèbre abstraite et je développe la théorie des idéaux dans des anneaux commutatifs. Mon article sur le sujet est considéré comme «révolutionnaire» en algèbre. En mon honneur, les anneaux sont qualifiés de «noethériens» s’ils vérifient la condition d’une chaîne ascendante.

Lorem Ipsum is simply dummy text

Lorem Ipsum is simply dummy text of the printing and typesetting industry. Lorem Ipsum has been the industry’s standard dummy text ever since the 1500s, when an unknown printer took a galley of type and scrambled it to make a type specimen book.

Lorem Ipsum is simply dummy text

Lorem Ipsum is simply dummy text of the printing and typesetting industry. Lorem Ipsum has been the industry’s standard dummy text ever since the 1500s, when an unknown printer took a galley of type and scrambled it to make a type specimen book.


Naissance 

23 mars 1882, Erlangen (Allemagne))

Décès 

14 avril 1935, Princeton (États-Unis)

Situation familiale 

Célibataire


Diplôme 

Mathématiques

Champs de recherche 

Mathématiques, physique théorique

Distinctions 

Prix Alfred Ackermann-Teubner (avec Emil Artin)

Share This