L'Adn de…

Sophie DEBELS
Grapho-thérapeute

Propos recueillis par Géraldine TRAN • geraldine.tran@spw.wallonie.be

G. TRAN

Graphothérapeute, c’est une vocation que vous avez depuis toute petite ?

Disons que j’ai toujours voulu travailler avec des enfants. Lorsque j’étudiais la psychologie à l’université, j’ai rapidement ressenti le besoin de
compléter cette formation par quelque chose de plus concret et de plus ciblé. Ayant déjà été sensibilisée à la graphologie, je me suis donc naturel­lement tournée vers la graphothérapie, qui s’est avérée être très complémentaire à ma
formation de neuropsychologue pour enfants.

En ce qui me concerne, j’ai d’abord suivi une formation de 3 ans en graphologie. Celle-ci porte sur l’analyse des traits caractéristiques de
l’écriture manuscrite, propres à chacun et donc révélatrices de certains traits de personnalité. Il s’agissait donc, dans un premier temps, d’une approche plus «subjective» de l’écriture. Une fois le diplôme en main, j’ai eu accès à la
formation en grapho­thérapie d’une durée d’1 an, suivie d’un stage auprès d’enfants dysgraphiques. Il s’agit donc bien d’une approche très différente de la graphologie reposant sur ­l’observation d’«anomalies» dans le geste graphique dont il faut en comprendre la cause pour ensuite y remédier.

Comment devient-on graphothérapeute ?

Vous êtes travaillez actuellement en tant que graphothérapeute et
neuropsychologue pour Le Jardin des libellules et le Centre médical
de l’Alliance
, mais quelle est votre journée-type ?

Il n’y a pas vraiment de journée type. Mon activité comprend une partie dédiée à l’évaluation (bilan graphomoteur des fonctions intellectuelles/des fonctions attentionnelles et exécutives/des capacités visuo-spatiales). Ici, il s’agit de de regrouper un maximum d’informations sur l’enfant pour en avoir une vision la plus globale possible qui me permet de mettre en évidence d’éventuelles difficultés d’ordre visuo-spatiales, attentionnelles, ­exécutives ou limitées au geste graphique. Les ­difficultés en écriture peuvent être rencontrées chez des enfants présentant un Trouble Déficitaire de ­l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), chez des enfants à haut potentiel (HP) et surtout, chez des enfants dyspraxiques ou souffrant de troubles neuro­visuels. Il n’est donc pas rare de réorienter les parents vers d’autres praticiens en vue de poser un diagnostic précis et d’optimiser la prise en charge.Les difficultés en écriture ne sont bien évidemment pas toutes liées à ce genre de profils et peuvent être simplement dues à de mauvaises bases dans son apprentissage. L’autre partie de mon travail est réservée à la remédiation (rééducation). 

Les sciences, au sens premier du terme, n’ont jamais été mon point fort, même si j’ai grandi dans une famille de pharmaciens ! Les sciences humaines me convenaient mieux mais en ayant toujours eu ce besoin d’avoir un ancrage
plus concret, presque «médical» dans ma pratique professionnelle. L’orientation
en neuropsychologie clinique était donc parfaite pour moi.

Quels sont vos rapports avec la science ? Quels sont vos premiers souvenirs «scientifiques» ?

Quelle est la plus grande difficulté rencontrée dans l’exercice de votre
métier ?

Je dirais que le plus compliqué est de conscientiser les parents et l’enfant sur l’importance d’un suivi en dehors des séances. Je compare toujours l’écriture à un sport: pour devenir performant, il faut s’entraîner le plus souvent possible ! Il s’agit donc de mettre en pratique au quotidien les outils et exercices proposés en séance, chose pas ­toujours évidente pour des parents face à des enfants bien souvent réticents à toute production écrite… Ma priorité est donc d’essayer de les «réconcilier» avec l’écriture.

J’ai longtemps travaillé en tant que salariée et se lancer en tant qu’indépendante était un vrai défi en soi ! Aujourd’hui, je suis heureuse
d’avoir ce statut et j’y trouve un véritable sens. Mes plus grandes réussites professionnelles résident dans tous ces petits moments où l’on redonne de la confiance à un enfant mais aussi aux parents, dont le parcours est parfois long
et chaotique.

Quelle est votre plus grande réussite professionnelle jusqu’à ce jour ?

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui aurait envie de suivre vos
traces ?

La graphothérapie est une discipline accessible à tous, sans avoir de diplôme de base particulier. Il me semble pourtant primordial d’avoir des connaissances sur les différentes pathologies liées aux troubles de l’écriture et d’avoir un accès aux tests psychométriques visant une évaluation plus globale du fonctionnement cognitif de l’enfant. Avoir un diplôme en neuropsychologie est donc un avantage certain dans la pratique de cette
­discipline. Cette activité demande avant tout de bonnes capacités d’écoute, d’empathie et beaucoup de patience !


Sophie Debels

40 ans

Situation familiale

en couple, 2 enfants

Profession

Neuropsychologue et Graphothérapeute pour enfants au Centre médical de l’Alliance (Braine l’Alleud) et au Jardin des Libellules (Waterloo).

Formation

Études secondaires générales au Berlaymont (Waterloo), Master en sciences psychologiques, option neuropsychologie à l’UCL.

Tél.

  • +32 477 479 401

Je
vous offre une seconde vie pour un second métier…

Si je devais changer de métier, je serais sans hésiter vétérinaire. J’adore les animaux et ils sont indispensables à mon équilibre. Cela pourrait être également un métier qui me permette d’emmener mon chien partout… je devrais peut-être y penser pour mes prises en charge… le contact avec un animal peut
faire des miracles !

J’ai également une sensibilité particulière pour l’écologie, alors, si j’avais un super pouvoir, je bannirais de ce monde tous ces lobbies qui détruisent notre planète.

Je
vous offre un super pouvoir…

Je
vous offre un auditoire…

Aucun ! Pour la simple et bonne raison que je suis une très mauvaise oratrice ! Je préfère laisser cela à des gens compétents en la matière. 

Pour en revenir à l’environnement, je planche sur un moyen d’anéantir les polluants qui nous entourent. Je suis d’ailleurs persuadée que tous ces produits toxiques sont en partie responsables du nombre accru d’enfants en difficultés scolaires.

Je
vous offre un laboratoire…

Je
vous transforme en un objet du 21e siècle…

Sans hésiter, ce serait un moyen pour se téléporter ! Je déteste conduire et le stress de la circulation. Tout ça représente pour moi du temps et de l’énergie perdue, sans oublier l’impact sur le climat.

À vrai dire, je n’irais pas bien loin… Peut-être en montagne ou au bord de l’océan en France. Du moment qu’il y ait du soleil ! Je dois avouer que je n’ai pas trop l’esprit aventurier et d’ailleurs, je n’aime pas non plus qu’on m’arrache à mes racines trop longtemps.

Je
vous offre un billet d’avion…

Je
vous offre un face à face avec une grande personnalité du monde…

Je remonterais très loin dans le temps pour  discuter avec… Jésus. J’adorerais
avoir enfin sa version de l’Histoire !

L’écriture, c’est notre ADN ! Il est, en effet, regrettable que les écrans envahissent
nos vies avec tous les effets néfastes que l’on connaît. Je pense, néanmoins, que l’écriture traversera encore bien des générations car elle fait partie de nous. En plus du côté «pratique» lié à la facilité d’utilisation (peu coûteuse et à tout moment), il ne faut pas oublier que l’écriture joue également un rôle très important pour structurer sa personnalité et ­faciliter les apprentissages au travers d’une approche
multi­sensorielle permettant une meilleure mémorisation (et donc de meilleures performances en lecture, en orthographe et sur l’ensemble des connaissances générales). Elle a, à mon sens, une utilité bien plus grande que d’écrire la
listes des courses sur un post-it. Lorsqu’elle est acquise, on ne s’en rend plus forcément compte et pourtant…

La
question «a priori»: pourquoi travailler encore sur l’écriture ?
Les générations ­d’aujourd’hui et futures n’écriront sans doute plus que très
peu, voire plus du tout ! 

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