L'Adn de…

Samuel MATTERN
Géomaticien

Propos recueillis par Nadine Sahabo •
nadinesah@yahoo.fr

N.SAHABO

Géomaticien, c’est une vocation que vous avez depuis tout petit ?

Non. C’est venu à la fin de mes études lorsque j’ai commencé à me demander exactement ce que j’avais envie de faire comme boulot. J’ai eu envie de travailler dans le domaine de l’information géographique. J’avais eu des cours liés à ça pendant mes études de bioingénieur.  Ça a été comme un coup de foudre à la fin de mes études. Cependant, je n’ai pas trouvé directement de l’emploi dans ce domaine-là. À l’époque, j’ai eu l’occasion de faire une thèse de doctorat à l’UCL, où j’ai pu approfondir mes connaissances en géomatique, avant de rejoindre le Service public de Wallonie.

Il importe de souligner que la géomatique vient de la contraction des termes «géographie» et «informatique». Ce domaine regroupe donc plusieurs disciplines et différents types de profils peuvent intervenir comme les bioingénieurs, les géographes, mais aussi les informaticiens orientés «Géo ICT», les géomètres, etc.  

Comment devient-on géomaticien ?

Vous travaillez actuellement au Département de la Géomatique
du Service public de Wallonie, mais quelle est votre journée-type ?

Il n’y a pas vraiment de journée-type dans ce domaine. Mais il y a quand même des éléments qui reviennent chaque jour, notamment, la résolution de problèmes qui demandent des réponses rapides. Il y a aussi la gestion et le suivi de projets sur le long terme pour améliorer notre infrastructure. J’essaie de consacrer quelques heures chaque jour à faire quelque chose de nouveau comme une analyse, un développement, un ­rapport.

Vaste question… (Rires). Durant mes études, j’ai eu la chance de recevoir une formation scientifique très complète et pluridisciplinaire: biologie, physique, chimie, science de la terre, etc. La science me passionne et elle m’a apporté une façon de réfléchir, d’analyser des phénomènes complexes et de comprendre le monde. Cette approche scientifique est fort présente dans mon travail. La science est, pour moi, un bel outil permettant de décrire le monde d’une part et d’autre part, un poète qui décrit un beau coucher de soleil permettra probablement d’approcher de plus près l’essence même du phénomène observé. Il parlera au cœur tandis que la science parle à la raison. Les deux sont complémentaires ! Il est important de ne pas mystifier la science, de ne pas lui donner plus de valeur que ce qu’elle en a.

Quels sont vos rapports avec la science ? Quels sont vos premiers souvenirs «scientifiques» ?

Quelle est la plus grande difficulté rencontrée dans l’exercice de votre
métier ?

C’est l’ampleur de la tâche ! Une de nos missions consiste à diffuser les données géographiques produites par toutes les autorités publiques wallones, c’est-à-dire le SPW, les provinces, les communes, etc. Chaque autorité publique produit donc de l’information géographique d’abord pour elle-même, dans le cadre de ses missions. L’objectif de notre département est de rendre ces données réutilisables par des tiers. En fait, on est assis sur une véritable mine d’or dont on a très peu conscience. Une des tâches les plus difficiles, c’est de donner envie à tous ces producteurs de données de partager leur production afin que d’autres puissent en bénéficier et qu’une saine réutilisation de celles-ci apportera de la plus-value à notre société.

C’est une réussite plutôt collective, fruit d’un travail d’équipe, avec des collègues passionnés et très compétents. Ce qui est le plus visible, en terme de produits, c’est le Géoportail de la Wallonie, une plateforme qui permet d’accéder aux données géographiques issues des autorités publiques wallonnes.  [http://geoportail.wallonie.be/home.html]

Quelle est votre plus grande réussite professionnelle jusqu’à ce jour ?

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui aurait envie de suivre vos
traces ?

La première chose, ce serait de développer sa curiosité et sa soif d’apprendre. On n’a jamais fini d’apprendre, il faut toujours continuer à se former. Il faut étudier beaucoup et dans des disciplines variées, s’ouvrir au monde et à d’autres cultures, apprendre plusieurs langues, élargir son esprit. Et enfin, et c’est très important pour moi, il faut découvrir son chemin. N’étant pas tous faits pour la même chose, chacun doit pouvoir trouver la voie qui lui convient et qui donnera un sens profond à sa vie.


Samuel MATTERN

37  ans

Situation familiale

Marié, 4 enfants

Profession

Géomaticien au Département de la Géomatique du Service public de
Wallonie (SPW).


Formation

Bioingénieur et Docteur en sciences agronomiques et ingénierie
biologique (UCL).

Tél.

  • + 32 81 71 59 49

Je vous offre une seconde vie pour un second métier…

Sans hésiter, je serais compositeur de musique de films. Je suis passionné de musique depuis que j’ai 7 ans, et je passe une partie de mon temps libre à composer de la musique…

Ralentir la course du monde. Ralentir nos rythmes de vie ! En 2018, c’était au 1er aout que l’humanité avait consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de regénérer en un an. L’humanité a donc vécu à crédit pendant 5 mois l’année passée. Il devient donc plus qu’urgent de ralentir et de retrouver un rythme qui soit plus en phase avec le rythme naturel.

Je vous offre un super pouvoir…

Je vous offre un auditoire…

Un cours sur les nombreuses applications de la géomatique. J’aimerais éveiller les étudiants à l’utilisation des données géographiques afin de contribuer à répondre aux grands défis actuels tels que la mobilité, le dérèglement climatique, la sauvegarde de la nature, le bien-être des gens…

La recherche de nouvelles technologies pour mieux se nourrir, se soigner, se déplacer, communiquer,… c’est bien sûr indispensable mais je pense qu’aujourd’hui, plus que jamais, c’est notre rapport à la nature et aux autres qu’il faut réinventer. Si seulement un laboratoire pouvait faire cela.

Je vous offre un laboratoire…

Je vous transforme en un objet du 21e siècle…

L’idée de me transformer en un objet ne m’inspire pas vraiment. Peut-être me transformer en un livre car il symbolise la culture, la transmission du savoir. Pour son côté artistique aussi ou pour pouvoir raconter la vie d’autres personnes.

Offrez-moi plutôt un billet de train (Rires) ! C’est plus écologique et je pourrais profiter du paysage pendant le voyage.

Je vous offre un billet d’avion…

Je vous offre un face à
face avec une grande personnalité du monde…

Ce n’est peut-être pas une grande personnalité, mais j’ai envie de dire Slash, un grand guitariste qui a fait partie du groupe Guns N’Roses. J’adore sa façon de jouer de la guitare et… ses cheveux.

Non, absolument pas ! En fait, avec la géomatique, on est passé de la carte imprimée, à afficher sur un mur par exemple, à la notion de donnée géographique au sens informatique du terme. À partir du moment où la donnée est informatique, numérique, on peut en tirer énormément d’applications différentes. Cela offre beaucoup plus de possibilités que la simple visualisation d’une carte imprimée. Par exemple, un moteur de recherche tel que Google utilise l’information géographique pour afficher uniquement les résultats pertinents provenant de votre région. Le GPS de votre voiture est aussi basé sur l’information géographique et calcule l’itinéraire optimal en temps réel. De nombreuses questions dans le domaine de l’aménagement du territoire ou de l’environnement trouvent une réponse grâce à la géomatique. Bref, la géomatique fournit des informations et des méthodes qui ouvrent un nouveau champ des possibles…

La question «a priori»: la géomatique, c’est simplement afficher
une carte sur l’ordinateur ?

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