L'Adn de…

Célia
SAPART 
Climatologue
et glaciologue

Propos recueillis par Nadine Sahabo • nadinesah@yahoo.fr

Gauthier Carnat

Climatologue,c’est une vocation que vous avez depuis tout petite ?

Dès mon plus jeune âge, j’étais passionnée par l’océan et par les paysages de glace et c’est en découvrant Le monde du silence du Commandant Cousteau que ma vocation est née. Mon rêve d’enfant était de devenir océanographe et avec les années, je me suis spécialisée dans les problématiques liées au climat et aux régions polaires. 

La climatologie est une science très vaste qui comprend de la géographie, de la physique, de la chimie, de la biologie et des mathématiques, donc il n’y a pas une façon de devenir climatologue, mais plusieurs. Il faut avoir de bonnes bases scientifiques générales et se spécialiser au niveau du master, soit en climatologie, soit en sciences de l’environnement, en océanographie ou en météorologie par exemple.

Comment
devient-on climatologue ?

Après 12 ans de recherches scientifiques à plein temps, vous avez décidé de vous engager comme experte climat dans différentes organisations, tout en gardant un pied dans le monde académique. Mais quelle est votre journée type ?

Dans mon travail de chercheuse, je passe mon temps à travailler sur des données, dans un laboratoire et parfois sur le terrain. J’écris des articles et j’enseigne aussi. Et dans mon travail d’experte climat, je passe beaucoup de temps à lire, à écrire et à réfléchir aux solutions pour limiter les changements climatiques, afin de communiquer mes résultats et autres messages vers le grand public, les jeunes, les médias et les politiques. L’objectif de mes recherches est de mieux comprendre les émissions des gaz à effet de serre provenant des régions polaires recouvertes de glace, comme la banquise et les permafrosts, afin d’améliorer les prédictions climatiques. J’étudie aussi l’évolution passée des concentrations atmosphériques de ces gaz piégés dans les calottes glaciaires. Mes recherches m’ont permis de participer à plusieurs longues missions en Arctique et en Antarctique. Passionnée de longue date par la vulgarisation scientifique, je mets aussi un point d’honneur à enseigner les changements climatiques et à partager mes expériences polaires avec le plus grand nombre. Je viens d’ailleurs d’écrire un livre pour enfants associé à un projet pédagogique sur ce sujet, il s’intitule Sol au Pôle Nord (https://solaupolenord.org/).

La science est pour moi un outil pour comprendre les choses du quotidien et l’environnement dans lequel nous vivons. Le premier phénomène scientifique qui m’a longuement fascinée, c’est l’existence des marées. J’aimais passer du temps sur la plage pour chronométrer leur va et vient.

Quels sont vos rapports avec la science ? Quels sont vos premiers souvenirs
«scientifiques» ?

Quelle est la plus grande difficulté rencontrée dans l’exercice de votre métier ?

Aujourd’hui, dans le milieu de la recherche scientifique, c’est le manque de reconnaissance, de financement et l’incertitude constante sur l’évolution de nos carrières qui sont les plus difficiles à supporter. Il ne suffit plus de travailler d’arrache-pied et d’avoir un excellent dossier, il faut avant tout avoir de la chance, donc on a souvent l’impression de jouer nos carrières au lotto.

Je pourrais dire que c’est d’avoir publié mes résultats dans le journal Nature, mais avec du recul, je pense que la réussite ne se mesure pas en gagnant des prix ni en publiant des articles. Ma plus grande réussite, c’est d’avoir fait de ma passion mon métier, d’être capable de partager cet élan notamment avec les jeunes et d’avoir vécu mon rêve d’enfant en naviguant à travers le monde. 

Quelle est votre plus grande réussite professionnelle jusqu’à ce jour ?

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui aurait envie de suivre vos traces ?

Donne-toi les moyens de tes ambitions et ne laisse rien ni personne te freiner dans ton élan. 

Célia SAPART

37 ans

Situation familiale

En couple, 1 enfant

Profession

Experte Climat et Communication Externe, CO2 Value Europe, Climatologue et glaciologue, Université Libre de Bruxelles


Formation 

Doctorat en climatologie et glaciologie, Institut des Sciences Marines et Atmosphériques d’Utrecht (IMAU), Pays-Bas. Master sur les Changements Climatiques, University of East Anglia, Royaume Uni. Master en Sciences de l’Environnement et Océanographie, Université de Bordeaux, France et University of Alaska Fairbanks, États-Unis

Mail : csapart@ulb.ac.be

Je vous offre une seconde vie pour un second métier…

Chef d’orchestre. J’ai toujours dû jongler entre mes passions: celle pour la musique et celle pour la science. Si j’avais une deuxième vie, je rêverais de voyager à travers le monde, mais cette fois-ci pour diriger les plus grands chœurs et orchestres.

La téléportation, car cela fait 18 ans que je suis «expat» et ayant vécu dans 6 pays différents, je vis beaucoup d’amitiés à distance. Je souhaiterais pouvoir me téléporter pour ne plus manquer les anniversaires et autres moments importants de la vie de mes proches. 

Je vous offre un super pouvoir…

Je vous offre un auditoire…

J’ai la chance d’avoir pu donner de nombreux cours et conférences devant des auditoires variés, donc ce n’est pas tant un auditoire spécifique que je souhaiterais me voir offrir, mais plutôt les moyens d’organiser un sommet universel sur le climat. Celui-ci serait axé sur les solutions pour lutter contre les changements climatiques et viserait les citoyens de notre planète au sens large.

Ce serait pour créer un système de grande ampleur pour absorber le méthane (le second gaz à effet de serre anthropique majeur après le dioxyde de carbone) dans les zones marécageuses en Arctique et dans les régions tropicales.

Je vous offre un laboratoire…

Je vous transforme en un objet du 21e siècle…

Un bateau solaire pour continuer à découvrir le monde tout en limitant mon impact sur l’environnement.

Je l’échangerais contre un billet de train et je partirais prendre un bon bol d’air frais dans les montagnes de ma Suisse natale.

Je vous offre un billet d’avion…

Je vous offre un face à face avec une grande personnalité du monde…

Je ne suis pas fascinée par les grandes personnalités, mais plutôt par les grandes actions. J’aurais beaucoup aimé rencontrer Mère Théresa pour échanger avec elle et apprendre de sa philosophie de vie.

Les projections climatiques montrent effectivement que si aucun n’effort n’est fait pour diminuer drastiquement et urgemment les émissions de gaz à effet de serre, la vie sur Terre va devenir extrêmement difficile dans les décennies et siècles à venir. Néanmoins, les données révèlent aussi clairement qu’il est encore temps de limiter les dégâts, mais ce temps est compté. L’avenir du monde est donc dans les mains de chacun !

La question «a priori»: un.e. climatologue a forcément une vision apocalyptique de
l’avenir du monde ?

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