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Quoi de neuf dans l’espace ?

Théo PIRARD  • theopirard@yahoo.fr

ESA

Mars, alias la Planète Rouge, va marquer ce début de nouvelle décennie. Quatre missions sont prévues qui prendront leur envol durant l’été 2020. Entre février et avril 2021, au terme d’un voyage interplanétaire de 9 mois, des engins se placeront autour de la planète ou se poseront sur son sol. Il s’agira de tirer au mieux parti de cette fenêtre de lancement vers Mars, qui se reproduit tous les 26 mois terrestres. Une nouvelle moisson d’informations scientifiques nous fera connaître davantage notre voisine et son environnement. En vue d’une colonisation à plus ou moins long terme ?

En mars 2021, la sonde russo-européenne ExoMars 2020 doit avoir déposé le rover européen Rosalind Franklin pour une étude en profondeur de la surface martienne

 

Quels grands acteurs pour cette prochaine étape de l’exploration martienne ?

Quatre agences spatiales ont préparé des sondes et rovers dans le cadre de missions à caractère international:

– La NASA (National Aeronautics & Space Administration), qui a réussi à mettre en œuvre le plus grand nombre d’explorateurs martiens, lancera le Mars 2020 pour déposer une version améliorée du rover Curiosity. Avec ses 6 roues motrices, cet automate électrique de la taille d’une voiture évolue depuis août 2012 sur le sol martien et y a parcouru près de 22 km. Le prochain rover américain sera équipé d’un drone pour un survol du paysage; il pourra analyser et stocker des échantillons de la Planète Rouge.

– La CNSA (China National Space Administration) utilisera le puissant lanceur Longue Marche 5 pour sa première opération martienne, baptisée HX-1 (Huoxing-1). Il s’agira de satelliser un observatoire de 3 t, puis de déposer au printemps 2021 un petit explorateur mobile, dérivé des microrovers Yutu lunaires.

– L’ESA (European Space Agency) et Roscosmos (agence russe de l’espace) coopèrent pour l’ambitieuse mission ExoMars 2020, dont la maîtrise d’œuvre industrielle a été confiée à Thales Alenia Space. Son lancement, depuis le cosmodrome de Baïkonour, se fera avec une fusée Proton.  La plateforme Kazachok, que l’on doit à l’entreprise moscovite Lavotchkin, est équipée d’instruments scientifiques et supporte le rover européen Rosalind Franklin. Avec ce premier automate d’exploration martienne, l’Europe entend contribuer à la détection de traces d’évolution d’une vie, notamment en forant le sol jusqu’à 2 m.

– pour envoyer sa sonde Al-Amalespoir») vers la Planète Rouge, l’UAE Space Agency des Émirats fera appel au lanceur japonais H-IIA sa sonde. Cette mission en orbite martienne est réalisée par le Mrbsc (Mohammed bin Rashid Space Centre) avec la coopération d’universités américaines pour l’étude de l’atmosphère et du climat.

 

Y aura-t-il une expérience «made in Belgium» à bord d’Exomars 2020 ?

L’instrument LaRa (Lander Radioscience) fait appel à un boîtier électronique sur la plateforme qui doit se poser à la surface martienne. Réalisée par la société Antwerp Space à Hoboken, l’expérience de géophysique est l’œuvre conjointe de l’Observatoire royal de Belgique et de l’Université catholique de Louvain. Grâce à l’analyse des signaux qu’il renverra vers la Terre, on doit en savoir plus sur la structure interne de Mars, afin de reconstituer l’histoire de son noyau. 

 

A-t-on déjà défini la suite de l’exploration de Mars durant les années 2020 ?

À la fin de la décennie, on compte bien ramener des échantillons du sol martien avec l’ambitieuse mission Msr (Mars Sample Return). Vu les défis technologiques et le coût des opérations, il est question qu’elle soit réalisée dans le cadre d’une coopération internationale entre les États-Unis, l’Europe, la Russie, la Chine… L’entreprise privée sera-t-elle en mesure de faire mieux ? En tout cas, Elon Musk, qui ne manque pas d’audace avec SpaceX (Space Exploration Technologies), envisage, dès 2025, d’y implanter les premiers éléments de colonie martienne au moyen de son puissant lanceur Starship. Un prototype de cette fusée réutilisable doit être testé au centre d’essais de Boca Chica (Texas) dans les mois à venir.  

Voici le rover européen Rosalind Franklin complètement intégré pour de nouveaux tests.  (Photo: Max Alexander Airbus) 

La PanCam montée sur le mât du rover européen.
(Photo: Airbus)

Mais encore…

Budget record pour l’Agence spatiale européenne

Le Conseil ESA au niveau ministériel, qui s’est tenu à Séville les 27 et 28 novembre 2019, a adopté un ambitieux plan d’activités Space19+ jusqu’en 2025. Plus de 14,5 milliards d’euros vont être financés par les 22 États membres de l’ESA pour les programmes suivants: l’observation de la Terre avec la surveillance de l’environnement (grâce aux satellites Earth Explorer et Sentinel/Copernicus),  l’accès autonome à l’espace avec Ariane 6, Vega C et démonstrateurs, la participation européenne à l’Iss (International Space Station) et au retour des Américains sur la Lune, le soutien à l’innovation avec de nouvelles missions scientifiques et technologiques, la coopération avec la Commission européenne pour les systèmes Copernicus (télédétection) et Galileo (navigation). De son côté, l’Union européenne est en train de revoir à la baisse la part de son budget pour l’espace: 12,7 au lieu des 16,9 milliards d’euros annoncés dans son cadre financier pluriannuel 2021-2027.

La Belgique a décidé de participer à l’effort de l’ESA pour un total de 816 millions d’euros. Elle va notamment développer les moyens primordiaux de cybersécurité spatiale à l’ESEC (European Space Security & Education Centre) de Redu (commune de Libin). 

Petit satellite «made in Belgium» pour l’étude des composants atmosphériques

Il s’appelle Altius (Atmospheric Limb Tracker for Investigation of the upcoming Stratosphere). Cette mission de l’ESA a été initiée par l’Iasb (Institut d’Aéronomie Spatiale de Belgique), responsable du concept de l’instrument et du traitement des données. Sa réalisation est financée à 94% par l’État belge.

Le contrat pour cet observatoire environnemental de 270 kg, qui doit être lancé en 2023, a été signé avec Qinetiq Space. Cette entreprise anversoise a déjà fourni à l’ESA les 3 micro-satellites Proba qui sont sur orbite. Elle vient de se doter d’une nouvelle infrastructure (salles propres, moyens d’intégration et d’essais) pour produire des satellites performants de petite taille (bus P200). Spacebel (Liège) et Deltatec (Ans) se trouvent associés au développement d’Altius. Le Centre Spatial de Liège sera chargé des tests et de la calibration.  

Nouveaux satellites géostationnaires avec des équipements belges

Alors que les constructeurs de satellites géostationnaires de télécommunications et de télévision peinent à décrocher des contrats, Thales Alenia Space réussit à obtenir des commandes pour ses Spacebus-4000B et Spacebus-Neo. La société franco-italienne a terminé 2019 avec le contrat Nilesat 301 pour l’opérateur égyptien de télédiffusion par satellite. Elle a commencé l’année avec Amazonas Nexus pour le client espagnol Hispasat qui l’exploitera en Amérique Latine. Sa filiale belge basée à Charleroi réalisera des éléments clés de l’alimentation électrique de ces satellites à forte puissance. 

Vue d’ensemble de l’ESEC qui est implanté par l’ESA près du village ardennais de Redu

(Photo ESA) 

L’observatoire atmosphérique Altius utilisera une plate-forme améliorée Proba

(Doc. ESA)

L’opérateur Hispasat renforcera ses services en Amérique Latine grâce au puissant satellite
Amazonas Nexus

(Doc Thales Alenia Space)

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