Espace

Quoi de neuf dans l’espace ?

Théo PIRARD

Rocket Lab

L’attrait pour la dimension spatiale, avec ses multiples applications, donne lieu à une soudaine prolifération de petits satellites. D’après Euroconsult, plus d’un millier lancés durant les 10 premiers mois de 2020 ! Ils sont le plus souvent déployés pour former des constellations qui servent aux communications, à la télédétection, à la collecte en continu de données… 

Petits satellites de type Cubesat installés sur l’étage du lanceur Electron

  

Cette mode du «smallsat», très souvent sous la forme de la technologie Cubesat, fait se propager la technologie de micro-lanceurs, par dizaines, principalement aux États-Unis et en Chine. Sous l’impulsion d’initiatives privées, qui s’inspirent de la réussite de SpaceX, de dynamiques entrepreneurs entendent bien se faire une place dans le business du transport orbital. 

 
Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. Combien de micro-lanceurs sont vraiment sur le marché des satellites de moins de 100 kg ?

Aux États-Unis, une société fait la course en tête: c’est Rocket Lab avec sa fusée Electron à 2 étages, qui est lancée à partir de la côte de Mahia en Nouvelle-Zélande. Du 21 janvier 2018 au 1er novembre 2020, seulement 13 Electron ont volé avec succès pour placer sur orbite 65 nano- et micro-satellites. Dans les mois à venir, 3 autres exploitants de micro-lanceurs, avec des propulseurs à liquide auto-conçus et testés, doivent démontrer leur efficacité en réussissant une première satellisation: Virgin Galactic avec la fusée aéroportée Launcher OneFirefly Aerospace avec Alpha, Relativity Space avec Terran-1. Ils prévoient de concrétiser leurs ambitions durant 2021.

De leur côté, les autorités chinoises encouragent depuis 2014 le développement de compagnies privées pour le déploiement de satellites sur orbite. Tirant parti de l’expertise technologique de la puissante CASC (China Aerospace
Science & technology Corp
), une dizaine de firmes proposent des systèmes commerciaux de lancement, pour lesquels des étages réutilisables sont en préparation. À ce jour, 3 ont réussi à lancer des satellites grâce à des propulseurs à poudre – surplus de l’arsenal militaire – mais on a peu d’informations sur leur business potentiel pour des lanceurs plus performants: i-Space avec la fusée Hyperbola-1 (succès orbital le 25 juillet 2019), China Rocket Co. avec Smart Dragon-1 (17 août 2019) et Galactic Energy avec Ceres-1 (7 novembre 2020). 

 
Des projets sont-ils en train de prendre forme en Europe ?

Arianespace, le transporteur européen de satellites grâce à des lanceurs développés par l’industrie européenne, travaille sur plusieurs projets grâce à un financement de l’Esa (European Space Agency): Ariane 5 (qui sera remplacée par Ariane 6 en 2022) ainsi que Vega, tous 2 destinés aux micro-satellites, prennent leur envol depuis le Centre Spatial Guyanais à Kourou. Des initiatives pour de petits lanceurs, confrontées à la crise sanitaire, s’efforcent de prendre forme en Allemagne (Rocket Factory Augsburg, Isar Aerospace, HyImpulse), en Espagne (Pld Space/Miura) ou au Royaume-Uni (Skyrora). Pour mettre en œuvre ces micro-lanceurs, il est question d’aménager des sites de lancements en Suède (Kiruna), en Norvège (Andoya), au Royaume-Uni/Écosse (Shetland) et/ou au Portugal (Açores). 

 
Qu’en est-il des risques de pollution autour de la Terre ?

Le déploiement d’un nombre croissant de satellites miniaturisés gagne du terrain sur l’ensemble du globe grâce aux progrès de l’électronique, avec l’usage de composants «sur étagère». Leur déploiement sur des orbites précises peut-il justifier l’actuelle multiplication de micro-lanceurs dans le monde ? On doit craindre une sérieuse pollution des abords de la planète. À chaque lancement, l’étage supérieur se trouve satellisé. Un bel encombrement orbital en perspective. 

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