WALL'INNOVE TOUR

WALL’INNOVETOUR : arrêt sur EyeD
Pharma

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

jannoon028/Freepik + photomontage, © EYED PHARMA

 
Il était une fois…

La start-up EyeD Pharma a été créée en décembre 2012 à partir d’une recherche indépendante de l’Université de Liège. Elle est née de l’initiative du professeur Jean-Marie Rakic, chef du département d’ophtalmologie de l’ULiège, d’autres ophtalmologues et de quelques investisseurs privés. «Ils avaient une idée qu’ils souhaitaient voir développer et nous ont contactés, commence Mélanie Mestdagt, fondatrice et CEO d’EyeD Pharma. Il s’agissait de concevoir un implant oculaire aussi petit que précis à insérer dans l’œil en cas de glaucome.» Deuxième cause de cécité dans le monde, cette maladie provoque une diminution du champ de vision et est souvent associée à une élévation de la pression à l’intérieur de l’œil. Aujourd’hui, le traitement passe par l’administration de gouttes oculaires à vie. Les ophtalmologues avaient constaté que les patients avaient souvent du mal à suivre ce traitement. «Nous avons cherché une solution technique et une réponse technologique au besoin médical des ophtalmologues. Toutes les recherches ont lieu dans nos locaux

Lancée à 2, la start-up emploie aujourd’hui 64 personnes. «Au départ, il y avait juste une chercheuse en chimie des polymères et moi. Après 2016, on a commencé à grandir en engageant en moyenne 1 personne par mois.» Et ce n’est pas fini. «Une vingtaine d’engagements sont prévus en 2021. D’ici la fin de l’année, nous serons environ 80. Nous avons vraiment cette envie de croissance et de création d’emplois à long terme, pour la Région. Une valeur que nous avons la chance de partager avec notre conseil d’administration. Actuellement, les emplois créés ont servi à remplir l’ensemble des fonctions. Au départ, on externalisait davantage mais nous avons décidé de tout internaliser, même si nous faisons toujours appel à des experts internationaux. La partie production se développe également fortement du fait que nous produirons nous-mêmes les implants

En 2019, une société-sœur, UniD Manufacturing, a été créée, «qui va permettre de regrouper la production, pour nous, mais aussi pour d’autres sociétés grâce à notre know-how de micro-implants.» Si, actuellement, EyeD Pharma est installée dans la tour Giga à côté du CHU de Liège, ce n’est plus pour longtemps. Un bâtiment d’environ 6 500 m², en cours de construction dans le parc scientifique du Sart-Tilman, regroupera l’ensemble des activités administratives et de production. «C’est important pour nous de rester très proches des hôpitaux car nous travaillons énormément avec les cliniciens du CHU de Liège. Comme le développement de nos implants est très long, il est nécessaire que nous ayons des interactions fréquentes pour les tests et pour être sûrs que, quand il arrivera sur le marché, notre produit corresponde bien aux attentes des cliniciens.» Ce traitement, en cours de développement, a déjà attiré nombre d’investisseurs privés, dont des ophtalmologues, ainsi qu’un investisseur public, Noshaq, pour un peu moins de 10%. «Nous avons déjà levé 70 millions d’euros au total. Nous allons procéder à une nouvelle levée de fonds de 35 millions d’euros au cours de cette année. Nous avons des objectifs ambitieux à atteindre. Il faut que la croissance nous accompagne.»  

 

  

CARTE D’IDENTITÉ

CRÉATION : 2012

SIÈGE SOCIAL :
Quartier Hôpital,
 Avenue Hippocrate, 5,
4000 Liège

SECTEUR D’ACTIVITÉS:
dispositif médical, micro-implants oculaires

MEMBRES DE L’ÉQUIPE :
23

 

 

 

  

  

CONTACT : 
04 266 97 75

  
…l’envie d’innover

EyeD Pharma développe des micro-implants qui permettent de libérer un médicament de manière contrôlée. Pour le glaucome, Mélanie Mestdagt et son équipe ont développé 2 implants: le premier, le plus développé, libère un seul principe actif; le second en libère 2. Ces implants sont très petits avec un diamètre de section de 330 microns, dont le cœur contient le polymère et le principe actif. Il est entouré d’une membrane qui contrôle la diffusion. Il compte donc 3 couches: 2 couches de 100 microns et une couche de 130 microns environ. L’insertion sur le patient ­s‘effectue en 15 minutes en hôpital de jour, comme ­l’opération de la cataracte. «Nous avons voulu amener une nouvelle technique et ne pas perturber les habitudes opératoires du chirurgien. Il pourra ­effectuer les mêmes gestes que ceux qu’il fait pour une opération de la cataracte. Il ouvrira l’œil de la même façon, placera notre implant et le refermera.» Cet implant est intéressant à plus d’un titre: pour le glaucome, en remplaçant une médication contraignante par gouttes libérant 1 ou 2 ­principes actifs; mais aussi pour d’autres pathologies ailleurs dans le corps qui demandent la libération de 2 principes actifs. «Bien sûr, nous avons d’abord mis le focus sur le domaine ophtalmo­logique. Mais notre core business est de développer à terme d’autres micro-implants afin de pouvoir délivrer des médicaments dans d’autres petits endroits du corps et sur du long terme. Ce qui nous permettra de nous adresser à d’autres domaines pour différentes pathologies.» 

Actuellement, l’implant le plus avancé en est au stade des essais cliniques de phase 1. «Cela demande beaucoup de préparations en amont, au niveau des réglementations mais aussi en terme de production. Nous sommes en train de faire agréer notre unité de production en GMP (Good Manufacturing Practices), l’agrément pharma. Nous produisons déjà même si nous n’avons pas encore nos bâtiments. Nous louons actuellement des salles blanches au sein d’une société dans le parc industriel des Hauts-Sarts à Herstal, qui nous permet d’avoir notre production pharma indépendante pour produire tous nos lots cliniques, précliniques et de développement.» Les autres implants en développement sont encore au stade des prototypes et des études animales. «Dans notre société, le temps de développement est long parce que la durée d’action est très longue, nos implants libérant le traitement pendant 3 ans. Cela signifie que l’étude clinique de phase 3 doit durer 3 ans. On ne peut pas obtenir l’autorisation de mise sur le marché pour une durée inférieure à l’étude clinique.» Les implants, développés et produits par EyeD Pharma, devraient être mis sur le marché vers 2028.

  

  

QUI EST MELANIE MESTDAGT (CEO) ? 

À 42 ans, Mélanie Mestdagt affiche un beau parcours. Après une licence en sciences biomédicales en faculté de médecine à l’Université de Liège, suivie d’un doctorat, elle suit une formation en finances afin de maîtriser les 2 aspects nécessaires à un dirigeant d’entreprise technologique. Car tel était son objectif de carrière. «J’ai effectué ma thèse de doctorat en cancérologie pour comprendre ce qui différencie une métastase d’une cellule primaire et essayer de bloquer la formation de ces métastases. Mais dans le laboratoire dans lequel je travaillais, il y avait une branche de recherche déjà axée sur l’ophtalmologie, menée par le professeur Jean-Marie Rakic. C’est ainsi que nous nous sommes rencontrés.» Elle termine sa thèse de doctorat en 2007 et est engagée au département finances de Mithra (entreprise dédiée à la santé féminine), où elle restera 5 ans. Au bout d’un moment, elle passe à mi-temps afin de disposer de temps pour créer EyeD Pharma. «Peu après ma thèse de doctorat, les ophtalmologues nous ont fait cette demande pour un implant oculaire. J’ai quitté Mithra quand EyeD Pharma a pris un peu d’ampleur.»

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