Lucie CAUWE · lucie.cauwe@gmail.com

Konstantin Yuganov – stock.adobe.com

À lire avec nos enfants

Au jardin

«Entre mes branches», textes et illustrations de Nicolas Michel, La joie de lire, 64 p., 16,90 euros

C’est un narrateur inhabituel qui s’exprime dans ce magnifique album en noir et blanc finement illustré et au texte imprimé en rouge sur papier crème: un arbre. Pour connaître son espèce, il suffit de regarder les pages de garde. «C’est une histoire qui commence mal. Elle a duré 457 ans, ce qui peut paraître bien long, mais dans ma famille, les plus anciens dépassent aisément les mille saisons. Je ne vais pas me plaindre, j’ai bien vécu.» Un long flash-back va prendre place après ce texte d’introduction. De la naissance périlleuse de la jeune pousse à la fin inattendue sous les dents d’une scie, en passant par une vie d’arbre majestueux dont les branches protègent, abritent, nourrissent, qui est parfois menacé ou blessé, a des petits. Expressifs, les dessins font subtilement comprendre les interactions entre l’arbre et les animaux, une harmonie à laquelle les humains ne participent pas toujours. Puisse la voix mystérieuse de cet arbre nous apprendre à mieux considérer la nature.

À partir de 6 ans.

Au jardin

«Le petit peuple des arbres», textes d’Owen Churcher, illustrations de Niamh Sharkey, traduction de l’anglais par Frédérique Fraisse, Glénat Jeunesse, 40 p. à volets, 15,90 euros

Il existe un monde peuplé de géants magnifiques et de créatures parfois si petites qu’elles pourraient passer par le chas d’une aiguille, nous disent les auteurs de ce documentaire animé qui choisit le ton du merveilleux. Si les géants sont des arbres, les créatures sont des lutins et chacun d’entre eux est chargé d’une mission au sein de son végétal. Au fil des pages, on va découvrir diverses espèces d’arbres, le sakura (cerisier du Japon), le houx, le kapokier, le chêne, le baobab, le kauri, le gommier rouge, les séquoias, le pipal, le pin de Huangshan, le châtaignier mais aussi ce à quoi leur servent les lutins au fil des saisons, leur langage, leur rôle dans la ville. Une approche ludique qui distille toutefois de nombreuses informations scientifiques.

À partir de 6 ans.

Au jardin

«12 sachets de graines pour cultiver des légumes insolites» et «12 sachets de graines pour jardiner en permaculture», textes de Serge Schall, illustrations d’Anaïs Sanchez, Plume de carotte, 40 p., 19,50 euros

Cette nouvelle collection aborde les thèmes classiques du jardinage de façon pratique et ludique. Chaque ouvrage broché est accompagné de 12 sachets de graines qui permettent au lecteur de devenir jardinier, qu’il ait un petit lopin de terre en ville ou qu’il vive à la campagne; un coin de balcon peut convenir, mais pas pour toutes les semences. Le premier rappelle utilement qu’il existe d’autres légumes que les carottes orange et les betteraves rouges. Il s’ouvre sur une petite histoire des légumes, dont les anciens, et offre un manuel du parfait semeur et du cultivateur averti avant de donner les portraits des légumes des 12 sachets dont l’épinard monstrueux de Viroflay déjà répertorié en 1880. Le second ouvrage explique les bases de la permaculture, discipline née dans les années 1970 en réponse à la brutalité de l’agriculture intensive. Culture en butte, célébration de l’humus et des déchets posés à même le sol du jardin, paillage et plantations serrées sont abordées. Suivent les 12 portraits dont un très tentant fraisier des bois mignonnette.

Pour tous.

À l’eau

«Lagon bleu», textes et illustrations de Philippe UG, Les Grandes Personnes, carrousel de 5 décors animés + 1 livret, 26,50 euros

Voilà un livre esthétiquement magnifique, élégant avec son dos toilé, pour s’émerveiller, et en même temps se documenter. Ingénieur papier de génie, sérigraphe virtuose et artiste inspiré, Philippe UG nous entraîne au fond des mers, à la découverte de la faune et de la flore marines. Il a réalisé un splendide carrousel composé de 5 décors en 3 strates de fonds marins tout en couleurs. Splendide et riche en informations. C’est au lecteur de les débusquer en les observant. Intitulé «Plonge et trouve», le livret qui l’accompagne propose toute une série de poissons à retrouver dans les décors d’algues et de coraux. Un univers peu connu qui émerveille par sa richesse et amuse par la consonance des noms proposés. Qui connaît le poisson-trompette, le poisson-demoiselle, le poisson-perroquet, le poisson-lion, le poisson-chirurgien, le poisson-coffre jaune ? Qui connaît les différentes sortes d’hippocampes représentés ici ? Qui connaît le nason, la colombine, le chétodon et d’autres encore ? Et ce n’est pas tout, une fois leurs caractéristiques étudiées, il faut encore les localiser dans les décors de toute beauté où ils sont parfois bien cachés.

Pour tous.

À l’eau

«Les petits mondes de l’eau», textes de Lily Murray, illustrations de Lara Hawthorne, traduction de l’anglais par Frédérique Fraisse, Éditions Quatre Fleuves, 18 p. cartonnées à volets, 15,90 euros

Le terme sérieux de «zones humides» évoque-t-il assez tous ces lieux où stagne de l’eau, salée ou douce, et où, forcément, vit une nature secrète et insolite ? Peut-être pas. Laissons-nous donc guider par ce livre qui dévoile des habitats aquatiques grouillant de vie. La célèbre flaque de marée bien entendu, ses crevettes et ses crabes, mais qui héberge aussi d’autres habitants moins connus. Les mangroves tropicales ensuite, autant remplies de poissons que les trous d’eau du désert ! Plus étonnantes, les piscines de la forêt tropicale, aquariums miniatures à la cime des arbres accueillant même de petits crabes. En tout, ce sont 8 lieux différents qui sont explorés dans ce documentaire coloré, dont les pages en carton solide sont découpées de 70 volets à soulever pour comprendre les interactions dans ces zones humides. Y sont chaque fois présentés habitants et habitats, prédateurs et décomposeurs, métamorphoses et autres merveilles de la nature.

À partir de 5 ans.

À l’eau

«Bienvenue, Castor !», textes et illustrations de Magnus Weightman, traduit du néerlandais (pas de nom de traducteur), La Martinière Jeunesse, 40 p., 14,90 euros

Premier album de l’auteur, architecte et dessinateur, ce titre réunit ses centres d’intérêt. On y fait un tour du monde illustré des constructions animalières en suivant Castor qui décide un beau matin d’explorer le monde. Sac au dos, il quitte le barrage familial à bord d’un radeau de fortune. Arrivé dans une grande ville, il s’inquiète: comment s’orienter sur l’eau ? Un chien qui parcourt le monde avec une montgolfière l’invite à bord. Les 2 compères voient désormais la Terre du ciel. De là, ils vont découvrir de nombreux habitats qui nous sont présentés en coupe, les tanières des phoques et ours polaires, le terrier du renard, les nids aériens des abeilles et du rat des moissons, le nid des cigognes et la butte de la termitière, le nid suspendu du tisserin, celui coloré du jardinier brun, le logis mobile du bernard-l’hermite, le labyrinthe des chiens de prairie… Chaque découverte est l’occasion d’un dialogue entre le castor et le chien qui permet d’observer les détails des fines illustrations. L’aventure s’achève dans le terrier du castor, protégé par le barrage sur la rivière. L’album se termine par un judicieux planisphère permettant de situer le parcours des explorateurs et les habitats des animaux qu’ils ont croisés.

À partir de 5 ans.

Allô la Terre

«La Terre est mon amie», textes de Maïa Brami, illustrations de Karin Daisay, Saltimbanque éditions, 92 p., 15,90 euros

Ce magnifique et épais grand format est né pendant le confinement lié à la pandémie. L’auteure et l’illustratrice ont alors décidé de récolter partout dans le monde des initiatives inspirantes. De pays en pays, on rencontre des petits et des grands qui vivent en accord avec la nature, qui donnent de l’espoir, qui montrent un chemin qu’il suffit de suivre. Conçu en paires de doubles pages à la mise en page très structurée, l’album présente 20 enfants qui racontent comment ils protègent la Terre. Narration et documentation se mêlent dans ces textes attachants, portés par des illustrations de toute beauté. On parcourt le monde pour sauver les tigres comme Yâlhini en Inde, reformer des dunes de sable aux Bahamas avec Andria, fabriquer des vélos en bambou – et plein d’autres choses – comme Akoua au Ghana, pour utiliser et réutiliser chaque goutte d’eau avec Azul au Maroc. Plus près de nous, Clara plante des arbres dans les rues de Lisbonne, Enzo prône le tri sélectif et la récupération des restes de repas dans son école à Milan, Emily part à la pêche aux déchets sur les canaux d’Amsterdam… Une merveille d’album à découvrir et mettre en pratique.

Pour tous à partir de 6 ans.

Allô la Terre

«L’écologie tout terrain», textes et illustrations de Damien Laverdunt et Hélène Tajcak, Milan, 120 p., 19,90 euros

L’écologie, sûr qu’on y adhère mais sans savoir toujours comment la mettre en pratique. Du coup, les bonnes idées restent à l’état de projet. Bien utile donc ce documentaire qui aborde l’écologie de façon concrète. Six thématiques sont définies: nature, transports, habitat, déchets, alimentation, entraide. Chaque sous-chapitre s’ouvre sur une carte sur double page (15 en tout) proposant des initiatives éco-citoyennes en rapport (175 au total). Elles sont numérotées pour pouvoir être repérées et pour se compléter les unes les autres, des tags en papier en quelque sorte. Agréablement illustré, le livre a l’air un peu dense vu de loin. Mais il suffit d’y plonger pour y naviguer aisément. C’est une mine d’idées et de mises en pratique, complétées de liens internet. Exemple: l’entrée «Territoire et dépollution» réunit 10 idées, le «Trash Tag challenge», annuel dans plus de 180 pays, le chantier nature et nettoyage, le «plogging» du dimanche (jogging + collecte de déchets), le vélo-benne des rivières, le bateau mangeur de plastique, la journée inventaire des déchets, le «stop décharges sauvages», le niveau de pollution de l’air, l’extinction nocturne des lumières inutiles et les zones calmes sans pollution sonore. Tout le livre regorge d’idées à petite ou grande échelle, à mettre facilement en pratique.

À partir de 10 ans.

Allô la Terre

«Mangeons bien, mangeons malin !», d’Olga Woldanska-Plocinska, traduit du polonais par Nathalie le Marchand, Casterman, 80 p., 15,95 euros

Dans l’Antiquité, Hippocrate recommandait déjà que «l’alimentation soit ta première médecine». Pauvre médecin grec qui se serait sûrement évanoui devant le contenu actuel de nos assiettes. Des aliments qui sont souvent mauvais pour notre santé, gras, sel, sucre en excès, mais qui le sont aussi pour la planète, car venus de trop loin, mal produits et terriblement transformés. Les réactions commencent toutefois à se faire jour et cet album original et complet viendra bien à point. Après un  parcours historique de l’alimentation (préhistoire, Antiquité, rythme des repas, apparition des couverts, religions, etc.), l’auteure-illustratrice aborde des sujets originaux comme le raffinage des produits, la cuisine de guerre, les nutriments, la consommation de viande, les étiquettes qu’on ne lit pas, les monocultures, la culture responsable, les colorants, la faim dans le monde… Restauration rapide et mouvement slow food, huile de palme et tofu, lactofermentation et bonnes bactéries, il y en a pour tous les appétits. Sans oublier la pomme, le chocolat et les herbes sauvages. Chaque sujet est traité sur une double page dans un texte informatif, piqué d’humour, et des illustrations très réussies. De quoi réfléchir à fond sur ce qu’on mange.

Pour tous à partir de 7 ans.

Et l’homme?

«Un livre génial sur mon incroyable cerveau», textes de Tim Kennington, illustrations de Josy Bloggs et Liz Kay, traduction de l’anglais par Léa Samain-Raimbault, La Martinière Jeunesse, 96 p., 9,90 euros et «Heureux hasards, les plus grandes inventions faites par erreur», textes de Soledad Romero Marino, illustrations de Montse Galbany, traduction de l’espagnol par Sylvie Lucas, Milan, 48 p., 14,90 euros 

Deux ouvrages illustrés qui se complètent, le premier, en format de poche, proposant la théorie et le second, un album, son application pratique. C’est vrai que notre cerveau est incroyable ! Il se dévoile ici, taille, vie, se partage entre ses différents lobes et leurs fonctions, explique le rôle des neurones, se compare aux cerveaux des animaux ainsi qu’aux ordinateurs et dit un mot des neurosciences. Plein d’infos sur un ton amusant et des expériences insolites. L’album est une chronique illustrée d’erreurs historiques ou d’événements malchanceux qui ont donné lieu à de surprenantes découvertes, parce qu’un cerveau a su voir au-delà de l’échec initial et le transformer. Ont été ainsi découverts notamment la gomme, la pile, la teinture artificielle, les rayons X, le Big Bang… De quoi reconsidérer la notion de l’erreur.

À partir de 8 ans.

Et l’homme?

«Comment fait-on les bébés ?», textes et illustrations d’Anna Fiske, traduction du norvégien par Aude Pasquier, La joie de lire, 80 p., 15,90 euros

Si peu d’enfants sont aujourd’hui totalement ignorants de la façon dont on fait les bébés, ils n’ont pas toujours à leur disposition toutes les informations qu’ils pourraient souhaiter. Ce documentaire joyeusement dessiné va tout leur dire. À commencer par le fait que «tout le monde a été un bébé un jour». Le texte précise tout de suite que «quand on veut faire un bébé, tout commence par de l’amour», sachant bien entendu qu’il existe différentes manières d’aimer. Ce que montrent gaiement les dessins. Pas de tabou ni dans le texte ni dans les images pour représenter clairement l’acte sexuel, l’appareil reproducteur, la fécondation, le développement de l’embryon puis du fœtus, du point de vue du bébé et de celui de la maman, et bien entendu la naissance. Les corps apparaissent tels qu’ils sont et les choix de vie et d’union des hommes et des femmes aussi. Un livre instructif et respectueux.

À partir de 6 ans.

Et l’homme?

«Bienvenue au pays des dents», textes de Wu Hongbin, illustrations de Jam Dong, traduction de l’anglais par Emmanuelle Pingault, Milan, 16 p. cartonnées animées, 13,90 euros

En sept doubles pages animées, ce documentaire humoristique prône une bonne hygiène dentaire. De l’adieu aux dents de lait au jour de fête qu’est la visite du musée des dents, en passant par la description des dents, leur utilité, leur nettoyage, leur protection, leurs soins. Une approche ludique qui séduira les enfants car les personnages sont tous de petites dents anthropomorphisées. Les nombreux volets à soulever dévoilent des informations variées et pertinentes.

À partir de 5 ans.

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