Thierry VANDEN EYNDE 
Scaphandrier

Oui, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire de la plongée. Ayant voyagé un peu avec mes parents à travers l’Afrique: l’Arabie Saoudite, l’Algérie et le Cameroun, j’ai découvert le milieu marin à l’âge de 12 ans, en Arabie Saoudite. Chaque vendredi, nous allions le long des côtes de la mer Rouge. En rentrant en Belgique, il a fallu attendre encore quelques années pour pouvoir simplement faire de la plongée sportive et ensuite le hasard de la vie a fait que très vite, je me suis ennuyé dans la plongée. Il y a 25 ans, on ne faisait que de la simple plongée à l’air, avec une limitation de profondeur pour l’expérience. Aujourd’hui, c’est différent, il y a beaucoup d’exercices et de spécialisations. Suite à un week-end dit «de plongée technique professionnelle», j’ai eu comme une révélation et je me suis dirigé vers le métier de scaphandrier. Après les renseignements sur la formation, j’ai trouvé une école à Dinant. À l’époque, la formation avait lieu tous les samedis durant 2 ans, aujourd’hui, ce n’est plus qu’un an. 

Pour être scaphandrier en Belgique, il y a l’IFAPME de Dinant où divers métiers sont en apprentissage, notamment la section plongée professionnelle. La formation dure un an, de septembre à mi-juin avec 5 semaines de stage au mois de mai. Il y a une trentaine de journées de cours le samedi. Quant aux prérequis, il faut avoir son 1^er brevet de plongée, quelle que soit la fédération et 06h30 de plongée en milieu naturel. Il faut également avoir son diplôme de secondaire inférieur ou équivalent et avoir 18 ans accompli. Enfin, il y a le minerval de 2 100 euros.

En tant que chef d’entreprise, j’ai 2 journées-type. La première se passe au bureau, à rédiger des rapports, à faire des offres, et à prendre contact avec les clients ou les fournisseurs. La seconde, qui est la journée typique d’un scaphandrier, commence la veille. Avant de se rendre sur le chantier, il faut vérifier que tout le matériel de plongée soit en ordre, que les bouteilles soient gonflées, vérifier que la batterie du téléphone soit chargée, etc. Ensuite, il faut se déplacer à l’adresse du client, prendre contact avec lui, s’assurer de la procédure du travail à faire avec toute la sécurité exigée, des consignations quand elles ont lieu, arrêter des pompes, empêcher les bateaux de manœuvrer, bloquer les installations de l’écluse. Ensuite, c’est la plongée, entre 2 et 3 heures par jour maximum. L’équipe est constituée de 3 hommes: un plongeur et 2 autres qui restent en surface pour l’aider et veiller à sa sécurité. Après le travail, retour au dépôt, il faut regonfler les bouteilles, remettre tout le matériel en l’état pour refaire la plongée le lendemain, et ce toute l’année, quelles que soient les conditions climatiques. 

Dans mon métier, il m’est déjà arrivé d’aller en plongée prendre des échantillons pour des fins d’analyse. J’ai par exemple installé en mer une vitre à travers un fond sableux pour qu’un scientifique puisse faire les analyses du sous sol. Étant donné que nous travaillons dans un milieu qui n’est pas le nôtre, il y a des connaissances à acquérir et qui sont applicables tous les jours car plonger dans une petite profondeur, comme la baignoire par exemple, et plonger dans une profondeur de 40 m ou au-delà, ce n’est pas le même type de plongée. Il y a toute une série de paramètres, de calculs qui doivent être pris en compte telle la consommation des gaz respirables, la toxicité des gaz, le temps de plongée et des paliers éventuels, l’organisation du travail… Tout cela exige une science exacte.

Étant un grand passionné de la plongée, je n’ai pas de difficultés dans l’exercice de mon métier, sauf peut être le physique qui avec l’âge, est mis à rude épreuve notamment la capacité de récupération qui n’est plus la même que pour un jeune de 30 ans. En outre, la forte exigence quant au respect des règles et une certaine discipline à acquérir, peut paraître pénible pour les débutants.  

Ma plus grande réussite est celle de faire un métier qui me passionne et de pouvoir transmettre mes connaissances. Je forme au métier de scaphandrier depuis 1998 et j’ai repris toute la formation depuis 2004. 

Il faut être sérieux, courageux et remonter ses manches. Il faut avoir une culture de la sécurité, être curieux et entreprenant, faire de tout, rencontrer énormément de gens, apprendre les langues, ce qui permet de voyager beaucoup plus loin. 

Si aujourd’hui je devais changer de métier, voire recommencer ma vie, ce serait peut-être dans le monde médical. Être secouriste, infirmier urgentiste par exemple, cela me plairait. Depuis que j’ai été formé au secourisme et que je suis devenu instructeur, j’ai fait quelques interventions. Je suis beaucoup plus sensible à autrui. J’ai toujours envie d’aider les autres que ce soit le petit gamin qui tombe par terre ou l’adulte qui fait un accident grave. 

Pourquoi faire? (Rires). Je m’estime très chanceux de pouvoir faire un métier qui me passionne et si aujourd’hui j’avais un super pouvoir, ce serait peut-être le pouvoir de rajeunir, revenir à mes 20 ans, pour recommencer encore la plongée et ce métier.

Comme enseignant, j’ai fait quelques conférences liées à la plongée professionnelle. Lors des journées portes ouvertes, j’ai plaisir à présenter le métier de scaphandrier, à le faire connaître car il reste méconnu. Tout le monde sait ce qu’est un pompier, mais certaines personnes vous diront qu’un scaphandrier pêche du poisson, qu’il va chercher des cadavres ou des voitures… Or, le métier de scaphandrier est tellement plus varié. 

Dans un laboratoire, j’y ferais des tests pour étudier les phénomènes liés à la plongée. Il y a encore beaucoup d’inconnues à rechercher sur la physiologie de la plongée.

Je serais une paire de palmes pour visiter les fonds marins. Il y a encore tant de choses à découvrir et à revoir.

J’irais dans un pays où je pourrais plonger tranquillement. J’ai pris goût à la plongée souterraine, récemment en allant en Floride, j’y retournerais bien. Ou alors faire de la plongée sur épave à travers le monde, de la Méditerranée aux Philippines.

Dans la vie de tous les jours, il y a toujours des personnes qui vous impressionnent, mais de là à avoir un face à face… Je choisirais sans doute un des grands noms de la plongée pour qu’il me transmette toutes ses expériences. Maintenant, si je devais choisir une personnalité publique, un personnage politique, je dirais Barack Obama, pour le simple fait qu’il n’a pas de scandale à son actif, peu importe sa politique.

C’est une grande image de la plongée dans des eaux claires et de souder avec les tortues qui nous tournent autour. Mais en réalité, le métier de scaphandrier est très varié. Nous travaillons dans le domaine du génie civil, tout ce qui est construit par l’homme: les voies navigables, les barrages; toutes les structures au bord de l’eau: les ports, les quais et les entreprises qui utilisent de l’eau. Le métier de scaphandrier, ce n’est pas que de la plongée dans des eaux claires, nous travaillons aussi dans des milieux insalubres, des stations d’épuration de ville ou industrielles.