WALL'INNOVE TOUR

Arrêt sur ATB Therapeutics

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

jannoon028/Freepik + photomontage, ©ATB Therapeutics

Il était une fois…

Une très bonne idée qui a donné naissance à ATB Therapeutics. «Sur base de cette idée, nous sommes partis de zéro, commence Bertrand Magy, cofondateur et CEO d’ATB Therapeutics. Nous avons imaginé une nouvelle molécule pour la thérapie ciblée du cancer. Le concept est d’amener, de manière très spécifique, une molécule toxique pour les cellules cancéreuses, mais pas pour les cellules saines, vers une cellule cancéreuse sans endommager le tissu sain. Nous avons identifié sur le marché très porteur de la thérapie ciblée, certaines molécules pour lesquelles il était encore possible d’améliorer la fenêtre thérapeutique au bénéfice du patient. Nous avons décidé de développer les atbodies (antibody toxin bioengineered – anticorps liés à une toxine par bio-ingénierie) dans nos locaux.» Grâce à un financement d’amorçage de la Financière Spin-off luxembourgeoise, de la Fondation Fournier-Majoie, de Noshaq et de Luxembourg Development, les cofondateurs ont accès à du matériel de pointe pour se lancer. La société a déjà levé un total de 7 millions d’euros en fonds propres et subventions auprès du Service Public de Wallonie (Économie, Emploi, Recherche). «Nous bénéficions d’un réseau solide, diversifié et international d’administrateurs et de conseillers avec une vaste expérience dans le développement de produits et d’entreprises dans les domaines de l’immunologie et de l’oncologie, acquises dans des organisations mondiales de biotechnologie et de pharmacie telles que GSK, Galapagos, Sanofi, Eli Lilly, Selecta Biosciences et ImmunoGen», souligne Bertrand Magy. Actuellement, 20 personnes venues de Belgique, mais aussi de France et d’Allemagne, y travaillent, toutes réunies autour d’une même cause, la lutte contre le cancer. «Nous avons prouvé qu’il était possible de créer de la valeur en Région wallonne, en particulier à Marche-en-Famenne, à partir d’une idée. Nous avons démarré sans aucune donnée, aucun brevet. Vraiment de zéro, nous avons conçu une nouvelle molécule.»

  

CARTE D’IDENTITÉ

CRÉATION : 2018

SIÈGE SOCIAL :
Parc scientifique Novalis,
rue de la Science 8,
6900 Marche-en-Famenne

SECTEUR D’ACTIVITÉS:
Biotechnologie dans le domaine de l’oncologie

MEMBRES DE L’ÉQUIPE : 20

CONTACT : 084 84 02 49

 
…l’envie d’innover

La société biopharmaceutique ATB Therapeutics est pionnière dans la construction d’un pipeline d’anticorps-toxine bio-ingénieré. «L’atbody est un nouveau format thérapeutique qui ne peut être obtenu par les techniques classiques de production du secteur pharmaceutique (cellules mammaliennes ou bactériennes), mais uniquement avec notre technologie exclusive basée sur la production en plante.»

Les atbodies constituent une nouvelle thérapie à base d’anticorps conçue pour optimiser la fenêtre thérapeutique (différence entre la dose efficace et la dose toxique d’un médicament) par rapport aux approches précédentes dans le domaine, avec le potentiel de fournir des produits cliniquement supérieurs pour les hémopathies malignes et les tumeurs solides. Leur composition unique vise à générer une meilleure efficacité, une stabilité et une exposition ciblée supérieure. Grâce à son nouveau mécanisme d’action, l’atbody peut échapper aux principaux mécanismes de résistance des cellules cancéreuses. «Notre technologie brevetée est à la fois rapide et versatile, l’utilisation de la plante permet, en une seule étape de fabrication, de générer une nouvelle classe de thérapie ciblée, combinant un anticorps lié à une toxine, offrant une nouvelle ligne d’attaque contre le cancer. Cette technologie innovante permet des délais de développement plus courts, ce qui augmente la vitesse d’accès aux essais cliniques.»

Cette molécule est produite à base de plantes directement semées sur site, au sein même des laboratoires. «Cette plante, un dérivé du plant de tabac (Nicotiana benthamiana), est un modèle très utilisé en production. Le procédé de production consiste à infecter une plante avec une bactérie ayant la capacité de transférer son matériel génétique à la plante. C’est ainsi que nous allons pouvoir produire nos molécules d’intérêt dans la plante. Une fois mise en contact avec la bactérie, on transfère la plante dans un environnement davantage contrôlé au niveau de la température et de l’humidité et on laisse la production se dérouler pendant environ une semaine.» Ensuite, les feuilles sont broyées afin d’en extraire les atbodies. «Notre technologie brevetée atbiofarm exploite le système d’expression en plantes constituant une méthode de production vraiment distincte, simplifiant la production d’anticorps armés avec une toxine en une seule étape par rapport aux techniques complexes et onéreuses utilisées sur le marché. Cette technologie contribue à la génération de nos nouveaux atbodies, en donnant l’accès à des toxines qui ont un mode d’action particulièrement intéressant pour les cellules cancéreuses, et qui ne sont pas productibles par les technologies classiques (systèmes d’expression de mammifères et de bactéries). Notre nouvelle classe d’atbodies a déjà montré de prometteuses données in vitro sur plusieurs indications avec des cibles multiples. Nous allons progresser dans le développement de nos atbodies et offrir de nouvelles options cliniques pour le traitement du cancer.»

Développer un atbody à base de plantes pour détruire les cellules cancéreuses est une première mondiale. L’objectif est de mettre en place une nouvelle classe de thérapie ciblée. «La molécule en développement est vraiment spécifique pour la lutte contre le cancer. Aujourd’hui, les thérapies classiques utilisées contre le cancer occasionnent beaucoup de dommages aux tissus sains et, dans certains cas, ne sont pas suffisamment actifs. On observe beaucoup de cas de résistances, des patients qui rechutent. La caractéristique ici est de cibler spécifiquement la cellule cancéreuse et de l’éliminer en préservant le tissu sain. On a pu montrer que ces molécules étaient hautement efficaces sur les cellules cancéreuses. On a pu aussi démontrer que ces molécules avaient peu de toxicité pour le tissu qu’on ne souhaite pas cibler.»

Chez ATB Therapeutics, on prépare évidemment la suite. «Les prochaines étapes sont les suivantes: nous devons maintenant démontrer que la molécule est apte à devenir un traitement contre le cancer. Dans les 3 années à venir, l’équipe va s’atteler à une caractérisation plus fine et à la démonstration de l’action de la molécule en vue d’en faire un traitement à l’avenir.» Pour l’instant, le développement en est encore à ses débuts. De nombreux tests cliniques devront également être effectués en amont de la mise sur le marché. «Les premiers essais se dérouleront en Europe (Belgique, France et Allemagne).» L’équipe en place espère que le traitement sera accepté et sur le marché d’ici 10 ans.

 
 
 

QUI EST BERTRAND MAGY, DIRECTEUR GENERAL ? 

Titulaire d’un doctorat en bio-ingénierie à l’UCLouvain et d’un master en management de la Louvain School of Management, Bertrand Magy a été chef de projet First Spin-off et chercheur postdoctoral à l’UCLouvain. À la suite de ce projet, 3 associés, dont Max Houry, spécialiste en biologie moléculaire, fondent ATB Therapeutics en 2018. «À trois, nous avons travaillé pendant un an pour démontrer que l’idée était possible à réaliser.» La société est dirigée par une équipe de direction possédant une compréhension approfondie de la technologie de bio-ingénierie des anticorps et des thérapies ciblées, des marchés cibles et dotée d’une vision unique et prometteuse. Bertrand Magy (Chief Executive Officer) supervise la direction générale et travaille en équipe avec le management, Max Houry, COO (Chief Operator Officer), et Philippe Vandeput, CBO (Chief Business Officer), pour implémenter la stratégie et la mise en œuvre de l’entreprise. Il dirige ATB Therapeutics depuis le concept initial jusqu’à son poste actuel, supervisant la collecte de fonds, la faisabilité technologique, le développement de produits, le processus et la constitution du conseil d’administration et du réseau de conseillers de la société. Il est également un expert du développement de la technologie de la plante.

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