WALL'INNOVE TOUR

Arrêt sur Coris
BioConcept

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

jannoon028/Freepik
+ photomontage, ©Coris BioConcept

Il était une fois…

En 1996, Thierry Leclipteux, docteur en biologie, fonde, avec quelques partenaires biologistes et investisseurs, la société Coris BioConcept. «Je me suis lancé dans un domaine que je connaissais bien, et sur la base d’un lot de réactifs conservés dans l’azote liquide que mon employeur précédent m’avait légué en clôturant l’activité, commence-t-il. Nous avons démarré très petitement, avec seulement quelques milliers d’euros. Les premières années, nous avons fonctionné sans nous rémunérer. Au début, l’entreprise était située chez moi, à la maison. La production était réalisée dans l’entreprise d’un ami à Liège. Le tout était conditionné dans la cuisine et mes enfants collaient les étiquettes !» La petite entreprise prend rapidement de l’ampleur. En 1997, elle sort son premier test sur le marché. Celui-ci permet de détecter le Rotavirus, un virus pouvant causer des gastroentérites graves, en particulier chez de jeunes enfants. En 2000, le premier employé est engagé et l’entreprise entame dans la foulée son développement à l’international. Cela marche si bien qu’elle est élue en 2002 lauréate du Grand Prix à l’exportation de l’Awex et Prix Wallonie à l’exportation en 2004. Pour pouvoir assurer son développement, la société déménage dans le parc scientifique Crealys à Gembloux.

Différents tests de détection de pathologies ont été mis au point. Coris BioConcept développe principalement des gammes de produits ciblées sur les pathogènes respiratoires, gastro-intestinaux et transmissibles par le sang (bactéries, virus et parasites), ainsi que des tests sérologiques.  «Les tests développés se basent sur la méthode de l’immunochromatographie, directement dérivée des tests de grossesse. Ils sont aussi simples et les résultats aussi rapides.» L’entreprise réalise également des tests sur mesure pour des clients belges et étrangers, comme la mise au point d’un test spécifique pour l’armée française et la société Exxon. La rapidité et la fiabilité de ces kits de diagnostic sont reconnues et la gamme de produits s’étoffe constamment, tout comme l’équipe de recherche et développement.  «Nous avons bénéficié des aides financières de la Région wallonne, de l’Awex et de programmes européens. C’est une manière de s’intégrer dans des réseaux avec d’autres entreprises et centres de recherche. Dans le cadre de certains projets européens, nous avons développé des produits avec lesquels nous ne ferions pas nécessairement de chiffre d’affaires, entre autres des kits de diagnostic pour les fièvres hémorragiques à destination de l’Afrique dont on savait qu’il n’y aura peu ou pas de retour financier. Évidemment, les technologies développées sont finalement utilisées pour d’autres produits.» L’exportation représente 80% de son chiffre d’affaires. Ses produits sont commercialisés dans plus de 50 pays.

Depuis juin 2023, la société fait partie du groupe anglais Avacta. Récemment, Cori a déménagé dans un nouveau bâtiment de 2 000 m² doté d’une zone de production en conditions GMP (Good Manufacturing Practices) et un laboratoire de R&D équipé d’une zone de confinement permettant la manipulation d’organismes pathogènes ou recombinants. Pour 2024, elle envisage une demande de certification à la FDA (Food and Drug Administration) américaine.
 
 

CARTE D’IDENTITÉ

CRÉATION : 1996

SIÈGE SOCIAL : Parc scientifique Crealys, rue Guillaume Fouquet, 11 5032 Gembloux

SECTEUR D’ACTIVITÉS:
Kits de diagnostic de détection de maladies infectieuses

MEMBRES DE L’ÉQUIPE : 33

CONTACT : 081 71 99 17

   info@corisbio.com

   www.corisbio.com

 
…l’envie d’innover

Le département R&D de l’entreprise ne cesse d’innover pour développer de nouvelles techniques. Il fait évoluer ses tests notamment dans le cadre de projets en partenariat avec le pôle de compétitivité Biowin et de financements R&D européens.

Pour ses tests prêts à l’emploi, Coris utilise l’immunochromatographie. Comment ça se passe ? «L’échantillon biologique est d’abord dilué dans un tampon de dilution fourni avant d’être déposé dans une ouverture du dispositif de test (la cassette). Une fois déposé, l’échantillon liquide entame sa migration de long des membranes par le phénomène de capillarité et réhydrate ainsi un premier réactif, le conjugué préalablement séché. Si l’échantillon contient la cible (le pathogène ou les antigènes ciblés), le conjugué réhydraté et la cible interagissent. Le complexe résultant migre ensuite sur la membrane de nitrocellulose pour atteindre la ligne de test où un second réactif spécifique de la cible est adsorbé. Si la cible est présente, le complexe formé préalablement reste fixé sur la ligne test et une ligne colorée apparaît. La solution continue sa migration pour rencontrer la ligne de contrôle où se produit une seconde immuno-réaction pour valider la bonne migration du test. Le résultat est visible sous la forme de 2 lignes rouges en 10 ou 15 minutes selon le test. Si la cible est absente, une seule ligne sera visible.»

Après la crise du SARS en 2003, puis l’épidémie de grippe en 2009, Coris BioConcept a dû faire face, en 2020, à l’afflux massif de demandes de kits pour détecter le Covid-19, complétant ainsi la gamme des autres virus déjà ciblés. «Pour y répondre, nos équipes ont développé un système pouvant permettre un dépistage à large échelle en collaboration avec différents partenaires cliniques pour les validations, dont le Laboratoire hospitalier de l’Université de Bruxelles (LHUB), le CHU de Liège et la KUL de Leuven. Nous avons été la première société à mettre sur le marché un test de diagnostic du Covid‑19 avec une capacité de production de 240 000 tests par semaine. Ces tests antigéniques étaient capables de détecter des antigènes viraux. L’échantillon naso-pharyngé était dilué dans une solution liquide dans laquelle une tigette, comprenant les réactifs biologiques nécessaires au diagnostic était placée. En 15 minutes, l’apparition d’une ou deux lignes sur la tigette indiquait la présence ou l’absence du virus dans l’échantillonnage.»

Les technologies comme l’immunochromatographie, l’amplification moléculaire isotherme (LAMP) et l’électrochimie sont utilisées dans les laboratoires de microbiologie du monde entier. Grâce à des subventions belges et/ou européennes, Coris BioConcept est actuellement impliquée dans de multiples collaborations internationales pour le développement de nouveaux tests rapides de diagnostic. À présent, l’entreprise se focalise sur la résistance antimicrobienne et les maladies tropicales négligées ou émergentes. Le phénomène grandissant de la résistance aux antibiotiques (AMR) l’a poussée à développer une gamme de tests pour la détection rapide de mécanismes de résistance aux antibiotiques. «Outre cette gamme, une autre approche innovante de détection des C3G (céphalosporines de 3e génération) par électrochimie a été récemment lancée avec un test électrochimique de première ligne. Cette expertise en R&D est parfaitement adaptée à la production de solutions innovantes. Un monde en évolution rapide nécessite une biotechnologie de pointe pour nous faire avancer vers un avenir sain.»

Pour résister à la concurrence accrue des sociétés chinoises dans le domaine des tests AMR (Antimicrobial Resistance), le département R&D de l’entreprise finalise plusieurs nouveaux produits pour une mise sur le marché en 2025-2026.
 
 

QUI EST THIERRY LECLIPTEUX, FONDATEUR ET CEO ?

Un biologiste à la fibre entrepreneuriale. Titulaire d’un doctorat en biologie de l’Université de Namur, Thierry Leclipteux entame sa carrière à l’Institut national des radioéléments à Fleurus dans un projet financé par la Région wallonne. Il rejoint ensuite Beldico, une société spécialisée dans les tests à usage vétérinaire, en tant que directeur scientifique. Cinq ans plus tard, il entre à la Faculté vétérinaire de l’Université de Liège en tant que Senior Research Assistant. Il reste dans la Cité ardente jusqu’à ce que, vers la quarantaine, la fibre entrepreneuriale vienne sérieusement le titiller. C’est alors qu’en 1996, il fonde Coris BioConcept avec 3 autres partenaires. Il a aussi été chargé de cours en biologie et chimie à l’ICHEC-Saint-Louis à Bruxelles et à l’Institut Gramme à Liège, ainsi qu’à l’Université de Hasselt comme professeur invité. Il entretient sa forme par le squash et la course à pied et achève de se détendre en cuisinant.

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