L’habit
fait-il le moine?

Géraldine TRAN – Rédac’chef 

Gustavo Muñoz – stock.adobe.com

Si l’on s’en réfère au célèbre roman de R. L. Stevenson «L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde»: la réponse est clairement non. Si l’on va un peu plus loin: une personne peut-elle ne se définir que par ses actes ? J’aurais tendance à répondre non également. Sinon, pourquoi tant de criminels mettent des années à être découverts ? Pourquoi tant de méfaits peuvent-ils passer longtemps ou à jamais inaperçus ? Et pire, pourquoi tant de victimes ne sont-elles pas crues d’emblée ? Parce qu’on ne sait jamais ce qui se cache derrière les apparences, ni d’ailleurs ce qui se passe derrière la porte close d’une maison… ou d’une chambre à coucher. L’un des cas les plus explicites de l’Histoire est sans doute celui de l’Affaire des viols de Mazan. Derrière le père et le grand-père attentionné, derrière le «chic type» comme l’a décrit son épouse elle‑même se tapissait une personnalité perverse, manipulatrice, exécrable, misogyne. Il aura fallu une décennie pour être «bêtement» pris en flagrant délit de voyeurisme dans un supermarché. Ce «petit» crime en cachait de bien plus grands, innommables sur lesquels il est inutile de revenir. Dominique Pélicot est ainsi devenu, à plus de 70 ans, un auteur reconnu d’infractions à caractère sexuel (AICS) condamné à 20 ans de réclusion. Évidemment, vu son âge et la peine infligée, il sortira de prison à la toute fin de sa vie. Un suivi thérapeutique est-il nécessaire et utile dans son cas ? Peut-être pour lui-même. Par contre, pour tous les autres AICS, une prise en charge peut s’avérer indispensable et cruciale car contrairement à ce que l’on aurait tendance à croire, la délinquance sexuelle n’est pas immuable. De nombreux stéréotypes existent à propos de ce type de criminalité et pourtant, les risques de récidive peuvent être limités par une prise en charge thérapeutique globale et surtout, au cas par cas, car il n’y a pas de profil type. Pour parvenir à la réinsertion pérenne d’un délinquant sexuel, il faut aller au-delà de ses actes, de l’extériorisation de son comportement et analyser sa «carte du monde» intérieure afin de déterminer ce qui a pu l’amener à commettre une ou des infractions. C’est une démarche profondément humaniste qui demande de s’extraire du jugement ou de la notion de moralité. Bien sûr, beaucoup diront que ça ne sert à rien, que ces «ordures» n’ont qu’à croupir en prison… Oui mais la plupart en sortiront… Pour comprendre les enjeux de ce délicat débat et forger votre esprit critique, n’hésitez pas à lire ce Dossier rédigé par Philippe Lambert. Bonnes lectures !

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