Les jeux vidéo ? C’est bien connu: ça ne sert à rien et ça ne mène pas très loin. En résumé: une perte de temps devant un écran. Les joueurs ? Des jeunes et des adolescents attardés, qui s’inventent une vie en ligne, aux antipodes de la réalité. La vie, la vraie ! Ce cliché, il a la peau dure… Pourtant, le gaming (action de jouer aux jeux vidéo) est aujourd’hui le premier loisir au monde. Il est transculturel: on y joue partout, jusque dans les coins les plus reculés du globe. On estime à 1,5 à 2,5 milliards le nombre de gamers qui le pratiquent ! Difficile de croire que tous sont des jeunes accros à leur console, en quête de sens et d’occupation…
«Le profil type du gamer, l’adolescent sédentaire et mal alimenté qui joue aux jeux vidéo toute la journée, est totalement dépassé», constate Olivier Servais, professeur au laboratoire d’anthropologie prospective de l’UCLouvain, auteur du livre Dans la peau des gamers (Éditions Kartala) (1), qui compile 10 années de recherche sur les jeux vidéo. «Aujourd’hui, tout le monde joue: hommes, femmes, parents, enfants, peu importe l’origine sociale ou même religieuse. Quand on parle de gamers, il ne s’agit pas seulement des joueurs qui passent une dizaine d’heures par jour devant les jeux vidéo.» Dans certains cas, l’investissement en temps peut se limiter à 1 ou 2 h par semaine, dans un bus ou une salle d’attente.