Arrêt sur Elysia

Elysia, une start-up mise sur les rails grâce à une bourse de pré-activité de la Région wallonne. Au départ, l’un des 2 porteurs du projet, Daniel Bartholemy, entendait tirer profit de son expérience dans la production de radio-pharmaceutiques pour développer une solution complète et innovante. Si l’autre porteur du projet, François Moonen, ingénieur chimiste de formation, a entamé sa carrière dans différentes sociétés, il a toujours voulu avoir sa propre entreprise. Ensemble, ils ont développé leur idée de contrôle qualité pour des produits radioactifs. Mais d’où leur est venue cette idée ? «Avec le vieillissement de la population, les cas de cancers détectés par an sont de plus en plus nombreux, répond François Moonen, cofondateur d’Elysia. Lors des examens, les traceurs sont injectés aux patients et visibles dans les PET-scans (tomographie par émission de positrons). Grâce à nos solutions, les hôpitaux peuvent garantir la qualité de ces produits, évidemment capitale, avec leur injection chez les patients cancéreux.»

Créée en 2014 à Liège, Elysia est un fournisseur de radio-chromatographie et de systèmes de contrôle de la qualité dans les secteurs radio-pharmaceutiques, agrochimiques et les départements de médecine nucléaire. «Nous concevons, fabriquons et vendons des instruments de mesure de radioactivité, développe François Moonen. Nous travaillons en étroite collaboration avec les producteurs de radio-pharmaceutiques et de cyclotrons pour développer de nouveaux produits afin d’améliorer les solutions existantes. Nous voulons faciliter, accélérer et rendre plus sécurisée le contrôle qualité des produits radio-pharmaceutiques, comme la mesure de la pureté nucléique. Nous aidons nos clients à accélérer leurs recherches et développements et à valider leurs méthodes de contrôle qualité pour leurs molécules existantes ou futures. Les radio-pharmaceutiques doivent devenir accessibles au plus grand nombre et à un coût abordable.»

En 2015, la start-up liégeoise fait l’acquisition de Raytest, son principal concurrent et fournisseur allemand, connu dans l’industrie de la médecine nucléaire et mis sous protection judiciaire allemande. Âgée alors d’un an, la jeune entreprise a ainsi eu l’audace de racheter ce concurrent, pourtant bien plus gros et plus expérimenté qu’elle, pour doper son chiffre d’affaires. Un fait inédit dans le monde des affaires qui lui vaudra le prix Technology Fast 50 de Deloitte en 2019 pour avoir été la société wallonne avec la plus grande croissance du chiffre d’affaires sur les 4 dernières années. L’opération, rendue possible grâce à un soutien financier public-privé de la Sofinex, de Meusinvest (aujourd’hui Noshaq) et de la plateforme de crowdfunding MyMicroinvest (aujourd’hui Spreds), permet au petit poucet de devenir grand tout d’un coup. Sa petite structure l’a aidée à réagir plus vite que d’autres sociétés également intéressées. L’entreprise passe alors de 8 à 35 personnes. Par cette acquisition, Elysia devient, de fait, leader sur le marché du contrôle de qualité des produits radio-pharmaceutiques. «La fusion d’Elysia et de Raytest a engendré une synergie solide et nous a permis d’unir les forces des 2 compagnies. Nous comptons sur l’expérience de Raytest tant au niveau du développement que de la production. L’entièreté de la production et l’équipe technique restent basés en Allemagne en garantissant ainsi la qualité made in Germany.»

Aujourd’hui, Elysia-Raytest emploie 55 personnes. Avec ce rachat, la société, qui réalise plus de 90% de son chiffre d’affaires à l’exportation, est présente dans le monde entier avec des distributeurs, notamment au Japon, aux États-Unis, au Canada, en Chine, en Corée du Sud, en Inde… Au total dans plus de 50 pays. «Nous avons vécu une croissance extraordinaire ! Pour notre 2^e exercice, nous étions passés à plus de 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2021, nous avons enregistré ce qui était alors le meilleur chiffre de notre histoire, avec 6,5 millions d’euros.» Pour 2023, l’entreprise est passée à 9,2 millions d’euros de chiffre d’affaires. «Pour 2024, nous visons les 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous venons de gagner un important contrat, suite à un appel d’offres, au CHU du Québec pour 1,4 million d’euros.» La start-up liégeoise est l’entreprise belge qui a connu la plus forte croissance ces dernières années, mettant ainsi à l’honneur le secteur de la radio-pharmacie. Si la recherche, les ventes, le département services se trouvent au Sart-Tilman, la production logistique est réalisée en Allemagne.
 
 

Elysia vend donc des solutions pour le contrôle de qualité des produits radio-pharmaceutiques, créneau pour lequel elle est 3^e dans le top mondial. «Nous visons à améliorer la convivialité et l’efficacité du flux de travail dans les laboratoires de contrôle de qualité pour la médecine nucléaire et les producteurs de radio-pharmaceutiques, en mettant l’accent sur les nouvelles technologies de détection et les systèmes LIMS conçus pour une utilisation intuitive.» La cellule chaude d’Elysia et le laboratoire de démonstration à Liège permettent un développement plus rapide et plus performant du produit. En plus de solutions de matériels et de logiciels, la société propose également une large gamme de services comprenant le training et le développement de méthodes analytiques. Avec le système de contrôle de qualité clé en main, l’entreprise a franchi une nouvelle étape importante en devenant un fournisseur de premier plan de solutions intégrées.

«En matière d’innovation, parmi les derniers développements importants, on commence à développer des détecteurs pour mesurer de nouveaux types d’isotopes liés à la thérapie des cancers. Un gros projet. Ce système permet d’automatiser l’ensemble des mesures réalisées dans un laboratoire pour valider le batch de production avant l’injection au patient. Deuxième innovation, à la demande de clients, nous avons développé de nouveaux détecteurs qui permettent de mesurer des rayonnements alpha utilisés aujourd’hui pour le traitement des cancers. En plus d’être dans le diagnostic, avec ces machines, nous sommes aussi dans le thérapeutique avec des isotopes qui tuent des cellules cancéreuses.»