Hommes,
femmes: naissance d’un 3e «genre» ?

Géraldine TRAN – Rédac’chef 

© Romolo Tavani – stock.adobe.com

INCLUSION : c’est un terme que vous avez certainement déjà entendu, lu, vu. De manière générale, l’on pourrait le définir par son contraire, l’exclusion. Il s’agit donc de garantir une place à chacun dans la société. Cela va de soi me direz‑vous ! Aujourd’hui peut-être mais le processus a mis des siècles, des millénaires même à s’enclencher. La pointe de l’iceberg est sortie de l’eau mais la partie immergée est encore immense, poussée vers la surface par différents acteurs. Le monde du travail, de l’enseignement, de la santé, de la mobilité… Le regard sur les personnes jadis mises au ban de la société est indéniablement en train de changer. Quid du sport ? À l’aube des JO de Paris, la question rejaillit dans les débats publics et les médias. Elle est extrêmement complexe dans la mesure où elle implique des performances physiques classées dans 2 catégories ancestralement uniques: les femmes et les hommes. Quelle est la place des athlètes intersexuées et transgenres dans cette bilatérale ? Qu’il ne me paraît pas inutile de redéfinir. Tout d’abord, selon l’Organisation mondiale de la santé, «le mot +sexe+ se réfère aux caractéristiques biologiques et physiologiques qui différencient les hommes des femmes», tandis que «le mot +genre+ sert à évoquer les rôles déterminés socialement, les comportements, activités et attributs qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et femmes». Homme dans la peau d’une femme ou femme dans la peau d’un homme: le terme «transgenre» désigne une personne qui ne s’identifie pas à son «genre d’assignation à la naissance», à son état civil. À ne pas confondre donc avec «intersexe», qui désigne une personne qui n’est ni homme ni femme, qui présente des caractéristiques anatomiques, chromosomiques ou hormonales ne relevant pas strictement de l’un ou l’autre sexe. Laurel Hubbard, Lexy Rodgers, Alexia Cérénys, Austin Philips, Halba Diouf (voir photo de couverture) ont ouvert les portes (et les esprits) d’un nouveau débat (combat ?) où inclusion et équité sportive se répondent. Le Comité international olympique botte actuellement en touche, laissant la main aux fédérations nationales. Cela donne lieu à une situation tout sauf homogène. Aux JO, il y aura donc 2 poids 2 mesures. Mais quelle instance serait à même de trancher ? À quels niveaux (régional, national, international) ? Et surtout, sur base de quels critères ? La Ministre française des sports, Amélie Oudéa-Castéra, a lancé une piste de réflexion: «Le progrès scientifique va éclairer la décision de ces acteurs», a-t-elle dit, alors que les études sur le sujet, en particulier sur le rôle de la testostérone dans la performance sportive de haut niveau, s’étoffent mais se contredisent souvent. La science, censée être la plus objective possible, est-elle la clé de voûte de ce débat ? C’est à découvrir dans le dossier de ce numéro. Une chose est sûre, c’est une course de fond au finish dont on ignore qui sortira «vainqueur»…

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