Le bout du blues

Géraldine TRAN – Rédac’chef 

© vetre – stock.adobe.com

Savez-vous ce qu’il se passe tous les 20 janvier depuis 2005 ? Outre le fait que l’on fête les Sébastien et la reconnaissance de la Belgique en tant qu’État indépendant, c’est aussi le Blue Monday, soit le jour le plus déprimant de l’année. Comment l’a-t-on déterminé ? Sûrement par un savant calcul scientifique me direz-vous. C’est en tous cas ce qui avait été avancé par la chaîne de télévision britannique, Sky Travel. L’équation, qui se base sur différents paramètres (la météo, les dettes liées au cadeaux de Noël, l’arrêt des bonnes résolutions prises au tout début de l’année…) a même été attestée par le psychologue de renom, Cliff Arnall. Sauf que ce n’est en réalité qu’une immense supercherie publicitaire, pour faire le buzz comme on dirait aujourd’hui. Dans quel but ? Sky Travel vivait essentiellement de la diffusion de publicités pour des compagnies aériennes et quelle meilleure idée pour se remonter le moral que de programmer ses prochaines vacances ? Il faut le dire, c’est un pur coup de com et de génie ! Coup que prend, par la même occasion, le scientifique qui a validé cette soi-disant équation ! Ou pas : il l’a toujours assumé ! Selon lui, cette campagne publicitaire a mis en lumière un problème plutôt tabou à l’époque: la dépression. Même s’il a fait marche arrière ensuite et a tenté de déconstruire la théorie du Blue Monday, celle-ci est toujours bien ancrée dans les pratiques commerciales, au même titre que le Black Friday. Athena n’a aucun produit mercantile à «vendre» si ce n’est de l’information, des sujets de réflexion et une ouverture sur ce que l’on ne connaît pas forcément. La dépression par exemple. On en entend beaucoup parler depuis quelques années et c’est tant mieux. Cela veut dire qu’elle n’a plus rien de «honteux» et que les personnes qui en souffrent se sentent libres d’en parler. C’est crucial dans le processus de guérison. Chez les adolescents par contre, c’est encore peu évoqué ou reconnu comme tel. On met souvent leur mal-être sur le dos de la crise d’adolescence, en pensant que ça va leur passer. Alors qu’il est parfois si profond que l’on peut parler de dépression au sens pathologique du terme. Et elle peut mener à des troubles du comportement (émotionnels, alimentaires, dépendance, …) et dans le pire des cas, au suicide. Il faut savoir qu’il s’agit de la 1e cause de mortalité chez les 15-24 ans (1 décès sur 4). Le Centre de prévention du suicide note d’ailleurs une hausse de 15% des appels provenant de jeunes depuis 2020. Le Centre Antipoison indique, lui, que les appels liés à une tentative de suicide de jeunes de moins de 15 ans ont augmenté de plus de 20% depuis 2018. Si vous remarquez une combinaison de certains symptômes chez vos ados tels que des plaintes somatiques récurrentes, une irritabilité manifeste, des changements corporels importants, un sommeil perturbé, des troubles de l’appétit ou encore des difficultés scolaires inhabituelles, soyez vigilants et parlez-en. Et si vous souhaitez connaître davantage cette pathologie chez l’ado, rendez-vous dans notre rubrique DOSSIER. Surtout, prenez soin de vous et de ceux qui vous entourent.

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