Espace

L’exploration spatiale au service de la Terre

Geoffrey VAN HECKE • geoffrey@bvhco.be 

© lassedesignen – stock.adobe.com, © Salavat Safiullin – stock.adobe.com, Pospel_A/Wiki, © Observatoire de Paris, © ESA/Webb, NASA & CSA, A. Adamo/Stockholm University, and the FEAST JWST team, © Ministère des Armées, NASA

Si l’Homme est sa propre menace, les dangers peuvent aussi surgir d’ailleurs. Personne n’ignore ce qui a causé la perte des dinosaures. Mais beaucoup oublient que cela se reproduira tôt ou tard. Dans les faits, la Terre est bombardée d’astéroïdes tous les jours. La plupart se désintègrent au contact de l’atmosphère, bien avant de toucher le sol. Il existe toutefois des exceptions, potentiellement mortelles

 
En 2013, une froide piqûre de rappel est arrivée jusqu’à nous. Le superbolide de Tcheliabinsk, du nom de cette localité reculée en Russie, a été observé dans le ciel de l’Oural un matin de février. D’un diamètre de 15 à 17 m et d’une masse estimée à 12 000 tonnes, le bolide (1) s’est fragmenté dans l’atmosphère, entre 40 et 20 kilomètres d’altitude. Le phénomène a libéré une énergie estimée par le JPL à 440 kilotonnes de TNT (environ 30 fois l’énergie de la bombe d’Hiroshima), créant une onde de choc qui a fait tomber un mur et un toit d’usine, détruit des milliers de vitres et de fenêtres de la région, et blessé ainsi près d’un millier de personnes, principalement à Tcheliabinsk. Selon les premières analyses, cette météorite est du type chondrite ordinaire, et contient entre 10 et 30% de fer. Les bolides rocheux se scindent généralement en plusieurs morceaux en altitude, contrairement aux météorites ferreuses, qui restent entières. Les gaz de l’atmosphère, échauffés au passage du météore, ont émis une lumière éblouissante, suffisamment intense pour projeter des ombres à Tcheliabinsk, à une heure de l’aube où le Soleil ne dispensait encore qu’une faible lumière. La déflagration a été observée dans divers oblasts ainsi qu’au Kazakhstan. Selon la NASA, les entrées atmosphériques de météorites ne produisent des événements de cette amplitude qu’environ une fois tous les 100 ans. Le bolide n’a pas été détecté avant d’entamer son entrée atmosphérique. Plusieurs programmes de détection des astéroïdes dont l’orbite comporte un risque de collision avec la Terre ont été mis en place à compter de la fin des années 1990, notamment par la NASA. Mais cette recherche, difficile à mener compte tenu de la taille des objets et de leur faible albédo (2), ne peut détecter que les astéroïdes les plus gros et donc présentant un risque beaucoup plus important: les astéroïdes dont le diamètre est supérieur au kilomètre font l’objet d’une recherche systématique, tandis que la détection des astéroïdes d’un diamètre généralement supérieur à 100 mètres reste aléatoire. De plus, cet objet relativement petit paraissait arriver du fin fond de l’Est, tel qu’alors vu depuis la surface terrestre: sa trajectoire était ainsi voilée par l’éclat du Soleil levant, ce qui a empêché toute détection précoce. L’onde de choc provoquée par son entrée atmosphérique (à la vitesse de 19 km/s) est similaire au passage du mur du son par un avion, mais en donnant lieu à plusieurs bangs supersoniques du fait de sa fragmentation. 

La trace de la météorite laissée dans le ciel après sa fragmentation au-dessus de Tcheliabinsk.
À droite, l’usine de zinc, endommagée par l’onde de choc.

L’événement de la Toungouska est d’un tout autre calibre. En 1908, une énergie équivalente à environ mille fois celle de la bombe nucléaire d’Hiroshima a balayé la Sibérie. Lors de l’événement, 2 000 km² de forêt sont balayés, 60 millions d’arbres abattus. Le souffle fait des dégâts sur plus de 100 km et la déflagration est audible dans un rayon de 1 500 km. De nombreux incendies se déclenchent, brûlant des zones forestières pendant plusieurs semaines. Bien que la région soit très peu peuplée, les études et compilations de divers témoignages directs recensent au moins 3 morts et de nombreux blessés, tous à cause du souffle de l’explosion ou des objets projetés par celui-ci. Un vortex de poussières et de cendres se forme et est entraîné jusqu’en Espagne par la circulation atmosphérique, créant des halos dans la haute atmosphère, qui s’étendent sur tout le continent. On peut observer des couchers de soleil très colorés, une luminosité exceptionnelle en pleine nuit est constatée pendant plusieurs jours en Europe, à tel point qu’on pouvait lire le journal dans le Caucase. Les scientifiques pensent alors à l’éruption d’un volcan, comme l’éruption du Krakatoa en 1883, qui a injecté d’énormes quantités de poussières dans l’atmosphère et, de ce fait, a engendré des phénomènes lumineux semblables.

Ces 2 exemples ont un point commun: Ils se sont produits dans des zones reculées. Rien n’empêche le prochain événement de toucher une agglomération densément peuplée, ou une réserve à haute valeur écologique. Ailleurs, l’astéroïde de la Toungouska, estimé à 40 mètres, aurait pu sans problèmes annihiler une mégapole. Il est aujourd’hui admis que passé les 140 m, un météore affecterait automatiquement une région habitée, quel que soit son point d’impact. Au-delà du kilomètre de diamètre, il anéantirait la
civilisation humaine. Si la probabilité qu’une telle catastrophe se produise est minime, le risque 0 n’existe pas. La NASA prend d’ailleurs ce problème très au sérieux. Afin de détecter plus efficacement les corps célestes pouvant représenter une menace pour la Terre, l’agence spatiale américaine a déployé son nouveau système de surveillance des astéroïdes, Sentry-II, un algorithme particulièrement précis. Presque indispensable pour analyser plus de 30 000 astéroïdes «à proximité» de notre planète. Les objets célestes qui traversent le Système solaire sont sujets aux lois de la physique et ont donc un trajet prévisible. La trajectoire des NEA (3) est influencée par les corps plus massifs et l’attraction gravitationnelle du Soleil ou des planètes. Elle peut aussi être perturbée par l’effet Yarkovsky: le rayonnement solaire chauffant la surface tournée vers l’étoile crée une mécanique de rotation de l’objet, provoquant de fait une modification de son mouvement. Si de nombreux corps et objets célestes sont détectés et traqués dans le Système solaire, les agences spatiales estiment que seulement 40% des astéroïdes de plus de 140 m sont répertoriés et suivis. L’algorithme Sentry-II fournit un suivi plus poussé, en se basant sur les observations de télescopes à travers le monde. Les données recueillies sur les astéroïdes sont transmises à l’organisme Minor Planet Center de l’Union astronomique internationale (IAU pour International Astronomical Union). Elles sont ensuite traitées par Sentry-II, réalisant son travail de surveillance des astéroïdes en déterminant d’hypothétiques points de modification de l’orbite du bolide.

De nombreux organismes de surveillance du ciel se répartissent la tâche dans le monde. En Europe, Vigie-Ciel est un programme utilisant diverses caméras pointées vers la voûte céleste, le réseau appelé Fripon (Fireball Recovery and Inter Planetary Observation Network) pour détecter la pénétration dans l’atmosphère de bolides et météorites sur la partie ouest du continent.

FRIPON est un réseau composé d’une centaine de caméras situées en France (ici au Pic du Midi), sur les toits d’observatoires, d’universités ou encore de musées. Elles filment la voûte céleste à 360° de jour comme de nuit ! 

DART

Malgré les apparences, l’humanité anticipe parfois de grandes menaces. En 2022, le projet DART, orchestré par la NASA, fut couronné de succès. Premier du genre en défense planétaire, il fut conçu pour tester notre capacité à modifier la trajectoire d’un astéroïde. Pour évaluer la méthode de l’impact cinétique, les 550 kg de la sonde spatiale DART ont été lancés à la vitesse de 23 700 km/h sur la surface du petit astéroïde Dimorphos (160 m de diamètre), qui orbite autour de l’astéroïde Didymos. La modification de la période orbitale de Dimorphos autour de Didymos, résultant de l’impact, doit permettre d’affiner les modèles existants, en précisant l’incidence aujourd’hui mal maitrisée de paramètres tels que la structure de l’objet impacté (porosité), la nature des matériaux dont il est constitué, ainsi que la valeur de la poussée supplémentaire fournie par les éjectas projetés dans l’Espace. Aucun des 2 astéroïdes ne se trouve sur une trajectoire d’impact avec la Terre, avant comme après ce test. À la suite de la mission, la modification de la période orbitale de Dimorphos s’élève à 32 minutes, soit 4% de celle-ci. Un résultat largement au-dessus des espérances.

   Pour en savoir plus :

   https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/surveillance-espace-nasa-deploie-nouveau-systeme-surveillance-asteroides-95540/

(1) En astronomie, un bolide est le phénomène lumineux provoqué par l’entrée dans l’atmosphère d’un corps céleste naturel solide extraterrestre (météoroïde) de plus ou moins grande taille.

(2) L’albédo est la part des rayonnements solaires renvoyés vers l’atmosphère. L’albédo permet de calculer grâce à un facteur entre 0 et 100 le rayonnement solaire réfléchi par une surface, 0 correspondant à une surface absorbant tous les rayons, et 100 à une surface renvoyant tous les rayons.

(3) NEA: Near-Earth Asteroids (astéroïdes proches de la Terre)


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