WALL'INNOVE TOUR

Arrêt sur Aerospacelab

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

jannoon028/Freepik + photomontage, © AEROSPACELAB

Il était une fois…

Une figure émergente du secteur aérospatial, fondée en 2018 par un jeune ingénieur, Benoît Deper, à Mont-Saint-Guibert où se trouvent ses bureaux. L’usine de fabrication est installée à Louvain-la-Neuve. Après une croissance rapide, un premier satellite est envoyé dans l’espace en juin 2021. Il s’agit du premier satellite privé belge. Actuellement, Aerospacelab compte déjà 8 satellites déployés avec succès en orbite. Sa capacité de production est de 48 satellites par an dans son usine wallonne. Une capacité récemment doublée grâce à l’implantation d’une seconde usine aux États-Unis. Également établie en Suisse et en France, la société est ce qu’on appelle une licorne, une entreprise à très forte croissance. Passée de 6 employés en 2018 à plus de 300 aujourd’hui, elle recrute chaque mois près de 10 nouveaux collaborateurs.

L’entreprise conçoit, fabrique et exploite de petits satellites à prix concurrentiels avec une approche verticale intégrée unique. Ses satellites, d’une dizaine de kilos jusqu’à 300 kilos, sont construits en s’appuyant sur leur approvisionnement vertical de sous-systèmes avioniques, d’intégration et de tests. Ces constellations de satellites permettent, grâce aux instruments embarqués à bord de réaliser des missions aux objectifs variés, de l’observation terrestre à la télécommunication. L’intelligence géospatiale rendue possible par ces satellites en orbite consiste en une série de données telles que l’imagerie multispectrale, l’imagerie à très haute résolution, ainsi que de la télédétection.

Cette scale-up, née dans l’ère du New Space (mouvement lié à l’émergence d’une industrie spatiale d’initiative privée ayant pour objectif de créer des satellites moins lourds et donc moins chers), s’est donné pour mission d’améliorer l’efficacité des industries concernées en rendant le satellite accessible et ainsi l’intelligence géospatiale abordable. Ce qui lui permet de fournir un accès à l’espace à moindre coût. Son ambition est d’apporter une réponse européenne et internationale à la hausse attendue de la demande mondiale de petits satellites en orbite basse. «Nous fabriquons des satellites basés sur notre plateforme polyvalente qui peuvent accommoder une variété de missions, détaille Benoît Deper. Nous travaillons pour des gouvernements, des agences spatiales, des centres de recherche, des entreprises privées.» Si Aerospacelab a débuté avec l’observation de la Terre, elle est en train d’investir davantage dans les télécommunications. Grâce à ses solutions, elle aide diverses industries dans leurs prises de décisions, des traders aux militaires en passant par des institutions européennes.

Comment cette petite entreprise s’est-elle développée à une telle allure ? «Le contexte a changé. Jusqu’il y a peu, l’espace était le monopole des États. Ce n’est plus le cas. Ces dernières années, l’industrie spatiale privée s’est fortement développée. Aujourd’hui, l’un des acteurs les plus influents est SpaceX d’Elon Musk. L’industrie commerciale va accélérer le déploiement de capacités spatiales critiques. Nous sommes l’un des fabricants de satellites les plus intégrés verticalement, capables de produire rapidement des bus de satellites et d’intégrer des charges utiles pour un ensemble diversifié de missions.»
 
 

CARTE D’IDENTITÉ

CRÉATION : 2018

SIÈGE SOCIAL : Rue André Dumont, 14b à 1435 Mont-Saint-Guibert

SECTEUR D’ACTIVITÉS:
Aérospatial

MEMBRES DE L’ÉQUIPE : Plus de 300

CONTACT : 065 45 72 14

   info@aerospacelab.com

   aerospacelab.com

 
…l’envie d’innover

Récemment, la jeune pousse wallonne a fait l’acquisition de la firme liégeoise Amos, l’un des grands noms des systèmes optiques terrestres ou spatiaux de grande précision. Une étape importante pour les 2 sociétés qui entrent ensemble dans une nouvelle ère de technologies spatiales avancées et s’ouvrent ainsi à de nouveaux marchés. «Cette acquisition stratégique représente une moment charnière pour les deux entreprises, car nous combinons notre expertise, nos ressources et nos talents pour accélérer les avancées technologiques dans la fabrication et le déploiement de satellites.» Créée en 1983, Amos conçoit et fabrique des solutions dans les domaines de l’astronomie professionnelle de l’observation de la Terre depuis l’espace et l’exploration scientifique, des systèmes de tests et des solutions optomécaniques pour les laboratoires et l’industrie. Elle est réputée mondialement pour ses télescopes professionnels, ses capacités de fabrication d’optiques et la performance de ses systèmes. Elle a participé aux plus grands projets spatiaux et compte des références pour plusieurs télescopes dans le monde. Benoit Deper estime l’activité des 2 entreprises complémentaires. «Ensemble, nous souhaitons favoriser une culture de l’innovation qui favorisera le développement de technologies spatiales de pointe en veillant à ce que nous restions à l’avant-garde de l’industrie. En tirant parti du talent et des ressources d’Amos, ainsi que du vaste portefeuille de produits d’Aerospacelab, notamment des satellites clés en main, des plateformes satellites, de l’avionique et des sous-systèmes, l’objectif ultime est d’établir une voie vers un accès efficace et abordable de l’espace. Grâce à une approche unique de l’intégration verticale, cette acquisition renforcera la portée du marché et l’offre de produits de nos 2 sociétés avec une gamme plus large de solutions. Cela nous permettra de répondre aux différents besoins des clients dans divers secteurs, notamment les télécommunications, l’observation de la Terre, la navigation, l’astronomie, la recherche scientifique et l’industrie.»

En mai 2024, Aerospacelab a lancé à Charleroi le début des travaux de construction de sa mega-factory de 20 000 m² dont le démarrage des opérations est prévu en 2026. «Fort de notre agilité, notre flexibilité rendue possible par l’intégration verticale et la conception de nos satellites au plus haut niveau de maturité technologique, nous stimulons toujours davantage l’innovation dans l’industrie spatiale.» La méga-usine fabriquera des satellites de 150 kg à 1 t, avec une capacité de production de 2 satellites par jour pour un total de 500 satellites par an. Avec 7 000 m² de surface de production et 4 000 m² de salles blanches, ce sera la plus grande usine de fabrication de satellites d’Europe, la troisième plus grande usine de satellites au monde, juste après celles d’Amazon et de SpaceX. L’embauche de plusieurs centaines d’employés fait partie du programme. L’usine prendra place sur l’ancien site des ACEC, non loin de Thales Alenia Space où sont conçus notamment des moteurs électriques pour satellites. En septembre dernier, Aerospacelab a ouvert une implantation de fabrication de satellites à Torrance, en Californie. Elle est conçue pour répondre à sa clientèle américaine croissante. En quelques années, Aerospacelab est devenue un fleuron de l’industrie spatiale en Belgique. «Grâce à des opérations stratégiquement réparties dans différents endroits, notamment aux États-Unis, notre entreprise reste fidèle à sa mission de fournir des solutions innovantes à ses divers clients.»
 
 

QUI EST BENOÎT
DEPER, FONDATEUR  ET CEO ?

Un homme qui ne perd pas de temps. Après des études d’ingénieur civil en électronique et mécanique à l’UCLouvain, il effectue un master en mécatronique, robotique et systèmes embarqués, puis réussit à décrocher un stage à la Nasa et parfait sa formation par un master complémentaire à Superaero à Toulouse, l’une des plus grandes écoles d’aéronautique et de l’espace en Europe. Retour à la Nasa où il travaille pour une start-up avant de passer par l’Agence spatiale européenne (ESA) aux Pays-Bas, où il travaille comme ingénieur systèmes pour les lanceurs. Fin 2012, il rejoint, en tant que chef de projet, une start-up de véhicules hypersoniques en Suisse. Encouragé par le bureau de l’Awex à Genève dans son idée de créer une société de fabrication de satellites en Wallonie, il rentre au pays en 2017. Devenir un acteur agile et compétitif de l’aérospatial qui gagne une reconnaissance à l’international, tel est son objectif. Il fonde Aerospacelab en mars 2018. 

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