Des hommes pareils, nus sous le Soleil

Géraldine TRAN – Rédac’chef 

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On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille. On choisit pas non plus les ­trottoirs de Manille, de Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher. Être né quelque part, être né quelque part, pour celui qui est né, c’est toujours un hasard. Vaste sujet que celui des droits ­individuels… Est-ce que les gens naissent égaux en droits à ­l’endroit où ils naissent, est-ce que les gens naissent pareils ou pas ? Presque 30 ans après la sortie de cette chanson de Maxime Le Forestier, peut-on répondre à cette question ? Non. ­Pourra-t-on ­seulement un jour répondre oui ? Quand on regarde ce qui se passe dans le monde, j’en doute. Aux États-Unis, symbole de diversité culturelle, rêve américain où tout était possible, on assiste à un sidérant retour en arrière avec une offensive sans précédent contre toutes les ­politiques de diversité, d’équité et d’inclusion mises en œuvre depuis ­plusieurs décennies, y compris au niveau ­international. Les groupes minoritaires, quels qu’ils soient, sont désormais dans le viseur, pour revenir à une implacable culture du «mérite», de la «­réussite», du «­privilège» et de la «­suprématie» des groupes historiquement dominants. Depuis que la société est organisée comme telle (sur un modèle ­capitaliste qui, je précise, n’a pas que du mauvais évidemment: rien n’est tout blanc ou tout noir), ­l’exclusion «va de soi». Si l’on est «trop» ou «pas assez», si «on a» ou «on n’a pas», si tout ­simplement, on est différent d’une norme établie et surtout acceptée par la société et ses citoyens, la vie peut s’avérer plus compliquée. Race, ­religion, âge, genre, orientation sexuelle, handicap, niveau ­intellectuel, éducation… ont toujours marginalisé celles et ceux qui s’y retrouvent. Est-on moins «capable», vaut-on moins parce qu’on est une femme, parce qu’on est gay, parce qu’on a plus de 50 ans, parce qu’on se déplace en fauteuil ? ­Pourquoi favoriser certains groupes au détriment des autres ? Pourquoi ne pas valoriser la ­différence ? Pourquoi ne pas faire de la cohésion sociale et de l’équité des valeurs primordiales de la démocratie ? La lutte pour l’égalité des chances se poursuit malgré, parfois, les tentatives ­d’étouf­fement. Il ne faut pas perdre de vue qu’elle est un facteur d’équilibre et de paix important. Vous verrez que dans ce numéro, il en sera pas mal question. Notamment de celle de la validité, de l’accès aux technologies ou à l’éducation. Dans mon monde idéal (utopique ?), on ferait fi des stéréo­types et des idées reçues, chacun aurait sa place (ni meilleure, ni moins bonne), ce serait une vie = une vie, peu importe ce que notre enveloppe physique contient ou non… Je vous révèle ici mon goût pour la chanson française puisque je ­conclurai comme j’ai commencé, en chanson (F. Cabrel): Vous, vous êtes et nous, nous sommes, des hommes pareils. Plus ou moins nus sous le soleil. Mêmes cœurs entre les mêmes épaules. Qu’est-ce qu’on vous apprend à l’école, si on y oublie l’essentiel ? On partage le même royaume…

À écouter ou à réécouter :

    https://bit.ly/4dqGcQJ

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