Qui est-ce?

Christine WYNS

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

© CUSL/H.Depasse, © CUSL/Sébastien Wittebolle

 
Je suis…

Chef de service adjointe pour l’entité PMA, comprenant les unités de la Fécondation in vitro et d’Andrologie, directrice médicale et gestionnaire de matériel corporel humain de la Banque de tissus et cellules reproducteurs des Cliniques universitaires Saint-Luc et professeure à l’UCLouvain. Je me suis spécialisée dans les problèmes d’infertilité féminine et masculine et de préservation de la fertilité. Diplômée en médecine en 1993, en gynécologie et obstétrique en 1998 à l’UCLouvain, en andrologie appliquée à l’Université de Limoges en 2005, j’ai achevé un doctorat en sciences biomédicales à l‘UCLouvain en 2008. En tant que gynécologue, j’ai eu un cabinet privé pendant une dizaine d’années. Puis, des éléments de ma vie privée ont fait que j’ai rejoint à temps plein les Cliniques universitaires Saint-Luc où je travaillais déjà à temps partiel. De 2012 à 2022, j’ai été chef du Service de Gynécologie-Andrologie de Saint-Luc. Pour mon mémoire en andrologie, j’avais choisi de travailler sur le tissu testiculaire et sur la cellule souche du testicule, la spermatogonie. C’est ainsi que m’est venue l’idée de lancer un projet de recherche sur la préservation de la fertilité chez les garçons prépubères. Mes centres d’intérêt sur le plan scientifique incluent notamment la préservation de la fertilité par la congélation ou cryopréservation du tissu testiculaire prépubère et les options de restauration de la fertilité à partir de ce tissu.

En clinique, je traite et opère des hommes qui n’ont pas de spermatozoïdes. La chirurgie de la reproduction est quasi limitée aux hommes chez lesquels aucun spermatozoïde n’a été trouvé dans l’éjaculat.

Pour les jeunes femmes, j’effectue mon travail quotidien de gynécologue. Le choix de la technique d’assistance à la procréation (PMA) dépend du diagnostic posé lors du bilan de fertilité. Ce choix doit tenir compte de l’âge de la patiente et de sa réserve ovarienne. Les taux de succès sont proportionnels à l’âge et le recours à la PMA ne compense pas le déclin naturel de la fertilité après 35 ans. En l’absence d’ovulation, celle-ci peut être provoquée par des médicaments oraux ou injectables. Il est parfois nécessaire d’intervenir de manière chirurgicale, principalement par laparoscopie et/ou hystéroscopie.

Le traitement de l’infertilité doit tenir compte de ses causes. En effet, certaines de celles-ci sont plus facilement traitables que d’autres. Chaque trouble a donc une solution propre qui est également fonction des deux partenaires du couple. La combinaison de différents traitements est parfois nécessaire. Quatre approches peuvent être envisagées. Ce sont les conseils d’hygiène de vie, qui peuvent être très efficaces dans certains cas, le traitement médicamenteux, la chirurgie et les techniques de PMA. Parmi elles, l’insémination artificielle avec sperme du conjoint ou d’un donneur, la fécondation in vitro (FIV), et la FIV avec micro-injection du spermatozoïde dans l’ovocyte. Lorsque le bilan conclu à la possibilité de conception naturelle et qu’il n’y a pas de contexte d’urgence, les traitements de PMA ne sont habituellement proposés qu’après deux ans d’essais de conception sans succès.

À cette époque…

En 2004 a eu lieu la première naissance à partir d’une autogreffe de tissu ovarien congelé en 1996. L’évolution des techniques du côté féminin m’a donné l’impulse d’aller voir ce qui existait pour les garçons en andrologie appliquée, une formation unique dispensée par l’Université de Limoges.

J’ai découvert…

Depuis le début du programme de recherche sur la préservation de la fertilité du garçon prépubère en 2005, mon laboratoire de recherche a été soutenu par le FNRS Télévie et la Fondation contre le cancer (que je remercie pour leur soutien et confiance). Les traitements oncologiques peuvent être toxiques pour les testicules et mener à une stérilité définitive. Pour les garçons prépubères, dont les testicules ne produisent pas encore de spermatozoïdes, la congélation d’un fragment de tissu testiculaire prélevé avant le début de la chimio et/ou de la radiothérapie est proposée en clinique pour préserver leur fertilité ultérieure. On congèle leurs tissus, mais s’ils ont une maladie où les cellules cancéreuses se baladent dans le corps, comme des leucémies, des lymphomes ou des cancers métastasés, ils peuvent avoir des cellules cancéreuses dans le tissu testiculaire. Il faut donc trouver d’autres méthodes que l’autogreffe pour pouvoir, un jour, restaurer leur fertilité à partir de ce tissu. La maturation in vitro est une option. On place le tissu en culture pour tenter d’obtenir des spermatozoïdes après culture du tissu prépubère. Nous sommes la première équipe au monde à avoir obtenu des cellules haploïdes, c’est-à-dire presque des spermatozoïdes. C’est dans notre équipe que le processus de maturation in vitro est le plus avancé. Et on continue à travailler sur la maturation in vitro de nouveaux dérivés humains, un projet qui fait l’objet d’un gros financement de l’UCLouvain depuis 2024. En parallèle, on tente de développer des techniques pour créer un testicule artificiel. Cela consiste à digérer le tissu, ce qui donne une suspension de cellules nous permettant d’éliminer les cellules cancéreuses et de reformer les tubules pour obtenir un tissu identique au tissu testiculaire natif. On crée ce qu’on appelle des organoïdes, un testicule artificiel. On reproduit un testicule sous une plus petite forme qui pourrait, si on a réussi à éliminer les cellules cancéreuses, être greffé au patient par la suite dans le but d’obtenir des spermatozoïdes dans le greffon.

Par ailleurs, j’exerce une fonction dans le comité de pilotage d’un projet de développement d’un registre européen des cycles de PMA où chaque cycle sera pris en compte séparément, permettant une analyse des résultats des traitements plus fine et plus complète qu’actuellement où les cycles sont enregistrés de manière agrégée. L’utilisation d’un tel registre vise à identifier les meilleurs soins pour les patients infertiles. Ce projet est cofinancé par EHRE (European Society of Human Reproduction and Embryology) et l’UE.

Saviez-vous que…

Outre ses activités clinique, académique, d’enseignement et de recherche, le Professeur Wyns a également une 4e mission liée à la pratique dans un hôpital académique. Elle est, et a été, active dans plusieurs sociétés scientifiques nationales et internationales.

Ainsi, elle a été présidente du Collège des médecins de la reproduction de Belgique et membre du comité des directeurs de la Société belge de reproduction (BSRM) et du bureau des directeurs de la Société internationale de fécondation in vitro au sein de laquelle elle est actuellement coordinatrice d’un groupement sur la préservation de la fertilité. 

Elle a aussi été présidente du consortium EIM (European IVF Monitoring) pour le suivi et l’enregistrement de tous les cycles de FIV européens au sein d’ESHE, la plus grosse société dédiée à la reproduction au monde.

Elle est également experte en andrologie pour l’Institut de Santé publique, Sciensano.

Christine Wyns a publié plus de 150 articles dans des revues médicales et des livres. Elle est intervenue dans 106 congrès internationaux et dans 33 congrès nationaux.

 
 

Carte d’identité

Naissance 

28 juillet 1967, Etterbeek  

Nationalité

Belge

Situation familiale

Mariée, 1 enfant

 
 
Diplôme 

Médecine à l’UCLouvain, spécialiste en gynécologie et obstétrique à l’UCLouvain, en andrologie appliquée à l’Université de Limoges, doctorat en sciences biomédicales à l’UCLouvain

Champs de recherche 

Infertilité féminine et masculine et préservation de la fertilité

Distinctions 

Certificat de contribution exceptionnelle en andrologie au GAF (Global Andrology Forum) (2024); Trophée Matière Grise (2024)

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