Dossier

Comment retarder le vieillissement cognitif ?

Être actif contribue à retarder le vieillissement cognitif, à assurer un meilleur bien-être et une plus grande qualité de vie aux aînés. Mais toutes les activités sont-elles bonnes à prendre ? Et est-il vraiment nécessaire de les multiplier comme on le prône aujourd’hui tantôt par conviction, tantôt pour assurer des intérêts mercantiles ?

© Zoonar/M.Novak  •  © Viktor Cap • © Wavebreak Media

Il y a une vingtaine d’années émergeait le concept de «réserve cognitive», selon lequel toutes les activités que nous entreprenons dans notre vie contribueraient à nous doter d’une sorte de réserve mentale qui nous permettrait de compenser les effets délétères liés au vieillissement tant normal que pathologique – pensons notamment à la maladie d’Alzheimer. Aujourd’hui, la ­littérature scientifique foisonne d’articles mettant en évidence le rôle protecteur de différents facteurs censés intervenir de façon cruciale dans la «construction» de la réserve cognitive: posséder un niveau scolaire élevé, avoir un style de vie actif, exercer une profession d’une certaine complexité, s’adonner à des loisirs culturellement enrichissants, faire de l’exercice, avoir un réseau social étoffé, parler plusieurs langues (une étude de 2010 affirme que le diagnostic de maladie ­d’Alzheimer serait différé de 4,3 ans chez des patients ­bilingues comparés à des patients monolingues)… 

De nombreux travaux ont montré que le taux ­d’activité physique augmentait la longévité tant dans le vieillissement normal que dans la ­maladie d’Alzheimer. Ainsi, une étude de Nikolaos ­Scarmeas publiée en 2001 dans le magazine Neurology ­faisait apparaître que la courbe de survie de patients Alzheimer était sensiblement ­meilleure chez ceux qui pratiquaient quelques activités physiques et l’était plus encore chez ceux qui ­faisaient beaucoup d’exercice. Dans un registre très différent, il ­ressortait d’une autre étude qu’il y a un pourcentage moindre de patients Alzheimer chez les personnes qui assistent régulièrement à un office religieux que dans l’ensemble de la population.

Ces 2 exemples suffisent déjà à amorcer la réflexion. «Face à de tels résultats, il est difficile de faire la part des choses entre l’apport de ­l’activité en tant que telle et celui de ses effets ­collatéraux positifs, indique le professeur Stéphane Adam, responsable de l’unité de psychologie de la sénescence à l’Université de Liège (ULiège). Dans le cas des activités physiques, faut-il chercher la cause dans des paramètres bio­logiques, telle une meilleure oxygénation du ­cerveau, ou dans le fait que les individus concernés sortent de chez eux, sont confrontés à la vie extérieure, nouent éventuellement des contacts sociaux, etc. ?» Il explique par ailleurs que chez les ­personnes qui ont coutume de se rendre à la messe chaque semaine, la foi pourrait peut-être jouer un rôle dans la préservation de leurs facultés cognitives, qui sait, mais qu’il semble nettement plus probable qu’il faille mettre en exergue le fait qu’elles côtoient d’autres paroissiens, qu’elles récitent ou chantent des prières, que certaines partagent un verre ou une partie de cartes avec d’autres après l’office…

Activité physique, participation fréquente à des offices religieux: 2 illustrations parmi beaucoup d’autres. Ainsi, plus fondamentalement, diverses études soulignent que l’activité professionnelle concourt au développement de la réserve cognitive. S’il apparaît que le métier a en soi un impact positif d’autant plus important qu’il est stimulant sur le plan cognitif, il est tout aussi évident que travailler diminue l’isolement social et augmente l’estime de soi. Or, il a été bien établi que ces 2 facteurs favorisent l’essor de la réserve cognitive.

Le taux d’activité physique augmente la longévité tant dans le vieillissement normal que dans Ia maladie d’Alzheimer.

Un impact persistant 

À ce stade se pose une première question: les activités que l’on réalise à un âge relativement avancé ont-elles encore un véritable retentissement sur le cerveau ou au contraire, tout est-il joué dans la jeunesse et la première partie de l’âge adulte, c’est-à-dire lorsque la plasticité cérébrale demeure importante ? L’équipe de Stéphane Adam s’est penchée sur cette question en collaboration avec les économistes Sergio Perelman et Éric Bonsang. Pour mener à bien cette recherche, ils se sont appuyés sur les données de l’enquête SHARE (Survey on Health, Ageing and Retirement in Europe), initiée en 2004 et financée par la Communauté européenne.

«Quand nous avons entrepris nos recherches, des données relatives à 55 000 personnes de plus de 50 ans, issues de 14 pays, étaient disponibles, précise Stéphane Adam. Nous avons extrait de ­l’enquête tous les paramètres associés de près ou de loin à la question de l’activité et les avons ­croisés avec 2 tests cognitifs, l’un de mémoire, l’autre de concentration. Nous avons pu en déduire que la relation qui existe entre l’activité et les capacités de mémoire et de concentration persiste au-delà de l’âge de 60 ans.» 

Par exemple, l’étude montre qu’à l’instar de quelqu’un qui paraîtrait plus jeune que son âge, une personne encore professionnellement active à 60 ans gagne environ 1,3 an de fonctionnement cognitif par rapport à une autre du même âge, qui a arrêté de travailler depuis 0 à 4 ans. De façon analogue, pratiquer le bénévolat générerait un gain de 1,75 an. Assister à des conférences ou suivre des cours, comme à l’Université du 3e âge: 3 ans. Aller régulièrement à la messe: 0,24 an…

L’approche en vigueur dans certaines maisons de retraite peut être perçue comme une forme d’acharnement thérapeutique, voir de harcèlement teinté d’infantilisation

Ces effets sont-ils cumulatifs ? Non, évidemment. Sinon, caricaturons, la multiplication des activités nous entraînerait vers une forme d’éternité sur le plan de la santé mentale. «Quand on associe 2 paramètres, des effets d’interaction s’opèrent», commente le professeur Adam. Et d’ajouter: «Selon les études, pratiquer plusieurs activités semble bénéfique, à cette nuance près que les ressources diminuent avec l’âge. Le risque est donc leur dépassement et ses conséquences négatives sur le bien-être physique et mental.»

Aux yeux du responsable de l’unité de psycho­logie de la sénescence de l’ULiège, nous sommes face à un enjeu de société majeur: déterminer à quelles conditions des activités peuvent s’avérer propices au maintien de la «santé cognitive» des personnes âgées, ainsi qu’à l’amélioration de leur bien-être. Une enquête effectuée sous l’égide de la Fédération (belge) des institutions hospitalières (FIH) a évalué la qualité de vie des personnes résidant en institution, dans des unités spécialisées, à la suite d’une maladie d’Alzheimer ayant atteint un stade modéré à avancé. L’enquête porta sur 1 060 patients ­répartis dans 32 institutions. Sur la base d’une échelle ­d’hétéro-évaluation comportementale baptisée ADRQL, leur qualité de vie moyenne fut évaluée à 62,4%. Ce qui était mieux qu’attendu. Mais lorsqu’intervenaient des sous-échelles, on s’apercevait qu’elle était lourdement affectée à 2 niveaux: la conscience de soi, sur laquelle les soignants n’ont guère d’emprise, et le plaisir dans les activités proposées. «De surcroît, si l’on interroge des personnes normales placées en maison de repos, le diagnostic est le même sur ce dernier point. En d’autres termes, quelle que soit la personne âgée, avec ou sans maladie d’Alzheimer, elle éprouve le même déplaisir par rapport aux activités proposées !», regrette ­Stéphane Adam. 

Arthur Rubinstein 

Encourager l’activité des aînés est perçu aujourd’hui comme un enjeu de santé publique et de société. Dans ce contexte s’est développée une forme d’activisme teintée de mercantilisme. Ainsi sont apparues une foule d’activités présentées comme innovantes: zoothérapie, art-thérapie, musicothérapie, aromathérapie, stimulation cognitive, ateliers de gym tonique, tricot-thérapie, bains thérapeutiques, jardin thérapeutique… «Ça en devient horri­pilant, insiste le professeur Adam. Prenons le cas de la chouette-thérapie. On met la personne âgée en contact physique avec le rapace. Dans Paris-Match, on pouvait lire à ce propos: « Comme des psychothérapeutes, ces bêtes soignent la relation à l’autre. » Toujours selon le même article, ce serait des déclencheurs de ­souvenirs. Mais qui a un souvenir personnel en ­rapport avec une chouette ?» Et d’ironiser: «Tant qu’on y est, qu’une maison de retraite engage un kiné passionné de saut à l’élastique pour qu’il apprenne aux résidents à sauter dans le vide. S’ils tiennent un chien dans leurs bras et qu’une chouette vole à proximité, ce sera une trithérapie !»

Comment se caractérise donc une activité constructive ? Deux théories de l’adaptation – le modèle SOC et la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle – nous aident à en dessiner le profil. La litté­rature scientifique montre que la majorité des personnes âgées s’adaptent très bien à leur vieillissement et conservent une excellente qualité de vie, voire mieux.  Comment expliquer ce «paradoxe du bien-être», alors que l’avancée en âge est ­souvent le théâtre d’événements stressants tels que la maladie, le veuvage, l’institutionnalisation, etc. ? Le modèle SOC (Sélection, Optimisation, Compensation), développé en 1990 par Paul et Margret Baltes, de l’Université de ­Cambridge, nous ouvre une ­première piste.

Illustrons le propos par un exemple: celui du grand pianiste Arthur Rubinstein, qui vécut jusqu’à 95 ans. Très vieux, arthrosique, il continuait à jouer en concert avec maestria et sans partition. Comment gardait-il ce haut niveau de dextérité et de compétence malgré les effets de l’âge sur son corps et sur son esprit ? Il s’en expliqua dans une interview, alors qu’il avait 87 ans. Primo, il réduisit son répertoire, se concentrant sur 5 partitions parmi les 40 qu’il jouait de mémoire auparavant. Sélection. Secundo, il répétait globalement moins de temps que par le passé, mais s’exerçait davantage sur les partitions sélectionnées. Optimisation. Tertio, pour contrecarrer sa lenteur mécanique due à l’arthrose, il interprétait moins vite que ­précédemment les passages lents, de sorte que les passages rapides paraissaient plus rapides qu’ils ne l’étaient réellement dans son interpré­tation. Compensation.

Point essentiel: les 5 partitions que Rubinstein avait choisies étaient évidemment celles qu’il ­préférait. Cinq partitions, c’est peu, dira-t-on. Peut-être, mais grâce à elles, il continua à sortir de chez lui et à ­voyager dans le monde, à faire des concerts, à répondre aux questions des journalistes… Tout profit pour sa réserve cognitive.

Toujours en forme

Selon les travaux de Stéphane Adam et de son équipe, assister à des conférences ou suivre des cours conférerait un gain de 3 ans de fonctionnement cognitif. Voilà assurément qui souligne d’un trait gras un des intérêts des universités du 3e âge, les U3A. Rien d’étonnant, dans la mesure où les activités qui y sont proposées répondent aux «critères de qualité» mis en exergue par les chercheurs ! D’une part, élément essentiel, elles sont choisies librement par chaque participant, ce qui reflète sa motivation. D’autre part, elles sollicitent ses capacités intellectuelles, artistiques ou physiques. Enfin, elles portent en germe des effets colla­téraux résolument positifs, en particulier en favorisant les contacts sociaux.

C’est à l’initiative de Pierre Vellas, un professeur de droit international, que la première U3A vit le jour, à Toulouse en 1973. Elle ne tarda pas à faire florès. Son homologue liégeoise fut tenue sur les fonts baptismaux dès 1976 et devint peu après l’université du 3e âge la plus importante en nombre de membres, montant sur la plus haute marche du podium devant l’U3A de Toulouse, précisément, et celle de Québec. Aujourd’hui, à un peu plus 40 ans (bon anniversaire !), elle compte environ 3 800 élèves.

Toujours en forme

Au fil du temps, son offre s’est diversifiée. Aux conférences hebdomadaires des débuts, dispensées dans le cadre de l’Université de Liège, se sont greffées des activités de plus en plus nombreuses et diversifiées. Elles ont trait aux arts, à la fiscalité, à l’histoire, à l’informatique, à l’apprentissage des langues, à la littérature française et étrangère, à la musique, à la philosophie, aux sciences, au tourisme et aux techniques (de l’art floral au modelage de bijoux en passant par la photographie, notamment). La pratique de plusieurs sports est également possible, tandis que divers ateliers (peinture, théâtre, massage thaïlandais…) ont été mis sur pied.

L’U3A adhère aux principes de laïcité, de neutralité et d’égalité. Elle contribue à apporter une réponse consistante aux questions de l’isolement social de certains aînés et de la valorisation de leur «capital temps», elle participe à l’amélioration du bien-être des personnes âgées et à la lutte contre le déclin cognitif. Est-ce parce qu’elle aide à «rester jeune» plus longtemps qu’elle a calqué son calendrier sur celui de ­l’enseignement secondaire ?

u3a@skynet.be

Émotions positives

Plusieurs études ont mis en exergue qu’avec ­l’avancée en âge, nous avons tendance à nous ­centrer sur les informations positives au détriment des informations négatives. Fruit de travaux conduits par Laura Carstensen (Université de Stanford), la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle montre que ce «biais de positivité» module le réseau social de l’individu via un impact sur son étendue et sa qualité. En effet, l’envie des aînés est de fréquenter des personnes qui suscitent chez eux des émotions positives, c’est-à-dire leurs proches. Partant du principe que la qualité doit ­l’emporter sur la quantité, ils réduisent de façon substantielle l’étendue de leur réseau social. Selon Laura Carstensen, la sélection qu’ils opèrent s’explique par leur volonté, face au «sentiment de finitude», de vivre le moment présent. «Dans une maison de retraite, il ne faut donc pas promouvoir le lien social, en particulier via des activités proposées en groupe, mais le lien familial», insiste Stéphane Adam. 

Si l’on croise le modèle SOC et la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle, la notion d’émotion positive est centrale. Rappelons-nous le cas d’Arthur Rubinstein, qui avait choisi de ne plus interpréter que ses partitions favorites. Cela signifie qu’il n’est pas nécessaire, dans une optique de maintien cognitif et de qualité de vie, que la personne âgée multiplie les activités. Par les effets collatéraux positifs engendrés, quelques-unes, voire une seule, peuvent suffire. Mais encore faut-il qu’elles soient appréciées du sujet, qu’elles rejoignent ses centres d’intérêt. Généralement, ceux-ci sont chevillés à des activités qu’il a beaucoup pratiquées par le passé, pour lesquelles il a développé une expertise et des automatismes.

Or, que sait-on du fonctionnement cérébral dans le vieillissement normal ou pathologique ? Que ­l’intégrité des processus cérébraux automatiques est plus longtemps préservée que celle des processus contrôlés, de haut niveau. «Aussi confronter un individu âgé, et plus encore un patient Alzheimer, à une situation nouvelle revient souvent à le placer dans une situation d’échec, précise le professeur Adam. Mieux vaut lui proposer des activités habituelles ou proches de celles qu’il pratiquait par le passé; elles le mettront en situation de confort.»

La cuisine peut être une compétence à partager pour un raffermissement des liens sociaux et familiaux. 

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Les mots pour le dire 

C’est là que les effets collatéraux positifs jouent à plein. Le responsable de l’unité de psychologie de la sénescence nous en donne un exemple. Une dame souffrant de la maladie d’Alzheimer à un stade modéré était incapable de recopier 2 figures géométriques pourtant simples en apparence. Auparavant, elle était peintre et réalisait des portraits et des natures mortes aux pastels, mais avait stoppé son activité 2 ans plus tôt en raison de sa maladie. Elle ne voulait plus toucher à un pinceau, se jugeant incapable d’encore produire quoi que ce fût. «Au début, je lui disais: « Vous devriez reprendre la peinture, c’est bon pour le cerveau », mais sans résultat, explique Stéphane Adam. Par contre, en lui disant par la suite: « C’est passionnant, la peinture. J’ai vraiment envie de vous voir à l’œuvre, montrez-moi », je l’ai convaincue de s’y remettre. Elle dessina alors rapidement des légumes avec une bonne précision. Elle ne le fit pas dans un but thérapeutique, mais parce qu’elle avait une compétence qu’elle voulait me faire partager.»

Comment expliquer ce contraste ? Elle était dans l’incapacité de reproduire des figures géométriques parce qu’il s’agissait d’une activité nouvelle pour elle, tandis que dessiner des légumes correspondait beaucoup plus à ce qu’elle peignait par le passé. C’était donc plus habituel et plus automatique, comme quand nous prenons notre voiture et nous rendons «les yeux fermés» de notre domicile à notre lieu de travail.Par ailleurs, les dessins que la patiente réalisait changèrent le regard de sa fille à son égard. Elle en récolta une plus grande estime de soi, un sentiment d’utilité, un raffermissement de ses liens sociaux et familiaux, notamment par le biais des conseils de dessin qu’elle pouvait à nouveau donner à ses petits-enfants – autant de facteurs prédictifs de qualité de vie et de bien-être dans le vieillissement. Accessoirement, elle stimulait sa cognition.

Dans la plupart des institutions pour personnes âgées, les professionnels voient d’un mauvais œil qu’un pensionnaire se focalise sur une seule activité. C’est ainsi, par exemple, qu’une dame qui s’adonne au tricot toute la journée pourra être poussée à diversifier ses centres d’intérêt. Les travaux scientifiques soulignent le caractère délétère de telles incitations. «C’est comme si l’on avait dit à Rubinstein: « Chopin, c’en est assez. Allez, on va jouer du biniou maintenant ! »», dénonce le professeur Adam.

Un outil sous-utilisé

Il est simpliste de proposer à tous les aînés les mêmes activités, en partant du principe qu’elles seraient bénéfiques à chacun d’eux. Pis: pour Stéphane Adam, l’approche en vigueur dans certaines maisons de retraite peut être perçue comme une forme d’acharnement thérapeutique, voire de ­harcèlement teinté d’infantilisation.

À ses yeux, la première question que doivent se poser les thérapeutes ou les soignants n’est pas «Qu’avons-nous à apporter aux aînés pour les stimuler ?», mais «Qu’avons-nous à apprendre d’eux ?». Prenons l’exemple de la thérapie par réminiscence, destinée aux patients Alzheimer. Des images, des photos, des odeurs, des musiques… leur sont présentées. La mémoire des faits anciens étant habituellement la dernière à se détériorer chez ces malades, l’idée est de faire remonter à la surface des souvenirs personnels, un peu selon le principe de la madeleine de Proust, et ainsi d’aider les personnes concernées à maintenir un sentiment d’identité et d’appartenance, à améliorer leur vie sociale et à mieux percevoir le continuum qui relie leur passé et leur présent.

Avec l’avancée en âge, les individus accordent une importance croissante au émotions positives et axent de moins en moins leurs choix sociaux sur des rapports superficiels.

Cette approche est cohérente, mais ses modalités d’application sont très critiquables. Montrer une photo de la Tour Eiffel à 10 patients et demander à chacun d’eux, dans un cadre thérapeutique, quels souvenirs personnels évoque cette photo est scolaire, infantilisant et ne génère aucun effet bénéfique par stimulation de l’estime de soi ou d’un sentiment d’utilité. «Autre chose est d’apprendre qu’un patient a vécu à Paris, de tomber la blouse blanche, de s’asseoir à côté de lui et de solliciter simplement ses conseils sur les quartiers à visiter, les bons restaurants, etc., indique Stéphane Adam. C’est la même «activité», à savoir récupérer des souvenirs personnels, à ceci près qu’ici la personne a le sentiment qu’on s’intéresse à elle (ce qui stimule l’estime de soi) et que l’information qu’elle donne est utile à son interlocuteur (sentiment d’utilité). Cela génère chez elle bien-être et qualité de vie.»

Et le psychologue de conclure que la simple conversation, la «papote» orientée sur l’histoire personnelle est probablement l’outil thérapeutique le plus sous-estimé et sous-utilisé dans les institutions pour personnes âgées.

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