Qui est-ce?

Biruté Galdikas

Jacqueline Remits •  jacqueline.remits@skynet.be

Simon Fraser University – Communications & Marketing, Jane Goodall Institute

Je suis…

Une primatologue et éthologue canadienne, mondialement reconnue pour mes travaux sur les orangs-outans. Mes parents, Antanas et Filomena Galdikas, lituaniens, ont fui la prise de pouvoir soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est ainsi que je suis née en Allemagne alors que nous étions en route pour le Canada. J’ai 2 ans quand nous atteignons enfin ce pays où mon père a signé un contrat pour travailler dans une mine de cuivre au Québec. L’année suivante, nous déménageons à Toronto où mon père travaille encore comme mineur, avant de se reconvertir dans l’entreprenariat. Je grandis dans cette ville avec mes 2 jeunes sœurs. Enfant, j’ai la tête remplie de visions de forêts lointaines et de créatures exotiques, particulièrement des singes. À 6 ans, dans le premier livre que j’emprunte à la bibliothèque publique, je lis un conte sur un homme au chapeau jaune et son petit singe malicieux. En 2e année, je décide que je serai exploratrice et scientifique ! Plus tard, je découvre les différents travaux menés par les primatologues Jane Goodall et Dian Fossey (voir Athena n° 339 et n° 334) dans la revue National Geographic. En 1962, nous déménageons à Vancouver, puis dans le sud de la Californie. Je m’inscris à l’Université de Los Angeles (UCLA). J’y étudie la psychologie, l’archéologie et l’anthropologie. En 1966, je suis diplômée en psychologie et en zoologie de l’UCLA et l’Université de la Colombie-Britannique. J’obtiens une maîtrise d’anthropologie la même année. Dans le cadre de mon étude sur les orangs-outans, je rencontre le paléoanthropologue Louis Leakey. Je lui fais part de mon désir d’étudier ces singes dans leur habitat naturel. Je mettrai 3 ans à le convaincre de m’aider en rassemblant les fonds nécessaires pour mes recherches et ma thèse. Leakey et la National Geographic Society conviennent d’établir un centre de recherche sur l’île de Bornéo en Indonésie, pour que je puisse étudier ces grands singes. En 1971, avec mon mari de l’époque, Rod Brindamour, un photographe, je pars pour l’un des endroits les plus inhospitaliers au monde, la réserve Tanjung Puting. Il n’y a alors ni téléphone, ni route, ni électricité, ni service postal régulier. Avant de quitter les États-Unis, mes professeurs ne manquent pas de m’avertir qu’il me sera impossible d’étudier les orangs-outans dans la nature, à l’état sauvage. Jusqu’à mon départ, on les définissait alors comme impossibles à approcher. Ma détermination est plus grande que ces avertissements. Et rapidement récompensée. Avant la fin de l’année, je crée le Camp Leakey, près de la mer de Java. Je m’installe dans une cabane primitive faite d’écorces et de chaume. Je fais connaissance avec des braconniers, des sangsues et des insectes carnivores. Petit à petit, mon travail ultra patient me permet de me rapprocher de ces singes très méfiants. En 1975, je fais la couverture du National Geographic, portant un orang-outan dans les bras. Je retiens ainsi, pour la première fois, l’attention du public international sur ce singe. En 1978, je passe ma thèse de doctorat en anthropologie à l’UCLA. Plus tard, j’épouserai Pak Bohap, un cultivateur de riz.

  

À cette époque…

Le jour de ma naissance, le 10 mai 1946, est aussi celui de l’élection du pandit Nehru à la présidence du Congrès national indien. Le 30 janvier 1948, l’année où j’arrive avec ma famille à Toronto, Gandhi est abattu par un fanatique hindou. En 1966, quand je suis diplômée en psychologie et zoologie, pour la première fois, les États-Unis font jeu égal avec les Soviétiques dans la conquête spatiale, la sonde lunaire Surveyor 1 arrivant sur la Lune, après un vol de 3 jours. Trois ans plus tard, lorsque je passe ma maîtrise d’anthropologie, Neil Armstrong et Edwin Aldrin, propulsés par la fusée Apollo 11, sont les premiers hommes à marcher sur la Lune. En 1971, quand j’arrive à Bornéo, le jazz perd son musicien le plus célèbre, Louis Armstrong. En 1986, quand je fonde l’OFI, ma fondation, 2 nouveaux pays entrent dans la Communauté européenne, l’Espagne et le Portugal. L’Europe compte alors 12 États membres.

  

J’ai découvert…

Suite à mes nombreuses observations et ma longue étude des orangs-outans, j’ai apporté de nouvelles connaissances scientifiques sur ces singes. Ainsi, j’ai pu observer plus de 400 types d’aliments dans leur régime alimentaire. J’ai décrit leur reproduction, leur organisation sociale, leur comportement en matière d’habitat, d’alimentation. Jusque-là, les orangs-outans étaient beaucoup moins compris que les grands singes africains. J’ai également apporté des contributions importantes à la compréhension scientifique de la biodiversité de l’Indonésie et de la forêt tropicale dans son ensemble, tout en portant l’orang-outan à l’attention du monde. Parallèlement, je mène un véritable combat pour la défense des orangs-outans. Je les défends face aux braconniers et à la déforestation au profit de plantations de palmiers à huile. Je persévère à travers mes nombreux travaux pendant plus de 30 ans. J’enseigne et je participe activement à la diffusion des informations que j’ai collectées sur ces singes et leur habitat, la forêt humide tropicale auprès des Indonésiens et à l’étranger. Je reste chercheuse à l’Université Simon Fraser, près de Vancouver, en Colombie-Britannique, à l’ouest du Canada.

Saviez-vous que…

En 1986, pour subvenir aux besoins de son travail à Camp Leakey et aider à soutenir les orangs-outans partout dans le monde, Biruté Galdikas crée, avec le Dr Gary Shapiro, l’Orangutan Foundation International (OFI), la Fondation internationale des orangs-outans, dont elle est présidente. Basée à Los Angeles, cette fondation est également représentée en Australie, en Indonésie, au Royaume-Uni et en France.

Biruté a écrit plusieurs livres sur cette espèce menacée de disparition et classée en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Sa passion l’a menée également à se battre pour la préservation de son habitat naturel en perpétuelle diminution, ainsi que pour la reconnaissance des populations locales, de leur culture et de leur environnement. 

Ses travaux sont reconnus mondialement. En Lituanie, soutenus par la banque Ukio Bank, ils ont permis une évolution des mentalités. En 1995, elle est décorée Officier de l’Ordre du Canada. En 1997, elle reçoit le prix Kalparatu, la plus haute distinction décernée en Indonésie. Elle est la première femme étrangère à recevoir ce prix prestigieux, ainsi que le Prix Tyler pour ses travaux environnementaux. En 2011, au cours d’un séjour en Lituanie, elle reçoit le titre de l’Ordre du Mérite. Elle est présidente d’honneur de la Ligue de protection des orangs-outans.

Biruté Galdikas et ses 2 autres collègues primatologues, Dian Fossey, spécialiste des gorilles, et Jane Goodall, spécialiste des chimpanzés, ont reçu le surnom de Leakey Angels (anges de Leakey), du nom du primatologue Louis Leakey, leur mentor qui les avait, quant à lui, nommées les Trimates.

Dian Fossey, Jane Goodall et Biruté Galdikas. 

  

À lire

«Sur les traces des grands singes avec Jane Goodall, Dian Fossey et Biruté Galdikas», de Wicks Maris et Ottaviani Jim (2016), et «Souvenirs d’Eden, Ma vie avec les orangs-outans de Bornéo», de Biruté Galdikas (Belfond, 1999).


Naissance 

10 mai
1946, Wiesbaden
(Hesse, Allemagne)

Nationalité

Canadienne

Situation familiale 

Mariée
deux fois

Diplôme 

Anthropologie
de l’Université de Californie à Los Angeles

Champs de recherche 

Primatologie,
étude des orangs-outans

Distinctions 

Ordre
du Canada (1995), Tyler Prize for Environmental Achievement (1997)

Share This