Espace

Quoi de neuf dans l’espace ?

Théo PIRARD  • theopirard@yahoo.fr

NASA-ESA

Du 25 septembre au 3 octobre, le pilote émirati Hazza al-Mansouri a effectué un séjour dans l’Iss (International Space Station). Durant une semaine, il a effectué des expériences en compagnie de 8 personnes: 4 astronautes américains (dont 2 femmes), 3 cosmonautes russes et l’astronaute italien Luca Parmitano qui est commandant de bord

Hazza al-Mansouri, le pilote des Émirats, au centre

  

C’était le premier citoyen des Émirats Arabes Unis à avoir vécu une mission spatiale. C’est le fruit d’une coopération avec Roscosmos, l’agence spatiale russe. Ce qui démontre l’intérêt pour l’espace de cette jeune Fédération de 7 États née en 1971 et dont la capitale est Abou Dhabi. Cet ensemble de 7 émirats en bordure du Golfe Persique compte une population de 9,5 millions d’habitants – dont 90% sont des immigrés – sur une superficie équivalente à celle du Benelux. Il connaît un bel essor grâce aux ressources de l’or noir et comme plateforme du commerce international.

 

Dans quelle mesure cette fédération, forte de ses richesses, veut avoir sa place dans l’espace ?

Cette région du globe entend devenir un pôle incontournable de technologie spatiale. S’appuyant sur une jeunesse dynamique qui part étudier dans des institutions de renom, il s’agit de se positionner pour le futur d’après-pétrole. Mise sur pied en 2014, l’Uaesa (United Arab Emirates Space Agency) multiplie les coopérations dans le monde entier. Elle vient de définir une stratégie nationale de l’espace jusqu’en 2030, qui s’articule autour de 6 objectifs principaux: accroître le savoir-faire local, établir une expertise nationale de haut niveau, renforcer tant les partenariats que les investissements, développer un environnement législatif ainsi qu’une infrastructure qui favorise les initiatives dans le domaine spatial.

  
Les Émirats mettent déjà en œuvre des satellites ?

Il y a 2 opérateurs de satellites géostationnaires pour les télécommunications: Thuraya pour les services mobiles, Yahsat pour les liaisons haut débit. Ce duo a d’ailleurs fusionné pour proposer une offre globale. De son côté, le Mbrsc (Mohammed bi Rashid Space Centre) s’est lancé dans le développement de satellites d’observation. Il a établi un partenariat technologique avec la société sud-coréenne Satrec Initiative, spécialisée dans la réalisation de petits satellites. Il s’est doté d’une infrastructure pour les tests, l’intégration et l’exploitation de ces «yeux» sur orbite nommés Dubaisat et Khalifasat. Par ailleurs, les forces armées des Émirats ont décidé de s’équiper des satellites-espions Falcon Eye: 2 ont été commandés à l’industrie française pour des lancements Arianespace (avec Vega). 

  

Présence émirati autour de Mars: qu’en est-il ?

Pour célébrer ses 50 années, la fédération des Émirats s’offre une mission martienne avec la sonde Al-Amal (qui signifie espoir) de quelque 1,5 t: mise en œuvre par le Mbrsc avec des instruments émirati et américains, elle doit être lancée en juillet 2020 par la fusée japonaise H-IIA. Au début de 2021, elle ira se placer autour de Mars pour des observations scientifiques (étude des composants et changements de l’atmosphère).  


Mais encore…

Souriez: vous êtes vus par l’Empire du Milieu !

Durant les 9 premiers mois de l’année, Pékin a procédé à 18 lancements réussis de satellites. La moitié de ces mises sur orbite concernaient des systèmes pour l’observation du milieu terrestre dans différents spectres, avec plusieurs résolutions, sous divers angles. La très officielle Cast (China Academy of Space Technology) développe des mini-satellites de télédétection qui sont régulièrement lancés pour former des constellations. Par ailleurs, il existe de façon discrète une réelle compétition, et donc émulation, entre les instituts technologiques en Chine pour maîtriser des senseurs sur des micro-, voire nano-satellites.

Les Chinois, grâce à leur panoplie d’observatoires variés au-dessus de nos têtes, seront les mieux informés sur les caractéristiques et ressources de l’environnement global. Avec l’intelligence artificielle, ils sont bien décidés à connaître les activités et richesses sur notre planète. On peut dès lors s’interroger sur ce qui nous attend avec l’envahissant made in China dans les prochaines années. Le monde occidental ne semble guère s’inquiéter des ambitions d’une société pluriethnique, sous régime communiste, qui s’est, depuis 1979, lancé le défi d’être la première puissance économique.

Six jours de silence pour Galileo

Le système européen de navigation par satellites, le seul qui ait une finalité civile, a connu une très sérieuse panne du 11 au 17 juillet. Une dramatique interruption de service pour son milliard d’utilisateurs dans le monde, qui est dans un premier temps passée inaperçue car les puces qui équipent les récepteurs de localisation fonctionnent tant avec le Gps (Global Positioning System) américain qu’avec Galileo. Il faut regretter que la European Gsa (Gnss/Global Navigation Satellite System agency), responsable du système, n’ait pas réussi à identifier plus rapidement la cause du silence des 24 satellites de la constellation, propriété de la Commission européenne.

L’origine du problème réside dans la complexité de l’infrastructure au sol. Deux centres de contrôle, gérés par des consortiums différents, sont chargés de garantir le bon fonctionnement de Galileo: à Fucino (Italie) et à Oberpfaffenhofen (Allemagne). Leur redondance a fait défaut au moment de la mise à jour logicielle. Il a fallu attendre près d’une semaine pour restaurer le service que l’on décrit comme plus performant que celui des concurrents à caractère militaire que sont le Gps, le Glonass russe et le Beidou chinois. 


Malédiction pour se poser sur la Lune !

Les Indiens comptaient bien, le 6 septembre, y faire arriver leur atterrisseur Vikram qui transportait le micro-rover Pragyan. Largué par la sonde Chandrayaan-2 sur orbite lunaire depuis le 20 août, il a manœuvré correctement jusqu’à 2 km au-dessus du sol lunaire. L’Isro (Indian Space Research Organisation) s’était fixé l’objectif ambitieux d’explorer un site au Pôle Sud de notre satellite naturel. Elle a perdu le contact lors de la délicate descente vers la surface. La mission Chandrayaan-2 n’a pu créer la surprise en réalisant un exploit de fierté nationale pour l’Inde.

Cet échec met en évidence la difficulté d’arriver en douceur dans ce monde désolé à moins de 400 000 km de la Terre. À ce jour, seuls 21 engins ont réussi à alunir: 8 Luna russes (entre 1966 et 1976), 5 Surveyor américains, 6 atterrisseurs habités du programme Apollo (1969-1972), 2 Chang’e chinois (2013 et 2019). Le retour d’échantillons de la surface lunaire est à l’actif de 6 missions habitées Apollo (382 kg au total) et de 3 sondes Luna (près de 300 g). La Chine a programmé la mission automatique Chang’e-5 pour prélever des spécimens du sol lunaire pour 2020.

Lancement réussi pour le satellite d’observation ZiYuan-1 02D, le 12 septembre 2019

Belle pléthore de lanceurs chinois de satellites : de quoi répondre à tous les besoins

La constellation prévue de 20 Galileo

… reste à compléter pour être pleinement opérationnelle

Ultimes préparatifs de l’atterrisseur Vikram et de son micro-rover Pragyan qui se sont écrasés au Pôle Sud lunaire

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