Dossier

Désir
sexuel: une affaire de cerveau 

©Adapté de Stoléru et al., Psychiatry Research : Neuroimaging, 2003, ©BELGAIMAGE

Que se passe-t-il dans le cerveau des hommes et des femmes lorsqu’ils ressentent du désir sexuel ? Les progrès des techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle ont permis aux neuroscientifiques de déceler dans le cerveau les mécanismes qui orchestrent la symphonie du désir et de l’excitation sexuels. Les troubles de la sexualité y trouvent un éclairage nouveau

 

Quels sont les soubassements cérébraux du désir sexuel humain ? La réponse à cette question a flotté longtemps dans les limbes de la science, jusqu’à l’avènement des techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle qui permettent de «voir le cerveau en action». Psychiatre, docteur en psychologie et chercheur de l’Inserm (Institut national français de la santé et de la recherche médicale) à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, le docteur Serge Stoléru est l’un des premiers à avoir eu recours à la tomographie par émission de positons (PET scan) et à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour traquer dans le cerveau les régions impliquées dans le désir et l’excitation sexuels. Les unes, nous le verrons, jouent un rôle activateur; d’autres, un rôle inhibiteur afin de réfréner d’éventuels passages à l’acte intempestifs en désaccord avec la morale et les codes sociétaux.

L’attirance sexuelle qu’une personne éveille chez une autre dépend de multiples facteurs. Sans doute l’âge, le sexe et les caractéristiques physiques jouent-ils un rôle majeur, mais il faut y adjoindre des facteurs culturels, tels que la mode, ou encore les goûts personnels et l’orientation sexuelle de l’observateur. Les connaissances actuelles indiquent que l’évaluation de la désirabilité d’une personne aux yeux d’une autre est du ressort d’une structure située juste derrière la face inférieure du front, au-dessus des orbites: le cortex orbitofrontal latéral, lequel soupèserait en quelque sorte les différents arguments que peut faire valoir la personne observée et rendrait son verdict. Celui-ci ne serait ni blanc ni noir mais nuancé sous l’action du cortex orbitofrontal latéral droit, qui déterminerait le degré de désirabilité de l’homme ou de la femme faisant l’objet de l’évaluation. «De plus, dans le cas où la personne est évaluée comme effectivement très attirante, l’activation du cortex orbitofrontal est le substratum cérébral du plaisir trouvé à regarder cette personne. C’est un peu comme si le cortex orbitofrontal nous donnait la perception préliminaire, comme un avant-goût, du plaisir qui pourrait être ressenti avec cette personne si elle devenait un ou une partenaire sexuel(le)», écrit Serge Stoléru dans son livre Un cerveau nommé désir (2016, Odile Jacob).

Il semble par ailleurs que pour asseoir son jugement, le cortex orbitofrontal latéral se réfère notamment à des souvenirs d’expériences antérieures, certaines ressenties comme agréables, d’autres comme désagréables. Pour ce faire, il bénéficie de ses nombreuses connexions avec des régions (en particulier l’hippocampe) remplissant un rôle crucial dans la mémoire épisodique, c’est-à-dire la mémoire des événements personnellement vécus. Il accède ainsi à des souvenirs détaillés avec la richesse émotionnelle qui les caractérisent. Toutefois, les expériences vécues ne sont pas les seules fondations sur lesquelles repose son «travail d’évaluation», qui, rappelons-le, prend en compte de nombreux facteurs. Ainsi, il a été établi expérimentalement chez des enfants de 2 à 3 mois que l’attirance exercée par la beauté est en partie innée. De même, il apparaît qu’au-delà des stéréotypes culturels, les adultes jugent que plus un visage est symétrique, plus il est beau.

En réponse à la présentation de stimuli sexuels visuels, une seule région, le cortex orbitofrontal médial, est plus activée chez les patients présentant un désir sexuel hypoactif que chez les participants sans problème clinique. Cette coupe verticale, qui passe 2 mm à droite de la ligne médiane, a été obtenue à partir d’une IRM structurelle sur laquelle a été projetée la différence entre les activations cérébrales recueillies par tomographie par émission de positons dans les 2 groupes. Elle apparaît en jaune dans la partie droite de la figure.

 

Les connaissances actuelles indiquent que l’évaluation de la désirabilité d’une personne aux yeux d’une autre est du ressort d’une structure située juste derrière la face inférieure du front: le cortex orbitofrontal latéral, lequel soupèserait les arguments que peut faire valoir la personne observée et rendrait son verdict

 
Quatre pôles 

Serge Stoléru indique que le cortex orbitofrontal latéral ne se confine pas dans une tâche d’évaluation, mais qu’il en tire aussi les conséquences. «C’est une véritable plaque tournante du désir sexuel, à partir de laquelle se déploient les différentes dimensions de l’excitation sexuelle», commente-t-il. Ce statut lui vient de sa faculté à transmettre le signal représentatif de son évaluation à de multiples autres régions du cerveau. C’est pourquoi le neuroscientifique et son équipe ont proposé un «modèle neurophénoménologique de l’excitation sexuelle», qui fait largement autorité aujourd’hui. Il comprend 4 pôles: les composantes cognitive, motivationnelle, émotionnelle et corporelle.

La première nous amène à considérer certains stimuli comme sexuels, contrairement à d’autres, et à diriger notre attention vers eux. La deuxième correspond au désir sexuel proprement dit. «Elle tend à nous mobiliser vers l’objet de notre attirance», dit Serge Stoléru. Pour sa part, la composante émotionnelle est le réceptacle du bouleversement, du plaisir et d’autres émotions que peut susciter en nous cette attirance. Enfin, la composante corporelle est le siège de nos réactions génitales, hormonales, etc. Selon le modèle des neuroscientifiques de l’Inserm, à chacune de ces 4 composantes correspond l’activation de régions précises du cerveau.

Le signal émanant du cortex orbitofrontal latéral entraîne des activations cérébrales en cascade qu’il serait fastidieux de décrire dans cet article. Mais si l’on se limite aux étapes initiales, celles de la transmission du signal représentatif de son évaluation de la désirabilité d’une personne, on observe que ce signal est envoyé à différentes structures étroitement liées aux aspects motivationnel, émotionnel, corporel et cognitif de l’excitation sexuelle.

Ainsi, le signal est transmis au nucleus accumbens, communément qualifié de «centre du plaisir», de même qu’à l’aire tegmentale ventrale et à la substance noire, régions qui, selon Serge Stoléru, fournissent au désir son élan moteur via la libération d’un neurotransmetteur, la dopamine, à destination du cortex et du striatum. C’est du creuset des relations qu’entretient le cortex orbitofrontal latéral avec le nucleus accumbens, l’aire tegmentale ventrale et la substance noire qu’émane la composante motivationnelle de l’excitation sexuelle.

La composante émotionnelle se fonde pour sa part sur la transmission du signal aux régions sous-tendant la production des émotions, dont en particulier l’insula et le noyau amygdalien, lesquels remplissent un rôle cardinal dans notre vécu émotionnel en situation sexuelle.

L’hypothalamus reçoit lui aussi des afférences en provenance du cortex orbitofrontal. Via certains de ses noyaux, il est le chef d’orchestre des réactions corporelles inhérentes à l’excitation sexuelle. L’érection, par exemple.

Quant à la composante cognitive du modèle proposé, elle se subdivise en 2 branches. D’une part, la tâche d’évaluation, placée entre les mains du cortex orbitofrontal latéral; d’autre part, la mobilisation attentionnelle – le sujet tend à focaliser son attention sur la personne qu’il a jugée sexuellement attirante – qui est chevillée à une activation du lobule pariétal supérieur. Cette activation est très perceptible dans les expériences où les participants se voient présenter des images érotiques.

 
Mécanismes inhibiteurs

De multiples régions cérébrales sont mises à contribution pour conduire à l’émergence du désir sexuel, à sa montée vers l’excitation, puis à l’éventuel passage à l’acte. Par exemple, les régions corticales prémotrices, dont plusieurs sont étroitement connectées avec le cortex orbitofrontal. C’est le cas de l’aire prémotrice du cortex cingulaire antérieur. On ne s’en étonnera pas quand on sait que la stimulation électrique de celui-ci chez le singe peut amener l’animal à produire des mouvements de masturbation. «Chez l’être humain, écrit Serge Stoléru, il arrive, certes rarement, lors de certaines crises épileptiques, que les patients effectuent les mouvements de poussée du bassin typiques du coït. Or des chercheurs ont montré que dans certains de ces cas, le point de départ de la décharge épileptique se trouvait dans le cortex cingulaire.»

Cet exemple en est un parmi beaucoup d’autres. En effet, on pourrait citer un foisonnement de régions cérébrales dont l’activation sert de soubassement aux divers aspects du grand puzzle du désir sexuel et de sa concrétisation en actes. Au fantasme l’activation de telles régions, à la motivation celle de telles autres régions, etc. Toutefois, la sexualité ne s’appuie pas uniquement sur des mécanismes d’activation, mais également sur des mécanismes d’inhibition. Sans ces derniers, c’est-à-dire si, en toute circonstance, notre cerveau laissait libre cours à la montée de l’excitation sexuelle et à l’expression motrice du comportement subséquent, le harcèlement deviendrait la règle et l’on pourrait assister à une débauche de relations sexuelles qui s’accompliraient en contraignant autrui ou dans un contexte social rendant le passage à l’acte inapproprié. Mais l’inhibition ne doit évidemment pas toujours être de mise. Car la levée temporaire de certains mécanismes inhibiteurs est indispensable à la saine montée de l’excitation et à l’accomplissement d’une sexualité épanouie.

Les travaux en neuroimagerie fonctionnelle entrepris par le groupe de Serge Stoléru ont permis de postuler l’existence de 3 mécanismes inhibiteurs, dont les 2 premiers ont pour mission de réfréner la montée de l’excitation sexuelle et le troisième, de «verrouiller» la porte du passage à l’acte. À travers leurs études, les neuroscientifiques de l’Inserm ont montré que certaines régions cérébrales, situées principalement dans les lobes temporaux, étaient d’autant moins activées que l’excitation sexuelle était forte. Aussi ont-ils émis l’hypothèse que cette désactivation serait nécessaire pour autoriser la montée de l’excitation sexuelle. Par corollaire, leur activation jouerait le rôle d’un frein qui ferait obstacle à l’éclosion de comportements inappropriés dans la vie sociale, tels le harcèlement, l’exhibitionnisme, le viol…

   

DE NOUVEAUX TRAITEMENTS ?

Les problèmes sexuels (perte ou excès du désir, comportements moralement répréhensibles, addiction à la pornographie, paraphilies…) s’éclairent d’un jour nouveau à la lumière des connaissances issues de la neuroimagerie fonctionnelle. À côté des psychothérapies et des sexothérapies classiquement utilisées, 3 techniques pourraient a priori avoir un avenir pour la prise en charge des troubles sexuels: le neurofeedback basé sur l’IRMf (ou sur l’électroencéphalographie) en temps réel, la stimulation magnétique transcrânienne et la stimulation transcrânienne à courant continu.

La première est la seule à réclamer une participation active du patient qui, recevant en temps réel des informations visuelles faisant état du niveau d’activité d’une région cérébrale déterminée, s’efforce d’apprendre à la moduler. Les 3 techniques partagent la même logique: en fonction du trouble sexuel à traiter, il s’agit de stimuler ou de réduire le niveau d’activité de certaines régions corticales activatrices ou inhibitrices. Chez les patients présentant une perte du désir sexuel, par exemple, l’objectif pourrait être de diminuer l’activité de leur cortex orbitofrontal médial en présence de stimuli érotiques afin de les libérer de l’inhibition qui pèse sur la saine montée de leur désir sexuel. De même, autre illustration, si le but poursuivi est d’enrayer une addiction sexuelle, la réduction de l’activité de régions activatrices, tel le cortex orbitofrontal latéral droit, pourrait offrir une voie de solution.

Toutefois, ces traitements, qui en sont encore à un stade expérimental, doivent encore faire la preuve de leur efficacité réelle et leur pertinence à long terme dans le cadre des troubles sexuels.

 
Réfréner le passage à l’acte 

Un deuxième mécanisme inhibiteur est celui que Serge Stoléru appelle la «dévaluation du caractère érotique». De quoi s’agit-il ? Lors d’une expérience basée sur la projection d’images érotiques, des patients en proie à une baisse drastique du désir sexuel présentèrent, en toute logique, une excitation nettement moindre que des sujets contrôles. Tout aussi logiquement, plusieurs régions cérébrales dont l’activité est «dopée» par des stimuli érotiques chez les sujets sans problème de désir se révélèrent beaucoup plus silencieuses chez les patients à la libido en berne. À ce constat s’en greffa un autre: une activation très supérieure du cortex orbitofrontal médial chez ces derniers. Plus précisément, cette structure demeurait très active chez les patients, alors que son activité s’effondrait en réponse à la vue d’images érotiques chez les sujets contrôles.

Se référant à des travaux chez le singe, Serge Stoléru rapporte qu’à la suite de l’activation du cortex orbitofrontal médial, un stimulus, quelle qu’en soit la nature, perd sa valeur motivante. Cette région s’active quand un animal apprend à ne plus répondre à un stimulus lorsque la réponse à ce dernier n’est plus suivie d’une récompense. Chez les patients confrontés à une chute du désir sexuel, le maintien de l’activité du cortex orbitofrontal médial ôterait toute valeur érotique aux stimuli, sapant par là même la possibilité d’une excitation sexuelle. Cette découverte suggère que les patients ont vécu des expériences qui pourraient leur avoir laissé le souvenir qu’il n’y a aucune satisfaction à attendre d’une interaction sexuelle. Dans les troubles du désir, ce phénomène d’inhibition est durable, mais tout indique qu’il a également voix au chapitre chez le sujet sain, de façon temporaire, à chaque fois que l’expression du désir apparaît inappropriée.

Même chez les sujets exempts de toute exacerbation pathologique du désir sexuel, il se peut que les deux premières «lignes de défense» soient néanmoins submergées et que l’excitation sexuelle se soit imposée à l’instar d’une marée montante qui risquerait de rompre la digue empêchant un passage à des actes inappropriés – importuner, harceler, toucher, caresser, violer… C’est ici que doivent intervenir théoriquement les derniers «verrous cérébraux», dont la mission est de réfréner la motricité, d’inhiber les mouvements du passage à l’acte. Des expériences de neuroimagerie fonctionnelle menées chez des volontaires se voyant projeter des films érotiques (excitation), mais ayant pour instruction de rester immobiles dans le scanner (motricité enrayée), ont permis d’identifier les mécanismes inhibiteurs concernés. Ils se manifestent au niveau de 2 structures. La première, corticale, baptisée «cortex de sélection de la réponse», appartient au cortex cingulaire, ruban de matière grise situé sur la face interne de chaque hémisphère; la seconde, sous-corticale, est le noyau caudé. En cas de lésion des noyaux caudés des 2 hémisphères cérébraux, les patients déploient des comportements d’hypersexualité. «

Ainsi (…), une jeune femme jusqu’alors posée s’est mise à voler dans les magasins et à s’exhiber en public», écrit le chercheur de l’Inserm dans Un cerveau nommé désir.

Chez les patients présentant une perte de libido, une voie thérapeutique envisageable serait de diminuer l’activité de leur cortex orbitofrontal médial en présence de stimuli érotiques afin de les libérer de l’inhibition qui pèse sur la montée de leur désir sexuel.

 
Hommes et femmes  

Les études sur le désir sexuel ont été réalisées le plus souvent avec des participants masculins. Pourquoi ? Essentiellement pour des raisons d’ordre méthodologique. D’une part, le recours à la pléthysmographie pénienne, qui traduit le degré d’érection, permet d’obtenir aisément une mesure de l’excitation sexuelle chez l’homme, alors que le degré objectif d’excitation féminine est plus complexe à déterminer. D’autre part, le cycle menstruel chez la femme introduit une variable supplémentaire dont il convient de tenir compte.

Dans une expérience dont les résultats furent publiés en 2005, Meredith L. Chivers, de la Queen’s University au Canada, et J. Michael Bailey, de la Northwestern University aux États-Unis, utilisèrent la pléthysmographie pénienne et l’«amplitude du pouls vaginal» pour effectuer des mesures objectives de l’excitation sexuelle chez les hommes et chez les femmes. Des films présentant des interactions sexuelles entre des hommes et des femmes, entre des hommes, entre des femmes et entre des bonobos femelles et mâles furent diffusés à des volontaires hétérosexuels des 2 sexes, ainsi que des films sans connotation sexuelle. Chez les participantes, les réactions génitales (pouls vaginal) étaient les mêmes que les films soient le théâtre de relations sexuelles hommes-femmes, femmes-femmes ou hommes-hommes. En outre, elles étaient plus prononcées à la vue de films montrant des relations copulatoires entre des bonobos qu’à celle de films «neutres». Par contre, l’excitation subjective rapportée par ces femmes hétérosexuelles se révéla plus importante en réponse aux films hommes-femmes qu’aux films femmes-femmes ou hommes-hommes.

Chez les hommes, c’est une autre vérité qui se dévoila. «L’excitation sexuelle, tant objective que subjective, en réponse aux films hommes-femmes était plus élevée qu’en réponse aux films hommes-hommes; par contre, les réponses érectiles ne différaient pas selon que le film montrait des interactions hommes-femmes ou femmes-femmes», indique Serge Stoléru.

Mais que se passe-t-il sur le plan cérébral ? En 2013 fut publiée une étude dont le premier auteur était David Sylva, de la Northwestern University. Des films analogues à ceux utilisés en 2005 dans l’expérience de Chivers et Bailey furent projetés à des hommes et des femmes hétérosexuels et homosexuels. Chez les hommes, on observa de fortes activations cérébrales pour le genre qui les attirait et de faibles activations pour l’autre. Cette spécificité, qui se traduisait essentiellement au niveau de l’hippocampe, du noyau accumbens, de l’amygdale et du cortex visuel, n’existait que de façon très édulcorée chez les femmes. Ce qui allait dans le sens des données recueillies lors de la mesure objective de l’excitation sexuelle par les techniques de pléthysmographie pénienne et d’amplitude du pouls vaginal.

 

Les travaux en neuroimagerie fonctionnelle entrepris par le groupe de Serge Stoléru ont permis de postuler l’existence de trois mécanismes inhibiteurs, dont les deux premiers ont pour mission de réfréner la montée de l’excitation sexuelle et le troisième, de «verrouiller» la porte du passage à l’acte

 
Lésions cérébrales  

Des lésions cérébrales d’origine diverses peuvent retentir sur le désir sexuel et le passage à l’acte. Dans son livre Un cerveau nommé désir, Serge Stoléru en cite différents exemples. Ainsi, dans la maladie de Parkinson, les neurones du striatum sont privés de stimulation dopaminergique en raison de la mort de neurones de la substance noire. Or, la dopamine, nous l’avons souligné, exerce une action stimulante sur le désir sexuel. Une large proportion de patients et de patientes parkinsoniens sont sexuellement insatisfaits avec, chez les femmes, des difficultés à parvenir à l’excitation sexuelle et à l’orgasme et, chez les hommes, des troubles érectiles, une éjaculation prématurée et des difficultés à atteindre l’orgasme. Autre illustration: celle d’un patient présentant dans tout le cerveau, mais en particulier dans la région du tronc cérébral et de l’hypothalamus, des lésions occasionnées par une sclérose en plaques. Cet homme, exempt de problèmes psychologiques jusqu’alors, devint impulsif au point de poser des questions inconvenantes à des inconnues croisées dans la rue, de leur toucher les seins et de se masturber plus de 10 fois par jour. «Il finit par être incarcéré pour avoir fait des propositions à une fillette, puis agressé une autre mineure et une adulte», relate Serge Stoléru.

Comme il le signale, des cas de cette nature soulèvent la question de la responsabilité et de la culpabilité juridiques de telles personnes. Mais ce débat, qui peut s’étendre aux questions très spéculatives du libre arbitre et de la responsabilité en général, est trop vaste pour être abordé ici en quelques mots.

Share This