WALL'INNOVE TOUR

Arrêt sur AEPS

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

jannoon028/Freepik+ photomontage, © AEPS

Il était une fois…

Un homme qui ne semblait ni prédestiné à faire carrière dans le monde aéronautique, ni doué pour les langues d’après ses professeurs. Et pourtant, il fondra une école de langues pour pilotes d’aviation. En 2009, avec une associée, Olivier Thaon crée à Mons une école privée de langues étrangères. En 2008, l’OACI (Organisation de l’Aviation civile internationale) impose à tous les pilotes d’aviation et contrôleurs aériens de passer un test d’anglais afin d’évaluer leurs compétences. Cette réglementation concerne tant les pilotes de lignes que les pilotes privés. «Mes amis pilotes me demandaient de les aider à se préparer au test, se souvient-il. Avec une équipe de formateurs, nous avons mis au point 2 programmes de formation selon le niveau d’anglais.» Dès la première année, ce projet rencontre un beau succès. À la différence de la France où le test est standardisé, en Belgique, les tests de compétences en anglais sont organisés par des organismes indépendants. Olivier Thaon a l’idée de faire agréer son école de langues. «Tout était nouveau pour moi. J’ai dû étudier la réglementation internationale.» Un an plus tard, la société est agréée pour réaliser des tests de compétences en anglais pour les pilotes belges. Une première.

En 2012, l’Union européenne publie une nouvelle réglementation détaillée sur les licences du personnel navigant, intégrant notamment cette nouvelle obligation. L’administration européenne pour la sécurité aérienne convainc la plupart des États membres d’ouvrir leur marché à des opérateurs de tests étrangers. L’année suivante, la Direction générale de l’Aviation civile française ouvre son marché aux opérateurs étrangers. Une opportunité que la société montoise saisit à bras le corps. Aussitôt, elle réalise des tests pour les pilotes sous licence française. Un terrain de jeux bien plus vaste que la Belgique. À la même époque, Olivier Thaon entreprend une formation de pilotage à l’aérodrome de Saint-Ghislain. Il noue des contacts avec des pilotes novices confrontés à un besoin de mise à niveau en anglais. En 2014, décision est prise de se consacrer à 100% à l’activité de formations et de certifications. L’école de langues est vendue et la société AEPS (Aviation English Private School) créée, alors première du genre en Europe. «Des pilotes belges, mais aussi européens, sont venus se former à Mons. Mais pourquoi ne pas aller les former sur place ? Nous avons cherché des partenaires liés à l’aviation et des écoles de langues.» Très rapidement, la société reçoit des demandes de France. «Au début, les élèves venaient à nous, mais nous nous sommes rapidement installés sur le marché français.» Les demandes sont si nombreuses qu’en 2016, AEPS développe une filiale française implantée à Bordeaux et une antenne au Bourget, ainsi que différents centres dans les DOM-TOM, notamment à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, au Portugal, à Berlin… Arrive le Covid. «Nous l’avons vécu comme une opportunité et cela a été l’occasion de repenser complètement notre business model. Nous avons fermé tous nos bureaux à l’étranger, sauf Nouméa. La grande majorité des pilotes viennent se faire tester et se former à distance.» Aujourd’hui, 5 000 pilotes dans le monde ont été certifiés par AEPS qui compte une vingtaine d’examinateurs et de formateurs dans le monde.
 
 

CARTE D’IDENTITÉ

CRÉATION : 2014

SIÈGE SOCIAL : Rue des Carrières, 56D à 7011 Mons

SECTEUR D’ACTIVITÉS:
Cours de langues pour pilotes d’aviation

MEMBRES DE L’ÉQUIPE : 25

CONTACT : 065 84 37 83

   contact@aeps.aero

   www.aeps.aero.com

 
…l’envie d’innover

La société montoise n’a jamais cessé d’innover. Elle a développé une plateforme Internet qui lui permet de proposer aux pilotes du monde entier les principaux cours dispensés en présentiel. «De nombreux pilotes de ligne européens, qui travaillent, par exemple, pour Emirates, pour des compagnies chinoises, américaines, mais ont conservé leur licence européenne, sont expatriés au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique ou en Australie. Ils doivent régulièrement repasser des qualifications et des certifications, l’une d’elles est le certificat en anglais. Nos cours et nos examens sont désormais accessibles à la plupart des pilotes d’Europe et d’ailleurs.»

L’arrivée du Covid a eu un impact positif sur la vie de la petite entreprise. «Il y a eu un avant et un après. Jusque-là, tous nos tests étaient réalisés en présentiel et je voulais les proposer à distance. Une semaine avant le confinement, en mars 2020, j’ai reçu l’agrément de l’administration aéronautique belge. Pendant la crise sanitaire, on a pu continuer à effectuer des tests à distance. Nous étions l’une des seules entreprises certifiées en Europe. Ce qui nous a permis d’ouvrir d’autres marchés. Des pilotes de sociétés de transport aérien étaient bloqués au Vietnam, en Birmanie… Ils nous ont contactés pour des tests à distance. Tout passe par chez nous, tout est géré d’ici à Mons. Le Covid nous a vraiment permis de nous développer.» Depuis lors, l’activité est réalisée à 90% à distance. «Nous avons développé des cours spécifiques en ligne pour pilotes. Début 2024, nous avons signé un contrat avec Brussels Airlines, tous leurs pilotes passent désormais par chez nous. Depuis peu, nous utilisons l’IA pour aider à développer notre banque de données de questions. À présent que nous avons été certifiés par le Gabon, nous voulons travailler avec les pays francophones d’Afrique centrale.»

Depuis plusieurs années, AEPS collabore avec des centres de recherche pour développer un moteur de reconnaissance vocale. «Il s’adressera aux pilotes qui voudraient pratiquer la phraséologie standard à la radio. On y travaille encore. Cela nous ouvrirait de nouveaux horizons.»
 
 

QUI EST OLIVIER
THAON, CEO ?

S’il réussit dans le milieu de l’aviation, Olivier Thaon ne vient  pourtant pas du monde  aéronautique. Informaticien de  formation, rien ne le prédestinait à  créer et diriger un centre de  formations en anglais pour pilotes  d’aviation. Au contraire même. «À  l’école, les profs me disaient,  « Monsieur Thaon, vous  êtes mauvais en anglais et en  néerlandais ». Dans l’informatique,  j’ai été confronté à l’usage de  l’anglais, la langue véhiculaire pour  l’aviation. J’ai découvert que  finalement, je ne me débrouillais  pas trop mal.» Après avoir travaillé  pour une société de consultance  informatique à Bruxelles, il est  embauché comme webmaster par  une entreprise qui l’envoie suivre  des cours d’anglais et une  formation en sécurité informatique  à Manchester. «Cela m’a permis  d’acquérir une expérience en  gestion de projets Web et de  baigner dans un anglais  international.» Au bout de 10 ans à  faire la navette entre Mons et  Bruxelles, il décide de revenir vers  sa terre natale et d’explorer une  nouvelle voie. Il crée sa société  informatique en 2007 et, 2 ans plus  tard, son école de langues. «Un jour,  un ami pilote m’a proposé de  l’accompagner pour un petit vol.  Cela a été le déclic et fait naître en  moi l’envie de suivre une formation  de pilote privé.»  C’est alors  qu’Olivier Thaon a un coup de  génie: «Avec cette obligation pour  les pilotes de passer un test  d’anglais, il y avait une demande.  Pourquoi ne pas allier les langues et  l’aviation ?» L’école de langues  pour pilotes d’aviation prend  rapidement son envol. Une belle  façon de narguer ses anciens profs. 

A-t-il un hobby ? «Ce qui me plaît le  plus, c’est voyager. Je viens d’une  petite famille d’ouvriers, je n’ai pas  fait de grandes études, mais j’ai eu  le nez fin à un moment de mon  parcours professionnel. Cette  intuition m’a permis de gérer ma  propre entreprise et de voyager. Et  ainsi, d’allier mon activité  professionnelle à mon loisir favori.» 

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