L'Adn de…

Vincent
SPREUTHELS Luthier

Propos recueillis par Nadine SAHABO • nadinesah@yahoo.fr

V. Spreuthels

Luthier, c’est une vocation que vous avez depuis tout petit ?

Pas du tout. Je n’ai jamais vraiment eu d’idée de ce que j’allais faire plus tard. Né dans une famille de musiciens, je baigne dans la musique depuis mon enfance. Petit, j’ai toujours été fasciné par le travail du bois. Après mes études secondaires en sciences appliquées, je souhaitais exercer un métier lié au son. Quand j’ai découvert, un peu par hasard, la formation de luthier, ça a été le déclic. J’étais amoureux des belles guitares par nature et le métier fait clairement le lien entre le travail du bois et la magie du son. 

Comme beaucoup de métiers d’artisanat, la formation passe par un apprentissage auprès d’un maître. En Belgique, ce n’est pas vraiment possible alors je me suis tourné vers une formation à l’IFAPME de Wavre qui m’a permis d’apprendre auprès de 4 luthiers différents pendant 3 ans. Nous y avons abordé les bases de la menuiserie, de l’ébénisterie, du dessin technique, de l’histoire de l’art et de la lutherie en particulier. Cela m’a permis d’avoir des bases solides. Chacun de mes formateurs avait sa vision, son caractère, son savoir-faire et cela se ressentait dans l’approche de leur travail. J’ai également effectué 3 stages. Le premier en magasin de musique afin de me familiariser au contact des clients, les 2 autres auprès de luthiers. Mais le plus important, c’est surtout de rester très curieux et d’apprendre beaucoup par soi-même pour découvrir sa propre vision et développer des techniques personnelles.

Comment devient-on luthier ?

Vous travaillez actuellement comme luthier guitare, quelle est votre journée type ?

Je n’ai pas à proprement parler de journée type car elles ne se ressemblent jamais. Certaines sont consacrées aux réglages, aux réparations, aux customisations, d’autres à la création d’instruments, c’est-à-dire la conception, le plan, la sélection des fournitures, la fabrication, la finition, le montage… et parfois, un peu de tout. Mais en amont, il y a de nombreuses interactions avec mes clients. Cela commence par une prise de contact par mail ou par téléphone et se termine par une rencontre dans mon atelier. Tous les clients sont des passionnés qu’ils soient débutants ou musiciens professionnels. C’est donc toujours un plaisir de pouvoir échanger avec eux, de découvrir leur univers et de répondre au mieux à leurs attentes.

Les sciences m’ont toujours intéressé. Comprendre comment ce qui nous entoure fonctionne, c’est passionnant. Les luthiers depuis des générations améliorent la facture d’instruments grâce à leur ressenti, intuitivement. À l’heure actuelle, il est possible de faire des choix techniques sur bases de données plus objectives. Je m’efforce de mettre ces données scientifiques au service du son et du confort recherché par le musicien. Je souhaite approfondir une approche plus scientifique de la conception de mes instruments. Je suis persuadé que cela peut avoir une plus-value. Je reste donc à l’affut de toute nouveauté dans ce domaine et cela continue à me passionner.

Quels sont vos rapports avec la science ?

Quelle est la plus grande difficulté rencontrée dans l’exercice de votre métier ?

Même si je pratique la lutherie depuis maintenant plus de 5 ans, il est difficile d’asseoir plus de notoriété pour développer mon activité. Une fois le contact établi, les clients m’accordent beaucoup de crédibilité et reconnaissent la qualité de mon travail mais la difficulté réside dans le manque de visibilité. Certes, les réseaux sociaux sont d’une grande aide mais finalement, le bouche à oreille reste le plus efficace.

Chaque retour positif sur mon travail est une réussite en soi. Rien ne me fait plus vibrer que de voir un client heureux. Mes efforts sont toujours dirigés vers la satisfaction de mes clients. La même exigence me nourrit quel que soit le travail à accomplir. 

Quelle est votre plus grande réussite professionnelle jusqu’à ce jour ?

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui aurait envie de suivre vos traces ?

Le métier de luthier demande beaucoup de temps et de sacrifices. Il faut donc persévérer, toujours être curieux, apprendre un maximum dès que possible en sachant qu’être à l’écoute des musiciens reste la base du métier.

Vincent SPREUTELS

ÂGE 
28 ans

SITUATION FAMILIALE 
Célibataire

PROFESSION 
Luthier
guitare, fondateur de la société Spreutels Guitars (Namur)

FORMATION
Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur en Sciences Appliquées, Formation Chef d’Entreprise en Lutherie Guitare


ADRESSE
Rue Pierre Depoortere, 57
5020 Vedrin

TÉLÉPHONE
+32 496 97 98 32

MAIL
info@spreutelsguitars.com

SITE INTERNET
www.spreutelsguitars.com

Je vous offre une seconde vie, quel métier choisiriez-vous ?

Si vous m’offrez une seconde vie, sans aucun doute, je choisirais d’être luthier (Rire) ! Si par contre, vous me donnez des journées de 48 h, je pourrais développer mon autre passion: la cuisine. J’adore expérimenter de nouvelles recettes et finalement, je retrouve le même plaisir de créativité que dans la lutherie.

La super rapidité pour éviter de devoir demander des journées de 48 h…

Je vous offre un super pouvoir, ce serait lequel et qu’en feriez-vous ?

Je vous offre un auditoire, quel cours donneriez-vous ?

Je plaiderais alors pour plus d’écologie et pour la lutte contre le réchauffement climatique. Ceci me paraît être notre défi majeur.

J’utiliserais ce laboratoire pour développer des technologies  «low-tech» (basse technologie), plus accessibles et moins coûteuses, notamment dans le domaine énergétique.

Je vous offre un laboratoire, vous plancheriez sur quoi en priorité ?

Je vous transforme en un objet du 21e siècle, ce serait lequel et
pourquoi ?

Je serais un panneau solaire produisant de l’hydrogène gazeux. J’aurais été créé par la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) et je serais en développement pour aider à changer le monde.

Je m’envolerais pour le Japon. Sa culture et plus particulièrement sa gastronomie me fascinent.

Je vous offre un billet d’avion, vous iriez où et qu’y feriez-vous ?

Je vous offre un face à face avec une grande personnalité du monde, qui rencontreriez-vous
et pourquoi ?

Je choisirais Joe Bonamassa, un guitariste de blues américain renommé. On pourrait en quelques jours parcourir sa collection de guitares…

Effectivement ! C’est très difficile de vivre de ce métier quand on débute. Mais mon choix est d’aller jusqu’au bout de ma passion. La patience reste la clé. L’évolution de mon activité me conforte dans cette voie et mon projet devient chaque jour un peu plus la réalité et donc mon avenir. 

La question «a priori»: Luthier, c’est un métier de passion qui n’offre pas
beaucoup de débouchés… 

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