Espace

À quoi pourraient-ils  ressembler ?

Geoffrey VAN HECKE • geoffrey@bvhco.be 

© dimazel – stock.adobe.com, NASA

Dans une galaxie comptant 200 à 300 milliards de systèmes planétaires, elle-même perdue au milieu de milliards d’autres, la probabilité d’être seuls est quasiment nulle. Le cosmos est par ailleurs démesuré et en mouvement perpétuel, la vie pourrait apparaitre n’importe où. Mais à quoi pourraient ressembler ces «aliens» ? À l’heure actuelle, nous n’en savons rien mais des pistes concrètes existent, y compris dans notre propre système solaire 

 
Avant de parcourir plusieurs années-lumière (une seule équivalent à un peu moins de 10 000 milliards de kilomètres), analysons ce qui se passe sur notre merveilleuse planète bleue. Dans les faits, bien que lente, l’évolution est partie dans tous les sens, s’est réinventée au fil des cataclysmes. L’homme n’est qu’une des innombrables espèces peuplant notre fragile demeure. Et il est apparu très tard. Les Terriens ont de multiples visages. Tantôt issus du règne végétal, tantôt de l’animal. Ils vont de la bactérie à l’espèce bipède évoluée, vivent dans la mer, les airs, au sol. Rechercher notre double dans le cosmos serait dès lors utopiste. Surtout si l’on se réfère à l’une des réponses au paradoxe de Fermi («S’il y avait des civilisations extraterrestres, leurs représentants devraient être déjà chez nous. Où sont-ils donc ?»), assurant qu’une civilisation technologiquement avancée est davantage susceptible de s’autodétruire. Le meilleur exemple reste la prolifération d’armes nucléaires.

Dans cette nébuleuse de vies, force est de constater que toutes les espèces se sont parfaitement adaptées à leur environnement. L’évolution est capable de grandes choses, perçoit les interactions possibles avec les autres créatures. Maillon essentiel à notre équilibre, les abeilles le prouvent chaque jour. Le vivant surgit même en milieu extrêmophile, à l’image de la fosse des Mariannes ou du désert d’Atacama. Toutes les opportunités sont bonnes pour se développer. Il y a toutefois un gros problème: l’adaptation représente des centaines de millions d’années avant d’atteindre son apogée. D’où la fragilité des écosystèmes ou les grandes difficultés que nous éprouvons à vivre dans l’Espace. Aucun être n’est conçu pour s’épanouir dans l’ISS, sur la Lune ou encore sur Mars. Sans efforts intenses, notre musculature disparaitrait, la faute à une force d’attraction moindre qu’ici (un sixième sur la Lune, un tiers sur Mars). Au contraire, les futures colonies martiennes éprouveront les plus grandes difficultés à revenir, la gravité terrestre risquant de broyer leurs os comme du cristal. Nous ne nous en rendons pas compte, notre corps lutte sans cesse contre quelque chose qui nous attire. Avec pour conséquence, l’apparence que nous avons aujourd’hui. Sur notre voisine rouge, les descendants des Terriens verraient leurs membres s’allonger et s’affiner. Ils seraient plus grands mais moins robustes. En conclusion, nous sommes faits par la Terre et pour la Terre. Les lois naturelles étant universelles, les extraterrestres ont exactement le même souci que nous. 

Des mondes étranges

Poursuivons notre fabuleux voyage. Nous avons tous entendu que pour trouver de la vie, il faut s’intéresser aux astres situés en zone habitable, c’est-à-dire là où l’eau peut se retrouver à l’état liquide. Dans notre système solaire, notre planète a tapé dans le mille. Reléguant ses voisines au statut de mondes déserts, brûlants ou glacés. En moyenne, le Soleil est à 149 millions de km de nous. Avec une orbite elliptique, Pluton oscille plutôt entre 4 et 7 milliards de km. Cet exemple illustre à quel point la distance entre la planète et son étoile est essentielle au développement de la vie. Enfin, pas tout à fait. Deux exemples concrets amènent à repenser notre recherche. Souvenez-vous, les aliens peuvent prendre n’importe quelle apparence, parfois là où on ne les attend pas. Et les lunes de Saturne ne manquent pas d’intérêt. Avec son épaisse atmosphère faite d’azote, Titan ressemble à s’y méprendre à la Terre. Cette lune est le seul endroit extraterrestre du système solaire à posséder des liquides stables sur sa surface. Ils coulent sous forme de rivières et de ruisseaux, s’accumulent sous forme de lacs et de mers, sculptent des littoraux et entourent des îles, comme c’est le cas ici. Mais on ne parle pas d’eau, Titan est saturé d’hydrocarbures. Le méthane et l’éthane, tous 2 des substances gazeuses sur Terre, sont liquides sur sa surface glaciale. Une question essentielle se pose dès lors: l’eau est-elle le seul solvant à l’origine de la vie ? D’autres mondes exotiques pourraient également se révéler prometteurs, là où le silicium remplace le carbone. Inconciliables avec l’eau, des chaines de silicium peuvent être stables dans l’acide sulfurique concentré. Existe-t-il une autre genèse ? La biochimie peut-elle mener à des choses inconcevables sur Terre ? L’hypothèse est prise au sérieux. Pour preuve, la mission Dragonfly de la NASA partira explorer Titan en 2028. D’autres sondes suivront aux alentours de Saturne. L’agence américaine planifie d’ailleurs l’ELF (Enceladus Life Finder). En effet, la 6e plus grande lune de la géante aux anneaux s’est révélée potentiellement habitable. Protégé des rayons nocifs du Soleil par une épaisse couche de glace, l’océan aquatique intérieur d’Encelade interpelle. La lune possède un grand noyau rocheux et poreux de température modérée permettant à l’eau de s’écouler à travers lui, transportant des molécules dissoutes. De plus, les frictions engendrées par les forces de marée que provoquent la présence de Saturne et des autres satellites sont source de chaleur. Il est aussi prouvé qu’Encelade éjecte des panaches d’eau contenant de l’ammoniac, du soufre, du sodium, du phosphore, du cyanure d’hydrogène, des grains de silice et des molécules organiques, y compris des hydrocarbures. Encelade regroupe les 3 ingrédients de la vie: chaleur, eau, molécules organiques. À ce titre, elle figure sur la short list des mondes à explorer. Toutefois, ne nous méprenons pas, si vie extraterrestre dans notre système solaire il y a, le taux de probabilité qu’elle soit supérieure à l’état bactérien est faible. 

Cette illustration est une représentation  spéculative de l’intérieur de la lune de Saturne,  Encelade, avec un océan d’eau liquide entre son  noyau rocheux et sa croûte glacée.  L’épaisseur des couches indiquée ici n’est pas à  l’échelle.

Le système Kepler, premier système détecté  dans lequel une planète orbite autour de  2 étoiles.

Pour espérer une vie technologiquement avancée, nous n’aurons d’autres choix que de sortir du système solaire. À des années-lumière. Mais où la trouver ? Basons-nous d’abord sur le nombre potentiel. Des astronomes renommés se sont penchés sur la question. Force est de constater que les avis divergent. Cela varie de 30… à plus de 15 000 ! L’un d’entre eux, Alberto Caballero, évalue même le nombre de civilisations hostiles à 4. Dans les faits, il est quasiment impossible de répondre précisément à la question, tant le nombre de variables et d’inconnues est élevé. Le problème, c’est la distance vertigineuse qui nous sépare de n’importe quel autre système.

Revenons-en à notre sujet de base. Nos outils actuels ne sont pas assez puissants pour découvrir de la vie n’importe où. En d’autres termes, autour d’une étoile similaire à la nôtre, c’est très complexe, tant la lumière éblouit le télescope. Et puisque nous ne savons détecter une planète qu’en observant son étoile, il ne s’agit pas de la bonne piste au cours de ce siècle. La diversité d’étoiles est variée. L’Univers est toutefois composé majoritairement de naines rouges, soit des astres plus petits, moins lumineux, moins massifs que notre Soleil. Et c’est une excellente nouvelle. Nos outils fixent l’étoile. Ils détectent ses mouvements, analysent sa lumière. Si elle bouge, cela signifie que quelque chose orbite autour, probablement une planète qui exerce une force. Si sa luminosité diminue à intervalles réguliers, cela signifie que quelque chose vient se mettre entre elle et l’observateur. À nouveau, probablement une planète. L’avantage de ce type de système est que la plupart des planètes se trouvent à l’intérieur de l’orbite virtuelle de Mercure. Très proches de leur étoile, on les détecte plus facilement.

Nous disposons d’un indice capital pour imaginer l’apparence de leurs habitants, la lumière que leur soleil émet. Le nôtre émet dans l’ultraviolet et la lumière visible, quand les naines rouges émettent principalement dans l’infrarouge. Très peu d’espèces terriennes voient dans l’obscurité, l’évolution ayant compris que nos yeux doivent s’adapter à leur environnement. Imaginons dès lors un extraterrestre dont la vision s’est adaptée à la lumière infrarouge, le problème s’inverse. Logique, puisqu’elle éclaire son habitat. Va-t-il pouvoir nous discerner ? Peu de chance en tout cas qu’il perçoive le même environnement que nous. Le cosmos reste rempli de surprises…


Espace

Mais encore…

La Belgique signe les accords Artemis de la NASA pour l’exploration de la Lune

Cette nouvelle pourrait aider notre astronaute Raphaël Liégeois à fouler un jour le sol lunaire. Les entreprises belges du spatial se verront aussi offrir de précieux contrats. Les accords couvrent des aspects de l’exploration spatiale tels que la promotion des objectifs pacifiques, la transparence, l’interopérabilité, l’assistance mutuelle, l’enregistrement des objets spatiaux, la diffusion des données scientifiques, la préservation du patrimoine spatial extra-atmosphérique, les ressources spatiales, les activités spatiales pacifiques et les actions contre les débris orbitaux. Le programme d’exploration spatiale, lui, a été inauguré en 2022 avec la mission Artémis 1, qui a fait voler le vaisseau Orion autour de la Lune, afin de le tester sans équipage. Son deuxième volet (survol de la Lune par quatre astronautes) a été reporté il y a peu à septembre 2025. C’est son troisième volet qui doit renvoyer des êtres humains sur la Lune pour la première fois depuis 1972. Il est désormais programmé pour septembre 2026.

La construction du plus grand télescope du monde est achevée à plus de 50% 

L’ELT, situé dans le désert d’Atacama, au Chili, devrait être mis en service pour 2028. Doté d’un miroir segmenté de 39 m, il fonctionnera dans la lumière visible et infrarouge. L’outil servira entre autres à la recherche de vie extraterrestre et l’analyse de galaxies primaires. Et répondra à une question fondamentale: les lois de la physique sont-elles universelles ? Il sera géré par l’ESO, l’Observatoire européen austral, dont est membre la Belgique. 

K2-18b, l’espoir de détecter une vie venue d’ailleurs

À l’aide du télescope spatial James-Webb, un composé organique aurait été détecté sur cette prometteuse exoplanète, 8,6 fois plus grande que la Terre et située à 120 années-lumière. Nous parlons plus précisément de sulfure de diméthyle, un composé organique émis par le phytoplancton dans nos océans terriens et qui ne pourrait être produit que par une forme de vie organique. Les chercheurs de la NASA se montrent toutefois prudents. La découverte est certes prometteuse mais davantage de données doivent être récoltées. Parler de preuve reste donc prématuré. 

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