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Jean-Claude Quintart • jc.quintart@skynet.be

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Cancers pédiatriques, l’UCLouvain fait la Une

Traiter plus efficacement les cancers pédiatriques est désormais l’ambition de l’UCLouvain. Et ceci, après avoir constaté une plus lente évolution des moyens thérapeutiques suite au manque d’intérêt pour des cancers dont, en Belgique, seulement 350 nouveaux cas sont découverts annuellement contre plus de 70 000 chez les adultes. Inacceptable pour l’UCLouvain alors que la chimiothérapie pour les cancers pédiatriques est aussi toxique qu’il y a 20 ans et que chez l’enfant, ses conséquences sont très lourdes: stérilité, surdité, vieillissement prématuré… «Avec la chimiothérapie, le jeune patient entame son capital de cellules-souches, celles qui permettent la prolifération et le renouvellement de ses tissus. Leur capacité à se régénérer diminue tandis que l’enfant qui guérit a encore de nombreuses années devant lui», explique l’UCLouvain.

De quoi motiver Anabelle Decottignies, professeur à l’Institut de Duve de l’UCLouvain qui, avec son équipe, planche depuis 15 ans sur les télomères, ces petits bouts de chromosomes dont on connaît l’importance du rôle dans le vieillissement. Dans une cellule saine, leur usure entraine le vieillissement de nos cellules et organes. Tandis que dans une cellule cancéreuse, les télomères cessent de raccourcir avec comme conséquence, des cellules cancéreuses qui ne vieillissent pas et arrivent à se diviser indéfiniment, formant tumeurs et métastases. En matière de cancer, il faut pouvoir atteindre la tumeur sans toucher le reste de l’organisme, aussi, l’idée d’Anabelle Decottignies était de cibler les télomères des cellules cancéreuses pour les forcer au vieillissement et empêcher leur division. Pour en arriver là, il fallait comprendre le processus de jeunesse éternelle des cellules cancéreuses. Concrètement, au premier stade du développement embryonnaire, sous l’effet d’une enzyme – la télomérase -, nos cellules restent éternellement jeunes. Dans 90% des cancers, c’est le réveil de celle-ci qui permet aux tumeurs et métastases de se former. Dans les autres cas (5 à 10% des cancers) et en particulier chez l’enfant, les cellules cancéreuses développent un système alternatif, dit Alternative Lenghtening of Telomeres (ALT). «L’intérêt, d’un point de vue thérapeutique, c’est qu’il est complètement pathologique car il n’est actif dans aucune des cellules saines, ce qui le désigne comme cible idéale pour de nouvelles thérapies anti-tumorales», explique Anabelle Decottignies.

Dans ce contexte, l’UCLouvain a récemment identifié une protéine (TSPYL5) qui permet la survie des cellules cancéreuses exploitant le système ALT, alors qu’elle ne joue aucun rôle dans la survie des cellules saines. «Cette protéine est absolument indispensable au bon fonctionnement des télomères des cellules cancéreuses qui présentent le mécanisme ALT, mais non des télomères des cellules utilisant la télomérase, ni des cellules saines. Lorsque la protéine TSPYL5 est éliminée, les cellules cancéreuses meurent suite au dysfonctionnement de leurs télomères. C’est la première fois qu’on trouve une cible spécifique pour contrer les cellules cancéreuses chez l’enfant», précise Anabelle Decottignies.

Une excellente nouvelle mais non la fin du travail. En effet, il faut maintenant tester ces molécules en culture et vérifier in vitro qu’elles tuent spécifiquement les cellules cancéreuses ALT et laissent de côté les cellules saines. C’est seulement à l’issue d’essais précliniques sur la souris que débuteront les essais cliniques en oncologie pédiatrique. Avant que ces travaux n’aboutissent à l’amélioration des traitements des cancers chez l’enfant, il faudra être patient, avertit l’UCLouvain, car le premier grand défi sera de trouver les molécules qui n’éliminent que les cellules cancéreuses et épargnent les autres; le second, quant à lui, sera d’avoir des molécules efficaces n’engendrant pas de résistance de la part des cellules cancéreuses. 

https://www.deduveinstitute.be

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L’AVC pris en charge 

Félicitations à l’Hôpital Erasme, qui est le premier du pays à être certifié Stroke Center par l’European Stroke Organisation (ESO). Avec ce type d’unité, le patient victime d’un accident vasculaire cérébral est assuré d’une prise en charge rapide dans les meilleures conditions, depuis son admission jusqu’au suivi post-hospitalisation. Une excellente nouvelle lorsqu’on sait ce qu’est un AVC. «Causé par l’occlusion ou la rupture d’une artère au niveau du cerveau, cet accident empêche le sang de circuler et provoque la mort des cellules cérébrales. C’est pourquoi il doit être traité le plus rapidement possible pour éviter un maximum de séquelles. Plus vite on débouche l’artère, plus on sauve de tissu cérébral et meilleur sera le pronostic: chaque minute compte dans le traitement d’un AVC», rappelle Noémie Ligot, directrice de la Clinique de Neurologie Vasculaire à l’Hôpital Erasme. 

L’expertise d’Erasme s’appuie ici sur 3 neurologues vasculaires et 5 neuroradiologues interventionnels qui permettent à l’hôpital d’offrir tous les traitements possibles en matière d’AVC et de prendre en charge les patients référés des centres S1. L’ESO distingue en effet 2 types de certification: Stroke Unit (soit S1 en Belgique) et Stroke Center (S2), offrant tous les traitements disponibles, de la dissolution du caillot (thrombolyse) à la thrombectomie (extraction du caillot avec un cathéter) et aux gestes neurochirurgicaux. Ajoutons que le patient est suivi par une équipe multidisciplinaire spécialisée en gestion des AVC et formée de médecins, neurologues, radiologues, chirurgiens spécialisés ainsi que de kinésithérapeutes, infirmiers, logopèdes, ergothérapeutes, diététiciens, neuropsychologues et psychologues. 

Erasme est actuellement le seul centre belge S2 à avoir décroché le certificat européen. «Cette certification a été l’occasion de présenter nos procédures, d’en vérifier l’adéquation, de confronter les indicateurs d’activité et de qualité aux normes européennes en vigueur ainsi que la possibilité d’amélioration continue et d’auto-évaluation constante», précise Noémie Ligot.

https://www.erasme.ulb.ac.be et https://eso-stroke.org

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Nouvel arrivant chinois à Liège

Le choix ne fut pas facile. L’entreprise hésitait entre la France, l’Allemagne, la Suisse et les Pays-Bas. Finalement, c’est à Liège que le chinois Shengsheng Supply Chain Management, spécialiste de la logistique des études cliniques, établira son premier siège européen. Créé en 2008 dans le but d’acheminer, dans les meilleures conditions, les prélèvements des contrôles anti-dopage des athlètes lors des Jeux Olympiques de Pékin, Shengsheng, avec aujourd’hui 70% du marché chinois, est devenu l’interlocuteur incontournable pour les sociétés envisageant de réaliser des essais cliniques en Chine et vice-versa.

Après Cainiao et Alibaba, l’arrivée de Shengsheng Supply Chain Management confirme le bienfondé des outils de la plateforme logistique liégeoise ainsi que ses bonnes relations avec les acteurs économiques chinois. Elle confirme également la place et le rôle de la Wallonie parmi les acteurs internationaux du secteur des biotechnologies.

http://ashsh.cn

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Dilemme: plastique ou pas plastique ?

Faire et bien faire n’est pas toujours facile. Ainsi en est-il de l’interdiction des plastiques qui risque de miner l’économie circulaire. Tout part de la directive SUP (Single Use Plastics) de l’Union européenne, qui entend limiter l’impact de certaines matières plastiques et éviter que celles-ci ne finissent dans les océans. Si l’objectif est soutenu par les industriels, sa portée n’en est pas moins symbolique, sachant que l’Europe n’est responsable que de de 2% des déchets plastiques en mer. De plus, soulignent les acteurs, il existe un risque que les plastiques recyclables à 100% se voient interdits, tout comme ceux fabriqués au départ de plastiques recyclés, ce qui irait franchement à l’encontre des principes de l’économie circulaire basée sur la réutilisation et le recyclage des matériaux.

«La directive européenne part d’une bonne intention mais son processus législatif extrêmement rapide risque de la rendre difficile à interpréter. Et en raison d’un manque de définitions claires sur les matériaux visés, elle pourrait conduire à une interdiction arbitraire des plastiques. Enfin, les États membres ou les régions risquent d’introduire des mesures différentes, rendant ainsi difficile la mise en place d’une économie circulaire en Europe», explique Saskia Walraedt, directrice d’essenscia PolyMatters

Les États membres ayant maintenant 2 ans pour transposer la directive, essenscia PolyMatters aimerait que la Belgique aborde ce point de façon harmonisée afin d’éviter la création de barrières commerciales internes entre régions et demande qu’aucun matériel d’emballage utile et à haute valeur ajoutée ne soit interdit chez nous. Pour étayer ce souhait, la fédération rappelle que les emballages en plastique offrent maints avantages en garantissant notamment une meilleure conservation des aliments, pouvant aller jusqu’à 4 semaines pour la viande, ainsi qu’un stockage optimal des boissons pendant 2 ans. Pour essenscia PolyMatters, une diminution de l’utilisation d’emballages plastiques entrainerait plus de gaspillage et moins de sécurité alimentaire. Et de conclure en signalant que les plastiques aident aussi à réduire les émissions de CO2 dans toutes sortes d’applications et économisent également carburant, énergie et eau.

https://www.essenscia.be