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Jean-Claude Quintart • jc.quintart@skynet.be

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Cancer du sein: de nouveaux progrès

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Ne touchant qu’1 homme pour 100 femmes, le cancer du sein est un véritable fléau pour la gent féminine, dont il est le cancer le plus fréquent. On comprend donc le pourquoi de tant d’espérances dans les travaux de recherche sur le sujet. Qui, à petits pas peut-être, avancent, et même bien. S’il reste encore du chemin, la dernière découverte des chercheurs de l’Institut Bordet augure favorablement quant à l’avenir du traitement de ce cancer.

Lorsque les cancers du sein progressent, on note fréquemment le développement de métastases hépatiques chez les patientes, qui représentent une cause majeure de mortalité. Si l’ablation chirurgicale de ces lésions, exclusivement localisées dans le foie, peut améliorer de manière très significative la survie, voire parfois aboutir à une guérison, l’oncologue ne possédait à ce jour pas de facteur pouvant lui permettre de prédire quelles seront les patientes opérables. C’est ici que les travaux de Bordet, en collaboration avec l’Universitair Ziekenhuis Antwerpen (UZA) et l’Universitair Ziekenhuis Leuven (UZLeuven), apportent de premiers éléments. Lancés par Vincent Donckier, chef du Service de chirurgie de l’Institut Bordet, les travaux en question sont une étude rétrospective basée sur un échantillon d’une quarantaine de patientes. «Celle-ci nous a permis d’observer que les métastases hépatiques du cancer du sein pouvaient s’organiser en 2 types de microstructures dans le foie: une forme dans laquelle les cellules cancéreuses sont entourées par une capsule fibreuse (forme desmoplastique) et une autre dans laquelle les cellules cancéreuses infiltrent directement le foie», expliquent les chercheurs. Ce qui implique que les résultats de la chirurgie seront différents. Ainsi, les métastases desmoplastiques permettent d’entrevoir des survies à long terme, tandis que les métastases de type infiltrant récidivent rapidement après l’intervention.

«Dans la chirurgie du cancer, la sélection des patients est un point crucial et ceci est particulièrement vrai pour la chirurgie des métastases hépatiques du cancer du sein. Actuellement, nous n’avons pas de moyen fiable pour distinguer les patientes chez qui cette intervention a des chances de réussir et celles chez qui elle sera malheureusement inutile», explique Vincent Donckier. Mais précise-t-il: «Nos observations sont prometteuses et nous espérons qu’elles pourront contribuer au développement de nouveaux modèles de décision thérapeutique, mieux personnalisés, en guidant le choix du traitement selon la biologie du cancer, dans chaque cas individuel». Le travail de Vincent Donckier et de son équipe a été publié dans un article titré Association between the histopathological growth patterns of liver metastases and survival after hepatic surgery in breast cancer patients, que vous pouvez consulter via le lien: https://rdcu.be/ccqxa.

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Coup double pour Cédric Blanpain

En quelques jours, le Professeur à l’Université libre de Bruxelles, investigateur de Welbio et directeur du Laboratoire des cellules souches du cancer, a reçu le prix Francqui 2020 et réalisé, avec son équipe, une découverte majeure en oncologie. À gros traits, on peut dire que l’équipe de recherche a identifié pour la première fois les fonctions de FAT1, l’un des gènes les plus fréquemment mutés dans le cancer. Pour former des métastases qui dissémineront le cancer, des cellules quittent la tumeur primaire et, via le sang, partent coloniser des organes lointains et former des métastases distantes.

Il était suggéré que la TEM (transition épithéliomésenchymateuse, processus permettant aux cellules cancéreuses de supprimer leurs caractéristiques épithéliales pour acquérir des propriétés de cellules mésenchymateuses, dotées de capacités migratoires et invasives) était importante pour lancer la cascade métastatique et permettre aux cellules cancéreuses de migrer de la tumeur primaire. Si les mutations génétiques favorisant la TEM étaient inconnues, en revanche, on savait que FAT1 était l’un des gènes les plus fréquemment mutés. Et que ces mutations engendraient une perte de fonction de ce même gène, suggérant ainsi qu’il opérait comme un suppresseur de tumeur, empêchant le développement du cancer. Toutefois, au-delà de ce constat, le rôle de FAT1 restait nébuleux.

D’où l’importance des résultats des travaux de Cédric Blanpain qui montrent, pour la première fois, que la perte de FAT1 favorise la TEM, les caractéristiques invasives et les métastases dans le carcinome spinocellulaire (un type de cancer de la peau), deuxième cancer le plus fréquent chez les humains – le cancer du poumon étant le plus létal – et les tumeurs de la tête et du cou. Pour les spécialistes, la découverte montre que la perte de fonction de FAT1 suscite un état hybride, caractérisé par la co-expression des gènes épithéliaux et mésenchymateux dans les cellules tumorales, que cet état génère les métastases et est associé à de piètres résultats cliniques chez les personnes atteintes du cancer du poumon. Au-delà de cette découverte, ce qui réjouit le plus Cédric Blanpain et son équipe, c’est de savoir que ces résultats auront des implications très importantes et immédiates dans le traitement personnalisé de patients atteints de cancers présentant des mutations de FAT1.

Un nouveau plus à une carrière émaillée de succès et découvertes qui valent aujourd’hui à Cédric Blanpain le Prix Francqui 2020, rebaptisé cette année Francqui-Collen en l’honneur du professeur Désiré Baron Collen, lauréat en 1984 et mécène. Une récompense largement méritée car on ne compte plus les avancées médicales dont le chercheur est à l’origine. Citons, par exemple, qu’il a identifié les cellules souches à l’origine du développement cardiaque; mis en évidence les mécanismes responsables du développement, de la maintenance et de la réparation de la peau; découvert les cellules à l’origine du carcinome basocellulaire; épinglé encore les cellules à l’origine des cancers de la peau les plus fréquents chez l’humain et des cancers du sein; etc. Sur un autre registre, il a fondé en 2018, Chromacure, société spécialisée dans le développement de nouveaux médicaments anti-cancéreux. Titulaire de plusieurs prix, Cédric Blanpain est le 25e chercheur de l’ULB à être récompensé par le Francqui, prix scientifique belge le plus prestigieux.

http://www.ulb.be
http://www.francquifondation.be

http://www.chromacure.be 

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Un dossier médical global numérique

De nos jours, la santé va bien au-delà de la compétence médicale pour englober désormais le suivi administratif des soins. Aussi, est-il loin le temps où toutes les données du patient étaient consignées dans une farde accrochée au bout du lit du malade. Aujourd’hui, médecins et personnel soignant ont abandonné ces paperasses au profit d’écrans et de systèmes informatisés et (inter)connectés. Des outils en évolution constante. Ainsi, il y a quelques semaines, les Cliniques universitaires Saint-Luc lançaient avec brio un dossier médical informatisé révolutionnaire, fédérant, en une seule plateforme, près de 400 applications anciennes. Un sacré plus pour les acteurs de la santé qui souhaitent disposer, en temps réel, d’informations actualisées relatives à l’état du patient.

En tant que plateforme informatique commune, TPI² (Trajet Patient Intégré et Informatisé) concentre l’ensemble des données relatives au patient tout au long de sa prise en charge au sein de l’établissement et ce, pour l’ensemble des professionnels de la filière de soins. Des données essentielles, accessibles en permanence afin de permettre des prises de décision rapides et correctes. «Désormais, avec TPI², du médecin à l’infirmière, du kiné à la diététicienne, du pharmacien à la secrétaire d’accueil: l’ensemble de nos professionnels accèdent directement à toute l’information nécessaire pour leur permettre de recevoir au mieux les patients», explique Renaud Mazy, administrateur délégué des Cliniques universitaires Saint-Luc. Ajoutant de suite qu’un meilleur accès à l’information est synonyme, pour son institution, de plus de qualité, de plus de proximité et de plus de sécurité pour les patients.