(Crédit: ©UMONS)
Si connaître les arcanes des maladies et le contenu des potions est une chose, savoir communiquer avec le patient en est une autre. D’où l’idée de l’UMons de placer potards et carabins sous le feu de la patientèle en leur inculquant, dès la fac, les us et coutumes de la profession via un Learning Lab composé d’une pharmacie et d’un cabinet médical. «Cet outil pédagogique innovant place les étudiants dans une situation semblable en tous points à celle qu’ils rencontreront bientôt dans leur vie professionnelle», explique Philippe Dubois, recteur de l’UMons. Concrètement, des jeux de rôle permettent aux étudiants de dialoguer avec le patient (savoir-être), et d’appliquer les bonnes pratiques officinales ou médicales (savoir-faire), grâce à un environnement proche de la réalité. «Le principe repose sur la recherche de solutions par les étudiants face à un problème contextualisé: le cas clinique. À eux de mettre en œuvre les solutions qu’ils ont trouvées, de tester leur pertinence et d’acquérir ainsi de nouvelles compétences. In fine, la contextualisation de l’apprentissage doit permettre à l’étudiant de mobiliser plus facilement ses nouvelles connaissances dans une sphère non didactique: une situation réelle», précise Alexandre Legrand, le doyen de la Faculté de Médecine et de Pharmacie.
Côté décor, l’officine pédagogique ressemble à s’y méprendre à une véritable pharmacie de quartier avec de vraies boîtes de médicaments de toutes classes thérapeutiques et un système de gestion informatique identique. Face aux autres étudiants du cours, 2 acteurs interprètent respectivement, sur base d’un scénario, le rôle du pharmacien et celui du patient. Au futur pharmacien d’analyser l’ordonnance qu’il a reçue de son faux client et de mettre en évidence de probables contre-indications et signaux d’alerte; de consulter le dossier pharmaceutique pour déceler d’éventuelles interactions médicamenteuses, d’appeler le médecin si nécessaire, de donner les conseils de bonne prise des médicaments, etc. Un débriefing réunissant tous les étudiants passe ensuite au crible le comportement des acteurs: tension entre les parties, attitude, discours, regards et contenu du jeu.
De leur côté, les candidats médecins disposent d’un cabinet médical pédagogique plus vrai que nature. Le patient est incarné soit par un étudiant, soit par Harvey, un mannequin de simulation auscultatoire. Le cas du patient est scénarisé afin de recréer toutes les étapes d’une consultation.
À l’aide des savoirs acquis dans ses cours (pathologies infectieuses, pathologies cardiaques, pathologies respiratoires, etc.), l’étudiant fait une anamnèse structurée (récolte des données du patient, antécédents médicaux familiaux, chirurgicaux, etc.) pour évoquer un ensemble d’hypothèses diagnostiques avant de réaliser l’examen physique. Les éléments de l’examen clinique sont obtenus par informations iconographiques ou auditives à partir du mannequin Harvey. Il suffit à l’étudiant de classer ses hypothèses diagnostiques suivant une probabilité décroissante et proposer un éventuel bilan complémentaire ou prescrire une thérapie. Notons que chaque séance de simulation s’inscrit dans des objectifs pédagogiques prédéfinis et est débriefée dans une ambiance bienveillante, où l’erreur est non seulement permise mais considérée comme un excellent moyen formatif. Pour ce projet, l’UMons a déboursé 185 000 euros, dont 70 000 pour le matériel audiovisuel et technologique.