Espace

Quoi de neuf dans l’espace ?

Théo PIRARD • space.info.theo@gmail.com

©Sam Toms and Simon Moffatt/ Rocket Lab

Vue spectaculaire de l’envol du lanceur Electron

Le business spatial ferait-il grandement recette pour expliquer l’actuelle prolifération de micro-lanceurs ? Il s’agit de déployer des milliers de microsatellites formant des constellations pour les communications et connexions en tous genres, pour la surveillance de l’environnement, pour la collecte de données… à l’échelle globale. À l’heure du New Space, la mode du petit satellite ne cesse de prendre de l’ampleur. C’est l’occasion pour de nouveaux acteurs de se lancer avec la production en série de microsatellites pour des applications commerciales au profit prometteur et avec une offre de lancements aux systèmes innovants qui permettent de réduire le coût de la mise en orbite. C’est à une véritable compétition technologique que l’on assiste aujourd’hui. Sur la centaine d’initiatives qui annoncent se lancer dans le transport spatial, combien ont les reins assez solides pour commercialiser des services fiables pour un accès régulier à la dimension spatiale ? 

C’est en Amérique et en Chine, à la faveur du New Space encouragé par l’État et soutenu par les investisseurs, que se multiplient les offres privées de lancement de satellites. Sur un marché dominé par SpaceX, 3 systèmes ont déjà testé des satellisations: Rocket Lab (lanceur Electron depuis la Nouvelle Zélande), Virgin Orbit (LauncherOne largué depuis un Boeing 747), Astra Space (Astra depuis l’Alaska mais sans succès à ce jour). Ces concurrents annonçaient des vols mensuels, mais il n’en est rien. De janvier 2018 à juillet 2021, Rocket Lab a réussi 18 satellisations, mais 3 échecs. Ce qui n’empêche pas la société de mettre en chantier le Neutron, plus puissant. Deux autres lanceurs sont à un stade avancé de développement pour être prochainement testés en vol: chez Firefly (Alpha) et Relativity Space (Terran-1). Par ailleurs, une demi-douzaine d’entreprises chinoises développent des lanceurs économiques afin de répondre à la demande croissante de mises en orbite pour des micro-satellites destinés à la Chine. Cependant, la commercialisation de leurs services dans le monde se heurte aux restrictions de l’administration américaine pour le transfert de technologies sensibles. Il ne faut pas perdre de vue le manque de transparence en Chine.

Comment se positionne l’Europe qui, dès 1980 avec la société française Arianespace, fut la pionnière de l’accès commercial à l’orbite ?

Pour mettre sur orbite les micro-satellites, Arianespace privilégie le petit lanceur de construction italienne Vega. Il lui faut résister à l’apparition d’initiatives privées qui projettent de lui faire de l’ombre avec des micro-lanceurs. En Allemagne, 3 projets prennent forme avec un financement européen dans le cadre du programme Boost! de l’ESA (European Space Agency): Hyimpulse, Isar Aerospace et Rocket Factory Augsburg (qui fait partie du groupe Ohb) prévoient des lancements dès 2022-2023 à partir d’Androya (Norvège) ou de Kiruna (Suède). En Espagne et au Royaume-Uni, on envisage également la mise en service de petits lanceurs. 

Cette explosion de systèmes de lancement spatial ne risque-t-elle pas, à long terme, de mettre à mal notre environnement autour de la Terre ?

Chaque satellisation donne lieu à la mise en orbite de l’étage supérieur du lanceur. Cet étage, après sa courte mission, devient ni plus ni moins un débris dans le milieu spatial. La multiplication des moyens d’accès à l’espace doit faire craindre le pire au-dessus de nos têtes, si elle se fait de façon incontrôlée dans le seul but de faire du business… Le nettoyage des abords de la Terre devrait faire éclore chez des acteurs privés des projets de systèmes performants, mais aucune date n’est annoncée.  

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