WALL'INNOVE TOUR

WALL’INNOVE TOUR : arrêt sur ECOSTERYL

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

jannoon028/Freepik + photomontage, ©Ecosteryl

 
Il était une fois…

Une entreprise créée dans le Hainaut en 1947 par Raoul Dufrasne, père et grand-père des dirigeants actuels. AMB (Atelier Mécanique du Borinage) est alors destiné à la fabrication de machines spécifiques pour l’industrie extractive. Suite au déclin du secteur minier, la société s’oriente, au début des années 2000, vers le développement de machines de broyage et de décontamination de déchets hospitaliers. Ces déchets générés par les hôpitaux, potentiellement contaminés et dangereux, posent problème partout dans le monde. En moins de 5 ans, la technologie Ecosteryl est développée et brevetée par AMB. C’est une révolution dans le domaine du traitement de déchets médicaux. Ces machines font de la société montoise un leader mondial dans ce secteur.

Aujourd’hui dénommée Ecosteryl, l’entreprise conçoit et fabrique des équipements qui offrent une solution sûre et respectueuse de l’environnement pour le traitement des déchets biomédicaux. «Nous nous sommes spécialisés dans la construction de machines conçues pour le traitement de ces déchets comme les seringues, les poches de soins, les compresses, les aiguilles… tout le matériel médical en contact avec les patients», souligne Olivier Dufrasne, président du conseil d’administration, 3e génération de l’entreprise familiale. La société ne s’occupe pas des déchets chimiques et radioactifs qui sont traités par ailleurs. «Dans les pays les plus pauvres, ces déchets non traités sont jetés grossièrement en décharges avec les ordures ménagères, ce qui peut évidemment provoquer des épidémies. Surtout dans certains pays d’Afrique qui ont connu le virus Ebola. Pour un patient sur 3 infecté par Ebola, cette contamination vient des déchets hospitaliers non traités. Dans de nombreux endroits du monde, ces déchets sont brûlés ou stérilisés avec de la vapeur d’eau chaude. Avec notre système, nous apportons une solution écologique, simple et fiable là où il n’y en avait pas.»

Ecosteryl est reconnue par les grandes institutions dans son domaine: l’Institut Pasteur, l’OMS, la section Environnement de l’ONU, etc. Un succès jamais démenti avec des ventes 100% à l’international, sur les 5 continents. Olivier Dufrasne évoque l’exemple de la Malaisie, où la totalité des déchets hospitaliers sont traités par leurs machines.

 
  

CARTE D’IDENTITÉ

CRÉATION : 1947

SIÈGE SOCIAL :
Av. Nicolas Copernic, 1
7000 Mons

SECTEUR D’ACTIVITÉS:
Traitement et recyclage des déchets médicaux


 

 

MEMBRES DE L’ÉQUIPE : 35

CONTACT : 065 82 26 81 

 
…l’envie d’innover

Cette technologie unique au monde révolutionne le traitement et le recyclage des déchets médicaux (compresses, seringues…) en permettant de les broyer et de les décontaminer dans un environnement de haute sécurité. «Notre système transforme un déchet dangereux et volumineux en un déchet non dangereux, ménager et réduit de 80% de son volume. Nous avons fait breveter cette technologie qui stérilise les déchets sur base de micro-ondes. Les divers déchets hospitaliers arrivent dans notre machine à partir d’un élévateur qui va les transférer en vrac dans notre machine. Broyés, ils deviennent méconnaissables», explique Olivier Dufrasne. Ces résidus sont alors amenés et chauffés dans d’énormes fours à micro-ondes pour permettre une montée rapide en température jusqu’à 100 degrés. Puis, les déchets arrivent dans une cuve qui maintient cette température durant 1 h. Cette combinaison de température et de temps va garantir la décontamination des déchets. À ce stade, les déchets décontaminés, inertes, sont assimilables à des déchets ménagers. Ce système se décline en plusieurs gammes de produits de tailles différentes qui traitent des quantités variées de déchets. L’un pouvant traiter 250 kg de déchets par heure, est essentiellement destiné aux prestataires de services; un autre est conçu pour être utilisé dans l’enceinte même des grands hôpitaux, un troisième est destiné à un usage in situ en hôpitaux de taille moyenne et permet le traitement de 75 kg de déchets médicaux.

Nouveau concept, une plateforme de tri optique permet de séparer le polypropylène et le polyéthylène, ou d’autres fractions à la demande du client. «Ce centre de tri, qui se place en aval de nos machines, a pour optique de séparer les différentes matières afin de valoriser ce qui peut l’être comme matière et être réinjectée dans la fabrication d’autres objets.» Cela concerne principalement 2 types de plastique. Le polypropylène jaune, matière utilisée pour les contenants de poubelles, intéresse les clients qui veulent le réutiliser pour ensuite le revendre aux plasturgistes. Les fractions à trier sont sélectionnées selon la volonté du client et aussi en fonction des possibilités de valorisation locale. À l’arrivée, 85% des déchets peuvent être recyclés et valorisés, selon le principe de l’économie circulaire pour obtenir du quasi zéro déchet. Ainsi, des déchets de seringues sont transformés en bacs jaunes pour hôpitaux. «On boucle la boucle de l’économie circulaire des déchets biomédicaux. Et ce dispositif unique au monde est wallon», souligne fièrement Olivier Dufrasne. Le reste des déchets, une fois réduit en volume, peut être revendu aux cimentiers comme combustible de substitution pour les fours. Ce système n’est rentable que pour les plus gros centres de tri et traitement de déchets hospitaliers. «Nous rencontrons beaucoup d’intérêt pour ce centre de tri et après avoir fait l’objet d’une phase de recherche et développement et de test, ce produit est aujourd’hui approuvé, la partie expérimentale ayant été un succès. À présent, nous en sommes à la commercialisation et à la signature de contrats», conclut le jeune chef d’entreprise. 

Ecosteryl agit sur tous les fronts et tente d’avoir un impact positif sur les divers objectifs du développement durable. «Notre produit est déjà lui‑même respectueux de l’environnement, ajoute Sarah Thielens, responsable du marketing et de la communication d’Ecosteryl. Il ne consomme pas d’eau et ne rejette pas de fumées toxiques pour traiter les déchets médicaux. L’électricité suffit pour réaliser notre processus de décontamination. Seul un broyat parfaitement désinfecté, recyclable et valorisable est issu du processus. Aucune obsolescence n’est programmée, nos machines robustes sont fabriquées pour durer le plus longtemps possible.»

L’entreprise, qui emploie actuellement une trentaine de personnes, exporte dans une soixantaine de pays et ne cesse d’accroître ses parts de marché à l’international. Cet automne, elle était présente à Pollutec, la grande foire internationale de l’environnement, à Lyon. «Notre objectif est de renforcer nos parts de marché dans les pays où nous sommes déjà présents et d’ouvrir de nouveaux marchés dans des pays où l’environnement n’était pas une priorité il y a quelques années et l’est davantage aujourd’hui, comme l’actualité nous l’a démontré récemment», conclut Olivier Dufrasne.

  

QUI EST OLIVIER DUFRASNE, PRÉSIDENT DU CA ?

Diplômé en droit et en relations internationales de l’UCLouvain en 2008, Olivier Dufrasne n’a pas eu à chercher longtemps ce qu’il allait faire de sa vie professionnelle. «L’entreprise devait se développer au moment où j’ai fini mes études, explique-t-il. Je pouvais mettre à profit ma formation pour aider la société familiale à commercialiser à l’international ce magnifique produit. Avec l’équipe commerciale, je m’occupe des ventes à l’exportation. En octobre, nous nous sommes rendus à Pollutec à Lyon. Nous y participons depuis 15 ans. Nous étions installés sur le pavillon belge où nous avions notre stand avec l’AWEX (Agence wallonne à l’Exportation et aux Investissements étrangers). Nous sommes contents que les foires commerciales reprennent enfin après 2 années de mise en pause.» Ecosteryl est dirigée par 3 administrateurs. Outre Olivier Dufrasne, la direction est également assurée par son frère, Romain Dufrasne, et Amélie Matton.

Share This