Espace

Quoi de neuf dans l’espace ?

Théo PIRARD • space.info.theo@gmail.com

SpaceX

 

 

Le rêve s’avère bien utile pour nous évader en ce temps de crise climatique et de pandémie globale. Comme celui de pionniers fortunés qui proposent de coloniser celle que l’on surnomme communément la Planète Rouge. En Wallonie, l’Euro Space Center Belgium de Libin s’est mis à la mode en proposant à ses visiteurs et stagiaires de vivre des aspects de la mission Objectif Mars. Ainsi, peut-on y découvrir une infrastructure tubulaire qui serait celle d’une colonie martienne. S’agit-il vraiment d’un concept réaliste ?

Au fait, est-il bien raisonnable d’avoir des ambitions extra-terrestres, alors que notre planète est mise en péril par les excès d’une espèce humaine sur les éléments naturels ? N’est-on pas en train d’assister à une fuite en avant, alors que l’environnement terrestre ne cesse de se dégrader ? Il importe de donner en urgence la priorité à une surveillance continue et précise des conditions de la vie sur Terre. Ce qui ne peut empêcher l’espèce humaine de rêver raisonnablement une odyssée lointaine sur un autre monde…

Où en est-on pour un plan de colonisation ­martienne, avec une astronautique qui se met de plus en plus à la solde de l’entreprise ­privée du ­phénomène New Space ?

Le mégalomane Elon Musk, véritable touche-à-tout dans les technologies de pointe, a fait de l’aventure humaine martienne une priorité pour la fin de cette décennie. Celui qui est considéré comme l’homme le plus riche sur Terre a réussi à faire de sa société SpaceX (Space Exploration Technologies) la seule compagnie de transport spatial qui mette en œuvre des lanceurs commerciaux Falcon 9 et Falcon Heavy avec des premiers étages réutilisables. Il mise sur son système Starship pour que femmes et hommes voyagent jusque sur la Lune, puis sur Mars. Il s’agit d’un transporteur lourd propulsé par des moteurs innovants Raptor, fonctionnant au méthane et à l’oxygène liquide (29 sur le 1er étage, 6 sur le 2e).

Les essais des composantes du Starship se poursuivent de manière intensive sur le complexe privé Starbase, à Boca Chica (Texas). Chez SpaceX, on mise sur les effets d’annonce. Aucun planning réaliste donc, ce qui n’embarrasse nullement la NASA: elle joue la carte du laisser-faire. L’astronautique, avec le New Space, ne semble plus être une affaire d’État mais privée. 

Qu’envisage la Chine sur Mars, elle qui est présente avec succès dans toutes les activités de technologie spatiale? 

Apparemment, l’exploration martienne n’est pas dans ses priorités immédiates. Pourtant, cette année, la CNSA (China National Space Agency) a réussi un bel exploit avec sa première mission Tianwen-1 d’une grande complexité: le 10 février, elle a placé une sonde-relais autour de Mars, fait arriver un atterrisseur à sa surface le 15 mai, puis manœuvré le rover Zhurong depuis le 22 mai. La Chine est la deuxième nation à affirmer de façon ambitieuse sa présence sur le sol martien. Les nombreuses photos prises par Tianwen-1 montrent le haut degré de maturité de la technologie chinoise. Du coup, la CNSA n’hésite pas à annoncer, pour la fin de cette décennie, la complexe mission Tianwen-2, qui consistera à faire revenir sur la Terre des échantillons de la surface de Mars aux alentours de 2030 ! 

Dans quelle mesure les Européens peuvent-ils jouer un rôle dans cette colonisation de Mars?  

Grâce à l’ESA (European Space Agency), l’Europe est présente autour de la Planète Rouge depuis le 25 décembre 2003 avec Mars Express. Cette sonde d’1 t fonctionnant en orbite martienne fait partie d’une armada internationale qui comprend: des observateurs de la NASA avec Mars Odyssey (depuis octobre 2001) et Mars Reconnaissance Orbiter (mars 2006), Mangalyaan de l’Inde (septembre 2014) et Hope des Émirats (en coopération avec les États-Unis, février 2021).

À cause de problèmes avec le déploiement des parachutes pour la descente dans l’atmosphère martienne, les Européens ont dû reporter à septembre 2022 le lancement de leur sonde ExoMars, envisagé en Russie pour 2018. Il s’agit d’un engin qui se compose de la plateforme Kazachok et du rover Rosalind Franklin de 300 kg. Celui-ci est équipé, entre autres instruments, d’une foreuse pour des prélèvements jusqu’à 2 m de profondeur ainsi que d’un laboratoire d’analyse d’échantillons. L’arrivée sur Mars est finalement prévue en juin 2023. 

Share This