WALL'INNOVE TOUR

Arrêt sur AGROSTAR

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

jannoon028/Freepik+photomontage, ©Agrostar

Il était une fois…

Une entreprise familiale, Agrostar SA, créée en janvier 1988 par 3 personnes, dont le père de l’actuel dirigeant,  Dominique Beaudry. En 2009, après son décès, son fils reprend la société active dans le domaine des biotechnologies environnementales: «Nous sommes l’un des rares producteurs européens de micro-organismes à usage environnemental, utilisables dans l’agriculture, biologique ou conventionnelle, ainsi que dans le traitement des eaux usées, détaille Dominique Beaudry. Notre entreprise est toujours restée à taille humaine. Les micro-organismes que nous produisons permettent une meilleure nutrition des plantes et, dans certains cas, empêchent le développement de certaines maladies.» Grâce à la production de bactéries en vue de l’optimisation des sols, la société est devenue un acteur-clé de l’agriculture durable. «Nous développons des solutions sur mesure qui s’adaptent aux problématiques spécifiques de nos clients.» L’entreprise est ainsi le trait d’union entre le laboratoire et les champs. «Si notre objectif reste le développement de solutions pour nos clients, le grand souci d’une PME comme la nôtre est de devoir investir en permanence dans des projets de recherche, souvent très coûteux et sans avoir aucune garantie qu’ils vont aboutir à quelque chose de commercialisable.» Si bien qu’à un moment, l’accumulation de projets de recherche non commercialisables a mené l’entreprise dans une situation délicate. «J’ai passé les premières années à la tête de l’entreprise à la redresser, se souvient le CEO. Aujourd’hui, la situation est complètement assainie.» Depuis 2012, les micro-organismes produits par Agrostar sont certifiés «utilisables en agriculture biologique». «Une autre partie de mon travail a été d’aboutir à l’obtention d’une homologation en France, reconnaissant notre bactérie comme « matière fertilisante et support de culture »» C’est le cas depuis 2013. Depuis lors, différents projets du même type sont en cours.

Comme beaucoup d’autres entreprises, Agrostar a connu un gros moment d’inquiétude en 2020. «Nous avons perdu cette année-là 45% de notre chiffre d’affaires. Heureusement, 2021 a été une année exceptionnelle.» Les clients les plus importants sont les producteurs d’engrais. «Ils utilisent nos micro-organismes dans leurs engrais minéraux ou organiques. Les premiers sont chimiques et directement assimilés par les plantes. Alors que les seconds doivent d’abord être transformés pour que ces débris organiques soient minéralisés et accessibles aux plantes. Dans ce cas, l’ajout de bactéries va accélérer cette minéralisation et donc permettre une mobilisation plus rapide de la matière nutritive pour les plantes grâce à la transformation plus rapide de l’organique en minéral. Nous n’apportons rien au sol qui ne puisse être naturellement présent. Les engrais organiques ont pour effet de booster la croissance racinaire». 

  

CARTE D’IDENTITÉ

CRÉATION : 1988

SIÈGE SOCIAL :
Avenue A. Einstein, 11C
1348 Louvain-la-Neuve

SECTEUR D’ACTIVITÉS:
Production de micro-organismes pour l’agriculture et le traitement des eaux

MEMBRES DE L’ÉQUIPE : 3

CONTACT : 010 48 28 84

 
…l’envie d’innover

Dominique Beaudry aime à le répéter: «Nous n’inventons rien, nous ne faisons que copier la nature.» Dans un sol normal, il y a de la vie. «Les bactéries que nous produisons sont déjà présentes dans la plupart des sols. Dans une pelletée de terre de jardin, il y a déjà des milliers de bactéries différentes. Qui vont minéraliser les matières organiques présentes dans le sol (feuilles mortes, cadavres d’insectes ou d’autres animaux) et les rendre consommables par les plantes.» Certaines peuvent présenter, dans différents cas, un réel intérêt économique. «Notre métier consiste à les isoler, à essayer de les comprendre. Et puis, surtout à industrialiser leur reproduction pour pouvoir les réintroduire en masse afin d’avoir cet impact agronomique à grande échelle.» Car si les bactéries peuvent être utilisées comme adjuvant des fertilisants, elles peuvent également agir, dans certains cas, comme moyen de lutte biologique contre certaines maladies. Ce qui permet, en utilisant des micro-organismes plutôt que des produits chimiques, d’avoir une agriculture beaucoup plus propre et dont les risques sanitaires sont moins élevés, tant pour l’utilisateur que pour le consommateur.

(c) AGROSTAR

(c) AGROSTAR

Enfin, ces bactéries sont utiles à l’entretien et au débouchage des canalisations d’eaux usées, qui représentent une problématique dans les collectivités et les industries, alimentaires particulièrement, comme au niveau domestique. «Pour y remédier, nous avons développé des solutions qui allient l’action biologique de ses composants à leur biodégradabilité sans ajouts de produits corrosifs. C’est le même principe que pour les engrais: viser la minéralisation des matières organiques. Les désinfectants chimiques tuent les microbes, les microorganismes. La qualité de la lie dans les fosses va se réduire. Il faut donc réensemencer de manière régulière en bactéries pour pouvoir assurer le fonctionnement optimal des fosses. Nous ajoutons à nos micro-organismes des enzymes qui vont prémâcher leur travail. En présence d’odeurs de fosses septiques, l’ajout de complexes enzymo-bactériens apporte un effet immédiat grâce aux enzymes.»

Agrostar travaille pour l’agriculture mais aussi l’horticulture et la culture maraîchère. «Nous nous appuyons sur notre département de recherche appliquée afin de développer des formulations spécifiques à chaque type de sol et d’environnement. À partir des souches et des bactéries que nous produisons, des starters biologiques sont mis en place avec, pour mission principale, la fertilisation des sols et des cultures. Efficaces et souples, ces starters biologiques alliés à notre flexibilité nous permettent de développer des solutions sur mesure pour des projets spécifiques.» L’entreprise peut également trouver de nouvelles applications à des produits existants. «Cela peut aller dans 2 sens. On peut recevoir une demande du marché. On peut aussi innover à partir d’une souche dont on a découvert qu’elle produisait telle enzyme et qui pourrait donner des applications. On la développe, mais cela peut prendre plusieurs années avant d’arriver sur le marché. À nous de trouver quels marchés, essentiellement à l’export dans l’Union européenne.»

 
 
 

QUI EST DOMINIQUE BEAUDRY, DIRECTEUR GÉNÉRAL ?

Né en 1977 à Bruxelles, Dominique Beaudry a 11 ans quand Agrostar est créée. Après un graduat en marketing, et ne trouvant pas d’emploi dans l’immédiat, son père lui propose de venir l’aider à traiter une grosse commande. «Au départ, je devais faire de la manutention. J’étais juste ouvrier temporaire, mon père ne comptait pas m’engager. Au bout de ce contrat à durée déterminée de production, d’autres commandes étaient arrivées entre-temps et l’associé de mon père lui a alors conseillé, étant donné ma formation en marketing, de m’engager. J’étais chargé essentiellement des tâches logistiques. Quand je suis entré dans l’entreprise en 2002, l’informatique se limitait à 2 ordinateurs. Je me suis formé à cette technologie pour pouvoir moderniser l’informatique de l’entreprise. J’ai créé un système de gestion des commandes en interne. J’y étais depuis 7 ans quand mon père est décédé. Et j’ai décidé de reprendre l’entreprise.»

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