Quoi
de neuf dans l’espace ?

La décision de lancer le programme Ariane 6 pour succéder à Ariane 5, qui a tiré sa révérence en juillet dernier après 27 ans de bons et loyaux services, a été prise en 2014. L’un des premiers objectifs du nouveau lanceur est de garantir à l’Europe un accès direct à l’espace, pour ne pas avoir à dépendre des autres États. Une nécessité qui a pris d’autant plus d’importance avec la crise du Covid-19, le conflit russo-ukrainien et l’échec de la mise en service de la petite fusée Vega C en décembre. Ariane 6 existe en deux versions pour atteindre à la fois l’orbite basse (moins de 2000 km de la Terre) et l’orbite géostationnaire (36 000 km). Elle doit notamment affronter la concurrence de l’Américain SpaceX et de son lanceur réutilisable, et remplir les missions auparavant effectuées par la fusée russe Soyouz. Elle est deux fois moins chère que sa prédécesseure Ariane 5.

Du retard a été pris sur plusieurs essais au sol. Un court allumage du moteur Vulcain 2.1 de l’étage principal de la fusée, initialement prévu le 18 juillet a été reprogrammé pour le 29 août au Centre spatial guyanais. Une telle procédure utilise un modèle spécifique d’Ariane 6 déjà sur place depuis un moment et qui n’est pas destiné à décoller. Un autre allumage de ce moteur, toujours au sol, de 500 secondes – durée d’utilisation en vol – est ensuite prévu le 26 septembre. Parallèlement, un troisième test de mise à feu du moteur réallumable Vinci de l’étage supérieur de la fusée – principale innovation du futur lanceur – doit avoir lieu à Lampoldshausen (Allemagne) le 1^er septembre. Le vol inaugural d’Ariane 6 était à la base planifié en 2020. 

Avant SpaceX, Arianespace était parvenu à se hisser au premier rang mondial du marché commercial des lanceurs pendant plus vingt ans. En plus des commandes des États, Ariane 5 propulsait des satellites confiés par des entreprises. Mais aujourd’hui, le marché se transforme et voit apparaître une explosion des lancements de constellations de satellites, en particulier pour améliorer le besoin exponentiel de connexion à Internet. Ce sont par exemple les satellites Starlink, envoyés en grappes par Elon Musk dans ses propres fusées Falcon. Ces objets technologiques ont besoin d’être envoyés en orbite basse. Ça tombe bien, c’est l’une des promesses d’Ariane 6. Le nouveau lanceur européen est a priori plus cher que le Falcon de SpaceX, mais enregistre déjà plusieurs commandes. Jeff Bezos, le fondateur du groupe Amazon, a notamment déjà acheté 19 lanceurs à Arianespace pour mettre en orbite sa constellation Kuiper. Quand Ariane 6 pourra enfin décoller…