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Voir l’invisible

Laetitia MESPOUILLE • info@curiokids.net

©br3kkancs – stock.adobe.com, ©Italo – stock.adobe.com, ART and history, 1678-1978, ©sabdiz – stock.adobe.com –    Peter ELLIOTT

As-tu déjà laissé vagabonder ton imagination au point où tu te réduis à la taille d’une fourmi intrépide, prête à plonger dans un univers infiniment petit ? Comme Arthur, ce héros courageux qui part à l’aventure dans le monde des Minimoys, où chaque petit élément devient une découverte à tes yeux curieux ? N’as-tu jamais rêvé partir à bord d’un vaisseau spatial pour explorer des planètes lointaines et des nébuleuses multicolores ? 
 

Depuis que l’homme existe, sa curiosité l’a poussé à explorer des mondes qu’il ne connaissait pas, en observant d’abord, en développant des outils ensuite. C’est grâce à cette incroyable créativité et à ces idées audacieuses que des découvertes extraordinaires ont vu le jour, entrainant des progrès gigantesques. Si toi aussi tu ressens cette envie pressante de voir le monde sous un autre jour, embarque avec nous pour découvrir des mondes «invisibles».

L’invisible, c’est quoi ?

Excellente question, mon cher ! L’invisible, c’est une chose cachée qui est pourtant juste sous ton nez. Elle est là, elle existe, mais tu ne la vois pas. Il y en a plein. Par exemple, certaines choses sont vraiment, vraiment minuscules, comme les poussières que tu ne peux pas voir sans une loupe ou un microscope. Et puis, il y en a d’autres qui sont situées à des distances tellement lointaines qu’elles ne peuvent être vues à l’œil nu. C’est le cas des étoiles scintillantes qui parsèment le ciel nocturne. En l’observant, tu en vois quelques-unes briller, mais sache qu’en réalité, il y en a infiniment plus. Les télescopes nous donnent un coup de pouce pour les détecter mais aussi observer d’autres objets célestes. Il existe aussi des choses légères et incolores, comme l’air que tu respires à chaque instant. Même si tu ne peux pas le voir, tu sais qu’il est là, tu peux le sentir lorsque le vent caresse ton visage ou quand tu respires. N’oublions pas non plus les créatures invisibles dans la nature. Pas les fantômes, mais simplement celles qui se cachent bien: les raies qui s’enterrent dans le sable pour échapper aux prédateurs ou une sauterelle qui se fond dans l’herbe. Il faut parfois prendre son temps et se munir de patience pour les apercevoir. 

Les scientifiques sont comme des explorateurs, des enquêteurs de l’invisible, utilisant toute une panoplie d’instruments et de molécules super cools pour dévoiler les mystères de l’invisible. Un peu comme un grand jeu «Cherche et trouve» mais en version scientifique. Et ils en trouvent des choses fascinantes ! 

Raie (quasi invisible) enterrée dans le sable

   BIG DATA

1 000 000

Titan Krios est le microscope le plus puissant du monde. Il peut grossir les objets jusqu’à 1 million de fois


 
 
50 µm

C’est le plus petit détail visible par l’œil humain. 50 µm est égal à 0,00005 m (ou 1 m divisé par 20 000)

À la conquête de l’invisible

Depuis la nuit des temps, les êtres humains enquêtent sur les mystères du monde, à la recherche de réponses pour comprendre ce qui les entoure. Imagine-toi remonter le temps à l’époque de l’Antiquité, pour rencontrer les premiers astronomes, qui n’étaient pas spécialement des scientifiques d’ailleurs. Ces pionniers observaient les étoiles à l’œil nu. Ils ont «joué» à relier les étoiles entre elles pour créer des formes dans le ciel, appelées constellations. Tu connais déjà la Grande Ourse. Ils ont même observé que les étoiles étaient en mouvement, sauf une, l’Étoile Polaire, qui est devenue un repère pour s’orienter. Leurs premiers outils étaient simples: des cadrans et des bâtons. Rien qui leur permette de voir plus loin que leurs yeux ne le pouvaient. Il a fallu attendre le 17e siècle pour voir apparaître le premier télescope, développé par le néerlandais Hans Lippershey en 1608. Ce fabricant de verre de lunettes devient très vite populaire, au point qu’un certain Galilée, ayant entendu parler de son invention, décide de créer son propre télescope. C’est ainsi que Galilée a découvert que la Terre tournait autour du Soleil, que Saturne possédait des anneaux ou qu’il y avait des montagnes sur la Lune. 

   Le truc de ouf !

DES RAYONS INVISIBLES

Il y a d’autres choses super chouettes qui se cachent dans le monde invisible. Certaines d’entre elles font partie de la lumière. Pour comprendre ce truc de dingue, il faut d’abord que tu saches que notre œil, un organe fabuleux, ne peut détecter qu’une petite partie de celle-ci, appelée lumière visible. Mais notre étoile, le Soleil, émet d’autres types de rayons que nos yeux ne peuvent pas voir. Au 19e siècle, un certain William Herschel est le premier à découvrir certains de ces rayons invisibles: les infra-rouges. Tu sais, ces rayons chauds que ton micro-ondes utilise pour réchauffer ta pizza ! Quelques années plus tard, un autre scientifique, Wilhelm Röntgen, fait une nouvelle découverte incroyable: les «rayons X». Il remarque que ceux-ci marquent des plaques photographiques. Il teste même ça sur la main de sa femme. Et devine quoi ? Les rayons peuvent traverser sa peau et sa chair mais pas ses os. Le résultat sur la plaque photo est saisissant: tu peux voir le squelette de la main ! Comme sur les radios quand ton médecin pense que tu as un os cassé !

Microscope fabriqué par van Leeuwenhoek en 1673.

Un monde d’animalcules

Au même moment, l’exploration des mondes minuscules se développe à quelques kilomètres de là, à Delft, toujours aux Pays-Bas, où un certain Antoni Van Leeuwenhoek, davantage connu dans la vente de textiles, décide de bricoler son propre microscope. Un outil qu’il emploie dans sa fabrique pour analyser la qualité des tissus reçus. Il ne ressemble pas à celui que tu vois dans les séries télé, le sien se compose d’une bille de verre, minuscule et polie (voir illustration ci-dessous). Très vite, il se rend compte que cet outil de travail est bien plus amusant que prévu. Il se lance alors dans des observations incroyables, à commencer par celle d’une papille sur une langue de bœuf. Voulant comprendre le «goût», il se met à observer du poivre et des épices. Surprise, c’est tout un monde microscopique de bestioles en tous genres qui se dévoilent. Antoni appelle ces êtres vivants des animalcules. Piqué par la curiosité, il pousse l’exploration pour analyser une goutte de sang, des spermatozoïdes et même des bactéries. Voici comment un outil du quotidien a permis à la science de se développer. 

   Le savais-tu ?

SAVAIS-TU QUE NOS YEUX POUVAIENT VOIR DES OBJETS TRÈS PETITS MESURANT 0,1 MM ?

Du moins, pour ceux qui ont une excellente vue. Cela veut dire que ces personnes peuvent voir un grain de sucre glace. Cependant, il existe tout un univers d’êtres vivants et de matériaux que notre œil ne peut simplement voir. Les cellules humaines, des bactéries, des virus, de animaux microscopiques, du pollen, et même les cristaux. 

 
Les bactéries, voilà d’où viennent les maladies

Avec le développement des microscopes, par Antoni Van Leeuwen Hoeck mais aussi Robert Hooke, le monde du minuscule est exploré par une foule de scientifiques enthousiastes. C’est d’ailleurs notre fameux Antoni qui découvre les bactéries. Là où on pensait que Dieu était à l’origine de certaines maladies, les plus raisonnables se sont penchés sur ces êtres vivants invisibles, présents un peu partout. 

ACTU Science

EXPO  «EXPLORER L’INVISIBLE»

Ce qui est magique, avec  l’exploration de l’invisible, c’est qu’à  tout moment, on peut avoir le  souffle coupé par toutes ces  nouvelles choses que nous  sommes enfin capables de voir. Du  minuscule au gigantesque, les  chercheurs se transforment aussi  en artistes pour t’offrir des images  particulièrement jolies et surprenantes. Depuis début  octobre, les chercheurs de l’UMONS  font leur show grâce à  une toute nouvelle exposition qui te  montre des images issues de l’exploration de l’invisible. 

Toutes proviennent de la recherche:  en biologie, en  médecine, en chimie, en physique,  en mathématiques même… bref, tu  as compris, les scientifiques te  montrent leurs œuvres, t’expliquent  ce que tu vois et  t’embarquent dans l’aventure de la  recherche scientifique. Plus d’une  centaine d’images incroyables  t’attendent au MUMONS. Tu viens  nous rejoindre ? 

   Détails dans notre rubrique Agenda

Les merveilles cachées

L’ADN est une découverte qui a tout chamboulé. Longtemps, les scientifiques ont fait face à un vrai casse-tête: comment se déroule la reproduction à l’échelle des molécules ? Il a fallu attendre l’arrivée d’une technique révolutionnaire, la cristallographie par rayons X, pour le résoudre. Cette technique était employée dès 1953 pour étudier les molécules compliquées. Rosalind Franklin, une chimiste, a appliqué cette technique sur l’ADN. Et qu’a-t-elle découvert ? Que l’ADN se présentait sous la forme d’une double hélice, une double spirale si tu préfères. On comprendra ensuite que toutes les informations génétiques, qui font que toi tu es toi, sont contenues dans ces très longs filaments. Depuis, d’immenses progrès ont été réalisés pour étudier des maladies génétiques, développer de nouvelles thérapies et comprendre comment fonctionne notre corps.

Avec l’étude des «machins» miniatures, apparaissent des mondes incroyables et très jolis. Par exemple, l’étude de cristaux qui prennent des formes insoupçonnées quand on les observe à leur échelle. Carrée, hexagonale ou en fleur, leur microstucture permet aux scientifiques de comprendre et d’améliorer les matériaux actuels pour fabriquer les ailes des avions, des capteurs de gaz dangereux ou des plastiques écologiques. Il existe aussi une foule de bestioles invisibles. Soit elles sont visibles à l’œil nu mais tellement bien planquées qu’il faut se concentrer pour les voir, soit elles sont rikikis comme le tardigrade et il faut un microscope pour les observer.

Et si c’est plutôt l’espace qui te fait rêver, sache que tu n’es pas le(la) seul(e). La science-fiction nous montre à quel point les humains sont attirés par les étoiles, curieux de découvrir d’autres formes de vies extraterrestres. En attendant, des chercheurs étudient l’espace et font des trouvailles extraordinaires chaque jour. Une nouvelle étoile, une planète qui pourrait abriter la vie, un trou noir, une naine blanche, une nébuleuse. C’est donc un spectacle fabuleux qui nous est offert, riche en lumières multicolores et phénomènes cosmiques. Le télescope Hubble nous transmet depuis l’espace des images et des vidéos merveilleuses, grâce à une technologie élaborée par le génie humain. Rendez-vous sur le site de la Nasa pour en prendre plein les yeux ! 

Le selfie du jour

L’ŒIL HUMAIN

C’est bien sûr un outil génial pour voir tous les objets qui nous entourent. On s’appuie sur le sens de la vue pour se déplacer, choisir des vêtements, reconnaître les copains, attraper des jouets ou ta fourchette… Mais voilà, nos yeux ont leurs limites. Ils nous permettent de voir des objets petits, mais pas les tout petits. Même si tu as une vue d’aigle, la plus petite chose que tu peux «détecter» mesure 0,1 mm, la taille d’un grain de sucre glace. De même, tu peux voir une bougie briller dans le noir même si elle est super loin… enfin à maximum 2,5 km ! Cependant, il y a aussi toute une série de choses qui nous échappent, nos yeux ne sont pas parfaits: ils ne peuvent par exemple pas percevoir les détails qui composent la matière, le corps humain ou les animaux microscopiques. Ils sont incapables de capter certains types de lumière ou nous permettre de voir dans le noir comme les chats. Mais avec l’inventivité des scientifiques, une série d’outils nous permettent aujourd’hui de pénétrer des mondes inconnus.

 
Les outils pour voir l’invisible

1.       LE MICROSCOPE

Tu as certainement déjà vu des microscopes à la télé ou dans les magasins de jouets. C’est comme des super lunettes: ils utilisent des lentilles de verre et de la lumière pour «grossir» les objets trop petits. Feuilles, pétales de fleur, miettes de pain ou un petit bout de laine, tu peux observer plein de choses en gros plan car ils peuvent les grossir jusqu’à 2 000 fois. C’est énorme ! À cette échelle, tu peux observer des cellules humaines et découvrir des créatures incroyables comme les tardigrades ou les bactéries. Mais sache qu’il y a un outil encore plus cool: le microscope électronique à balayage. Celui-ci, au lieu d’utiliser la lumière, utilise un «faisceau d’électrons» et des lentilles. Oui, c’est un peu technique mais en gros, ça permet d’agrandir les objets jusqu’à 2 millions de fois ! Imagine ce qui s’offre à toi. Avec lui, tu peux observer les «poils» d’une araignée microscopique, les détails d’un cristal de métal, des cellules immunitaires, une foule de détails qui permettent aux chercheurs de comprendre le comportement des cellules, de certaines espèces animales ou encore, ce que cachent les matériaux.

2.       LE TÉLESCOPE

Le ciel recèle lui aussi bien des secrets et des merveilles. Des étoiles, des planètes, des nébuleuses… Mais ces objets sont très très loin et totalement invisibles pour nos yeux. Pour les observer, il faut se munir d’outils capables de capter la lumière, aussi infime soit elle. En photographie classique, tu obtiens en un clic la photo de ton chat sur ton téléphone. Mais en astrophotographie, c’est une autre paire de manches. Il te faut tout d’abord un bon télescope qui te permette de scruter le ciel profond, muni d’un appareil photo. Les temps de pose sont extrêmement longs. N’oublions pas que la Terre tourne sur son axe de rotation. Cela signifie que les objets stellaires bougent aussi. Pour compenser la rotation de la Terre, il te faut donc un autre outil: la monture équatoriale. Enfin, et c’est certainement l’élément le plus important, il faut que le ciel soit dégagé et pas trop lumineux. Avec ces éléments en main, il est possible de «voir» des objets situés à plusieurs années lumières. C’est-à-dire qu’il a fallu plusieurs années pour que leur lumière parcoure cette distance avant de nous atteindre. Les scientifiques peuvent même analyser le type de gaz qui compose les nébuleuses grâce à une série de filtres typiques de la lumière de chaque gaz. Ainsi, de l’hydrogène ou de l’oxygène peuvent être détectés depuis la Terre. Incroyable non ?

3.       LES OUTILS MÉDICAUX

Pour «observer» ce qu’il y a à l’intérieur du corps humain sans l’ouvrir, les médecins ont recours à différents outils. Tout d’abord la radiographie. Grâce aux rayons X, on peut voir «à travers» ton corps et repérer ce qui cloche. De cette manière, le médecin peut te donner le traitement le plus adéquat. Pratique et sans douleur ! Mais ce n’est pas tout. Une autre machine très utile est la résonnance magnétique nucléaire (RMN). Quel nom compliqué pour un principe simple. L’idée est d’exciter les atomes qui composent ton corps avec de gros aimants très puissants et des ondes spéciales. Quand tu éteins ce champ magnétique, les atomes excités se calment, mais pas tous à la même vitesse. On mesure alors le temps qu’il faut pour que ces atomes reviennent à leur état initial. C’est en regroupant tous ces signaux que l’on peut reconstruire une image de l’intérieur du corps. On peut observer chaque partie comme si on l’avait découpé en tranche. Sauf qu’en vrai, tu es intact. Là encore, c’est rapide et indolore. 

4.       DES MOLÉCULES POUR BRILLER DANS LE NOIR

Parfois, les scientifiques se retrouvent face à un problème : les objets minuscules qu’ils veulent étudier sont tous de la même couleur, et ça devient très compliqué de les distinguer. Alors devine quoi ? Aussi, les biologistes et les chimistes ont mis leurs supers cerveaux ensemble pour trouver une solution à ce dilemme. Penons l’histologie, les biologistes analysent des coupes de tissus humains. En gros, c’est comme si tu analysais au microscope une fine tranche de peau, de rein, ou d’un autre organe. Pour mieux voir les cellules qui se cachent dans ces tranches, ils ont un truc génial : des colorants. Ceux-ci vont se fixer à des endroits bien particuliers. Avec cette astuce, on peut mettre en évidence des choses importantes comme l’ADN, ou la membrane d’une cellule ou un autre de ces composants.

Et ça ne s’arrête pas là ! On joue aussi avec des couleurs super flashy. Imagine une lampe spéciale qui provoque l’émission de lumières fluo. Tu sais ? comme les objets qui brillent dans le noir quand tu emploies une lumière noire. La microscopie à fluorescence utilise le même principe. Comme les tissus ne sont pas naturellement fluorescents, on leur ajoute des colorants fluorescents. Quand ils sont éclairés par des rayons ultraviolets, ils émettent du vert, du bleu, du jaune,… à des endroits bien particuliers. Un peu comme quand tu surlignes au fluo certains mots à retenir sur ta feuille à l’école. Ici, on met en « fluo » les parties de la cellule que l’on souhaite mettre en évidence. C’est très joli, et surtout, très efficace pour comprendre. 

LE P’TIT DICO

Les PAPILLES (GUSTATIVES) sont des petites zones positionnées sur la langue et connectées à ton cerveau, qui te permettent de détecter le goût des aliments.

Les BACTÉRIES sont des organismes rikiki composés d’une seule cellule.

Une NÉBULEUSE est un gros nuage de gaz et de poussières situé dans l’espace, qui peut briller ou non.

Les ÉLECTRONS sont des particules élémentaires qui circulent autour du noyau des atomes. Ils sont chargés négativement et se déplacent sur des «routes» appelées orbitales.

L’HISTOLOGIE est la partie de la science qui étudie la structure microscopique des tissus animaux et végétaux, et des cellules qui les composent.

 
Ton p’tit LABO

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