À lire

Lucie CAUWE · lucie.cauwe@gmail.com

Alina Busuzunova – stock.adobe.com

À lire avec nos enfants

Les techniques

Les avions racontés aux enfants, textes et illustrations  de Philippe Godard, La Martinière Jeunesse, 72 p.,  15,90 euros.

Voler ? Le rêve humain depuis que l’humanité observe les oiseaux et tente de les imiter. L’auteur retrace avec brio l’histoire de l’aviation en une succession de doubles pages, étapes principales de cette aventure passionnante, superbement illustrée de photos et de documents d’archives. Du mythe d’Icare à l’avion solaire et aux drones en passant par les réussites et les records, les utilisations pour la poste, la guerre, le commerce, le tourisme ou contre les incendies. Sans éluder les questions légitimes par rapport aux défis environnementaux actuels.

Pour tous, à partir de 8 ans.

Les techniques

Le grand manuel zinzin – Les outils, textes et  illustrations d’Elo, Amaterra, 40 p., 15,90 euros.

Formidable leçon de vocabulaire que cet album en 2 temps et 7 sections (bricolage, bureau, couture, cuisine, jardin, ménage, toilette): un imagier de style rétro où chaque dessin d’outil est légendé de son utilisation et un «cherche et trouve» ludique où il s’agit de retrouver et identifier les outils utilisés par des personnages hauts en couleur. Ce sont 250 outils au total qui apparaissent au fil des pages. Certains sont faciles à reconnaître, tournevis ou clé plate, équerre ou rapporteur. Les choses se compliquent quand il s’agit de distinguer les sortes de scies et de pinces, d’aiguilles et de couteaux, sans oublier les outils de jardin et les instruments de ménage. Un seul petit regret: qu’un index ne figure pas en fin d’ouvrage.

Pour tous, à partir de 6 ans.

Les techniques

Origine, texte de Maria José Ferrada, idées et illustrations de Nat Cardozo, traduction et  adaptation de l’espagnol par Laurana Serres-Giardi, Rue du monde, 64 p., 23 euros.

Parle-t-on parfois des peuples autochtones dans les livres pour enfants ? Rarement. Trop rarement. Celui-ci en évoque 22 dans de doubles pages magnifiquement composées par une artiste franco-uruguayenne. En page de droite se trouvent de superbes portraits d’enfants, particuliers au sens où ils portent leur territoire sur leur peau et dans leurs cheveux. Les gravures sont réalisées en pyrogravure sur bois, rehaussée à l’aquarelle. Ces 22 portraits d’enfants fixent le lecteur et attendent qu’il lise le texte qui les fait découvrir en page de gauche: territoire, population, langue, écosystème, culture et une anecdote qui leur est propre. Un planisphère initial situe les 22 peuples indigènes choisis. Magnifique ouvrage !

Pour tous, à partir de 9 ans.

La Terre

Fantastique nature, Un tour du monde des  écosystèmes, textes de Séraphine Menu, illustrations  de Laura Ancona, Albin Michel jeunesse, 48 p., 18 euros.

Qu’est-ce qu’un écosystème ? Un lieu où des êtres vivants (espèces animales, végétales et bactériennes) interagissent à la fois entre eux et avec leur environnement. L’ordre y est possible si les chaînes alimentaires sont maintenues. C’est l’idée de «qui mange qui ?» qui préside à ce passionnant documentaire aux teintes douces. Il présente 12 écosystèmes répartis sur la planète, en témoigne le planisphère final. Sans surprise, on y retrouve la Grande Barrière de corail en Australie, la savane africaine, les Abysses de la fosse des Mariannes dans l’océan Pacifique, mais, plus étonnants, le lac Baïkal en Sibérie ou le fleuve de la Loire en France. L’album est porté par des illustrations à l’aquarelle de toute beauté, à la fois explicatives et oniriques, ce qui est rare dans le secteur documentaire. Autre point très positif, le texte qui, extrêmement pédagogique, prend vraiment le jeune lecteur par la main et lui explique les différents sujets de manière fluide et efficace. À chaque étape, l’écosystème est raconté par ses particularités tandis qu’un encadré de couleur alerte sur les dangers que l’homme fait peser sur le lieu.

Pour tous, à partir de 6 ans.

La Terre

Booom ! Les incroyables phénomènes de la  Terre, textes et illustrations de Jennifer N. R.  Smyth, traduction de l’anglais pas Lou Gonse, La  Martinière Jeunesse, 40 p., 21 euros.

Le titre claque autant que les vives couleurs des illustrations en couverture ou dans les pages. Dynamique écho graphique aux sujets traités, toutes les fois que la Terre fait «booom». On pense immédiatement aux volcans, aux séismes ou aux orages. Ce n’est qu’une infime part de ce que ce grand format nous concocte à propos des phénomènes naturels – mot dont la définition est donnée en entrée de jeu. Extrêmement construites, les illustrations proposent plusieurs niveaux de lecture. Elles montrent l’écart entre la surface de la Terre et ce qui se passe en dessous. Là où elle change, se tord et se transforme constamment, générant phénomènes naturels incroyables, paysages spectaculaires mais aussi catastrophes naturelles dévastatrices. Un texte précis détaille chaque phénomène sous plusieurs angles. Une approche originale et pertinente qui fait découvrir la structure terrestre, l’anatomie d’un volcan, l’étude des sols, la naissance des montagnes, les séismes, les geysers et sources d’eau chaude, les grottes et les cristaux, le pouvoir de la glace, les prodiges marins, les lumières dans le ciel, les nuages, etc. Autant de situations où apparaissent aussi animaux et humains.

Pour tous, à partir de 8 ans.

La Terre

Notre monde en chiffres, pour s’informer,  réfléchir et s’amuser, collectif, Gallimard  Jeunesse, 192 p., 19,95 euros, et Chronologies  visuelles de la nature, collectif, Gallimard Jeunesse, 288 p., 27,90 euros. 

Voici 2 encyclopédies visuelles superbement illustrées qui organisent le monde et les connaissances chacune à leur manière. La première par les chiffres: chacun des 6 chapitres (l’espace, la Terre, la nature, peuples et cultures, l’histoire, science et technologies) propose pour ses 80 thèmes traités en images une foultitude de chiffres liés, données, comparaisons, classements… La seconde par 140 chronologies illustrées en lien avec la nature; chaque double page offre des informations précises sur une plante, un animal, un écosystème ou un phénomène naturel. Du plus grand au plus petit, de l’universel au particulier. On découvre aussi bien la chronologie visuelle de la formation de la planète que celle d’une étoile géante, du désert du Sahara, de la croissance des fraises, de la vie d’un chêne ou de la décomposition d’une souris… 1 000 sujets à retrouver grâce à l’index final.

Pour tous, à partir de 8 ans.

Les animaux

Eatopedia, Quand se nourrir devient un super-pouvoir, textes de Victor Sabaté, illustrations  d’Aina Bestard, traduction de l’espagnol par  Philippe Godard, Saltimbanque Éditions, 172 p., 22 euros.

Le look est à l’ancienne avec une couverture toilée, des dessins couleur sépia dans le genre planche anatomique, des pages de garde marbrées. Qu’on ne s’y trompe pas, le sujet de ce documentaire épais et de bon format est ultra-contemporain. Il s’agit en effet d’une encyclopédie digestive, matière à propos de laquelle les découvertes se succèdent. Si on sait qu’il faut de l’énergie pour vivre et que cette énergie provient de l’alimentation, on ne sait en général pas grand-chose du processus de la nutrition (ingestion, digestion, absorption, défécation). On va découvrir ici combien l’appareil digestif aux innombrables variantes est un super-héros. L’auteure esquisse les types de systèmes digestifs et d’alimentation avant de détailler 70 animaux – dont l’être humain – et leurs systèmes digestifs. Un système de pages de couleur organise les différentes familles. Les illustrations apparaissent en couleur sur une page de ton sable à gauche. Elles sont reproduites en miroir et en coupe anatomique, en noir et blanc, sur la page de droite; les deux accueillent des infos textes variées et des croquis explicatifs. De quoi ne plus jamais regarder un lapin de garenne, une huître perlière ou une poule domestique de la même manière.

Pour tous, à partir de 8 ans.

Les animaux

Un animal par jour, textes de Miranda Smith,  illustrations de Kaja Kajfer, Santiago Calle, Mateo Markov et Max Rambaldi, traduction de  l’anglais par Aurélien d’Almeida, Casterman, 224 p., 19,90 euros, et 321 choses incroyables à  connaître sur les animaux, textes de Mathilda  Masters, illustrations de Louize Perdieus, traduction du néerlandais par Myriam Bouzid et Arlette  Ounanian, La Martinière Jeunesse, 312 p.,  22,90 euros.

Dans la continuité d’Un dinosaure par jour (voir Athena n° 364) sauf le signet de soie, cet épais grand format associe un animal à chaque jour du calendrier selon des thématiques mensuelles. L’ours polaire ouvre l’année, l’éléphant d’Asie la clôture, l’hippopotame apparaît le 29 février, infirmant le sous-titre 365 animaux à découvrir au fil de l’année. On ira voir l’animal associé à son anniversaire (le bouquetin des Alpes pour ma part) mais les autres dates seront autant de portes pour aborder les animaux et découvrir leurs notices. Quatrième volume de cette impeccable série 321 choses… depuis le premier (voir Athena n° 349), joyeuse, ludique et très documentée, il traite des animaux comme on le fait rarement. Les textes sont rassemblés par thèmes, amour, différences, nourriture, célébrité, danger, etc. On peut aussi picorer au hasard dans les pages. C’est passionnant et instructif. Exemples: les bonobos vont à l’université, les requins ont 2 zizis, la grive musicienne est une excellente chanteuse…

À partir de 6 et 9 ans.

Les animaux

Poux, Manuel de survie en territoire humain,  textes et illustrations de Berta Paramo, traduction de l’espagnol par Coralia Artus-Holly,  Helvetiq, 204 p., 17 euros.

Découverte avec son étonnant Fluidothèque  voir Athena n° 359), l’auteure-illustratrice nous réjouit encore avec ce très gros volume à couverture flashy orange en format quasi de poche. Tout petit !
Il n’y est question que de poux humains et tout y est considéré du point de vue du pou. Le texte est d’ailleurs adressé à ses congénères. D’où le sous-titre ! L’humour omniprésent tant dans les textes que dans les illustrations, dont de nombreux gros plans en pantone orange, distille un nombre considérable d’informations scientifiques et pratiques. Car les recommandations faites au pou sont évidemment à prendre à l’envers par leurs éventuels hôtes humains. Voilà une excellente façon de dédramatiser une situation très présente à l’école, cause de nombreux stress. Ce manuel de survie s’avère être une véritable encyclopédie sur le pou humain. Qui aurait cru qu’il y avait autant à dire sur ce minuscule parasite et qu’on pouvait le dire aussi bien ?

À partir de 7 ans, et pour tous les parents.

L’Univers

Notre histoire, Comment nous en sommes  arrivés là, et où nous pourrions aller, textes et  illustrations d’Oliver Jeffers, traduction de l’anglais  par Rosalind Elland-Goldsmith, l’école des  loisirs/Kaléidoscope, 120 p., 19 euros.

Magnifique par son graphisme, puissant par ses mots, cet album progresse en équilibre entre le documentaire et le traité de philosophie. Oliver Jeffers a choisi répondre aux questions qu’il pose, «Comment tout cela a-t-il commencé ?» en premier lieu, et d’avancer par propositions et tâtonnements. De la création du premier outil à l’invention de la fusée, il retrace les grandes étapes de notre évolution pour mieux se tourner vers notre avenir. Un demain entre inventions technologiques, frontières et rivalités qui le fait s’interroger sur l’histoire que nous écrivons pour les générations futures. Des inquiétudes et aussi de l’espoir au sujet desquels l’auteur s’explique en un long texte final adressé aux parents.

Un album à ne pas confondre avec Nous, notre histoire d’Yvan Pommaux (voir Athena n° 306), paru il y a 10 ans, qui raconte l’histoire des hommes, des femmes et des enfants qui ont peuplé la Terre depuis l’origine.

Pour tous, à partir de 6 ans.

L’Univers

L’homme qui n’a pas marché sur la Lune, textes  de Magali Chiappone-Lucchesi, illustrations de  Youlie, Glénat Jeunesse, 48 p., 14,50 euros.

Ils sont 12 hommes à avoir marché sur la Lune depuis le 20 juillet 1969 à 22h56 (heure de la côte Est des États-Unis), moment où Neil Armstrong, commandant de la mission Apollo 11, a posé le pied sur la surface lunaire. Il y sera rejoint quelques minutes plus tard par Buzz Aldrin. Personne n’a oublié le nom des 2 hommes. Ils étaient toutefois 3 à bord du module Colombe. Qui se souvient du nom du troisième ? Il s’agit de Michael Collins. Et c’est le héros de ce documentaire, maillon essentiel resté dans l’ombre mais conscient de sa complémentarité. Bonne idée de lui donner la parole, de le laisser exprimer ses sentiments et ses émotions. Collins raconte à la première personne combien il a pu se sentir seul au monde quand les 2 autres étaient sur la Lune. Un album de belle facture graphique avec son pantone argenté dont le texte oublie peut-être l’âge de ses lecteurs. Il ne cite que le prénom des 2 autres astronautes de l’équipe. Leur nom de famille ne figure qu’en quatrième de couverture, là où tout le monde ne va pas. Combien de générations de lecteurs depuis les 55 ans de l’événement ?

À partir de 7 ans.

L’Univers

Oh, une fusée ! La conquête spatiale racontée  par la Lune, textes et illustrations de Sarah  Mühlebach, traduction de l’allemand par Nadia  Aeberli, Helvetiq, 72 p., 22 euros, et Notre galaxie,  ton premier voyage dans l’espace, texte de Sue  Lowell Gallion, illustrations de Lisk Feng, traduction  de l’anglais par Sophie Lecoq, Phaidon, 26 p.  carton, 17,95 euros.

Perspective inédite et attirante dans cet album qui aborde la conquête spatiale grâce à un témoin privilégié, la Lune elle-même. C’est elle qui raconte son histoire et celle de tous ceux qui se sont aventurés dans l’espace, machines, animaux, hommes et femmes. Si elle évoque ceux qui ont foulé son sol, elle s’attarde aussi longuement sur les collaborations internationales qui ont eu lieu dans les stations spatiales. Après une exploration du système solaire, la narratrice envisage le présent et ses méfaits dont la pollution et interroge l’avenir. Un propos intéressant servi par de très belles illustrations. Le second ouvrage est destiné aux plus jeunes. Ses pages découpées agréablement illustrées proposent des textes poétiques et des compléments qui les précisent. En les dépliant à fond, elles forment un globe grâce à un fermoir magnétique. Une première approche documentaire de l’espace.

À partir de 7 ans.

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