À lire

Lucie CAUWE · lucie.cauwe@gmail.com

©Drobot Dean – stock.adobe.com

À lire avec nos enfants

La Terre

«L’eau et Le vent», textes d’Anna Skowronska, illustrations d’Agata Dudek et Matgorzata Nowak, traduction du polonais par Lydia Waleryszak, Albin Michel Jeunesse, 72 p., 18,90 euros.

Approche très visuelle similaire pour ces deux grands formats revisitant des thèmes connus grâce à une mise en scène vivante et ludique. Comme quoi, un bon dessin vaut souvent mieux qu’un long discours. Ainsi les pourcentages de proportions d’eau qui accompagnent les silhouettes de notre environnement: 70% pour l’être humain comme pour le lapin, 80% pour notre cerveau et même 10% pour une dent ! Les doubles pages suivantes examinent les états de l’eau et ses localisations. Elles nous emmènent ensuite aux quatre coins du monde puis expliquent différentes problématiques liées, aussi bien la collecte des déchets en mer que la culture du riz ou les grandes catastrophes. Démarche analogue mais moins géographique dans le volume sur le vent, cet air en mouvement, dont les particularités, formation, utilisation, diversité, sont traitées de façon très intéressante.

À partir de 7 ans.

La Terre

«Nuages, nuages, l’atlas», textes de Sarah Zambello, illustrations de Suzy Zanella, traduction et adaptation de l’italien par Philippe Godard, Saltimbanque Editions, 80 p., 16,90 euros

Cirrus, cumulus, stratus… Au mieux, on sait que ce sont des noms de nuages. Mais lesquels ? Et au fond, qu’est-ce qu’un nuage et comment se forme-t-il ? Une fois ces notions étudiées, cet ouvrage aux tons bleus très esthétiques se propose de mettre un peu d’ordre dans nos connaissances des nuages. En fait, il en existe dix familles, subdivisées chacune en quinze espèces mais les nuages se partagent aussi en variétés. C’est compliqué mais les très nombreuses et splendides illustrations permettent de vraiment mieux comprendre de quoi il retourne. Efficace, cet inventaire de tous les nuages existants dans le ciel incite à lever régulièrement le nez vers le ciel et à se laisser porter par les références littéraires, mythologiques et artistiques qui complètent les données scientifiques. Magnifique !

Pour
tous.

La Terre

«Respire, une ode à la nature et aux quatre saisons», textes et illustrations de Tim Hopgood, traduction de l’anglais par Frédérique
Fraisse, Glénat Jeunesse, 128 p., 16,90 euros.

Ouvrez les yeux, le nez, la bouche, les oreilles et goûtez la nature au fil des saisons. Touchez-la, appréciez-la, laissez-vous gâter par elle. Telles pourraient être les injonctions de ce documentaire superbement illustré qui, de saison en saison, nous emmène dehors et nous incite à nous reconnecter à ce qui nous entoure. Chaque fois, des expériences sont proposées, parfois culinaires. Surtout, de nombreuses planches sur doubles pages rassemblent une foule d’informations précieuses. Les oiseaux qui chantent au printemps à l’aube, les insectes qui dansent en été, les feuilles mortes à l’automne, les différentes pommes de pin en hiver… En réalité, tout ce qui compose notre environnement quotidien qu’on ne voit plus assez, qu’on connaît souvent mal et que l’auteur nous encourage à (re)découvrir grâce aux plus de 70 entrées de ce livre extrêmement positif. 

À partir de 6 ans.

La Nature

«Pop-up forêt», textes de Fleur Faugey, pop-ups de Bernard Duisit, illustrations de Tom Vaillant, La
Martinière Jeunesse
, 25 euros.

Spectaculaire album que celui-ci qui nous mène au cœur de la forêt pour l’admirer sous toutes ses coutures. Ses pages accueillent 5 pop-ups grandioses et une foule d’informations. On y visite différentes forêts du monde. Chacune est l’occasion d’expliquer un aspect des arbres, organismes vivants comme on l’oublie parfois. Le rôle des racines et des feuilles dans une forêt de chez nous, propice aux pique-niques et autres activités. La forêt équatoriale amazonienne bien entendu, absorbant 14% du CO2 de la planète et accueillant tant d’animaux rares. Le rôle essentiel des champignons pour les arbres. Mais aussi les métiers de la forêt, les arbres à records, le peuple Korowai en Papouasie qui vit dans les arbres, l’arbre mythologique scandinave Yggdrasil… Un album pour s’émerveiller devant les prodiges techniques des compositions en relief et tout simplement devant la beauté des arbres.

Pour tous, à partir de 6 ans.

La Nature

«Les extraordinaires aventures du ver de terre», textes et illustrations de Noemi Vola, traduction de l’italien par Marie Lorient, Nathan,
256 p., 21,99 euros.

Même si Charles Darwin l’a fait, qui penserait qu’on puisse publier aujourd’hui un livre de 250 pages sur le ver de terre ? Un ouvrage certes de moyen format, un ouvrage certes illustré. Un vrai traité d’histoire naturelle néanmoins sous sa couverture rose, couleur qui revient dans beaucoup de dessins et colorie la tranche. Un panorama complet des lombrics, infatigables creuseurs de galeries, animaux mal aimés et méconnus s’il en est, dont les informations scientifiques sont d’autant plus percutantes qu’elles sont présentées avec une bonne dose d’humour. Il existe 7 000 espèces de vers de terre auxquelles on peut ajouter les individus grimés en personnages célèbres par l’auteure. Cette dernière explique avoir un jour vu un ver de terre coupé en deux continuer à vivre en deux morceaux. D’où une foule de notes et de questions, assorties d’autant de doutes, une notion tout aussi scientifique. Un documentaire OVNI très séduisant.

Pour tous, à partir de 7 ans.

La Nature

«Grand Nord», textes de Jesse Goossens, illustrations de Marieke ten Berge, traduit et adapté du néerlandais par Catherine Tron-Mulder, Rue du Monde, 88 p., 21 euros.

Magnifiquement illustré de gravures aux couleurs polaires, ce documentaire venu des Pays-Bas est consacré à la faune du Grand Nord et rien qu’à celle-là. Mais il y en a des espèces qui vivent là. Mammifères, oiseaux, poissons, 35 animaux en tout sont racontés sur des doubles pages fort agréablement composées. Une grande gravure en situation, un croquis, un résumé scientifique et des textes vifs, agréables à lire, présentant leurs particularités. À noter qu’ils sont tous écrits à la première personne du singulier, à destination des enfants sans pour autant bêtifier, mais captant immédiatement leur attention. Les plus connus, renne, baleine, phoque, loup, pingouin etc., sont accompagnés d’autres habitants du Grand Nord à découvrir, hyperoodon, lapopède, glouton, pygargue, eider, starique… Un documentaire très intéressant mêlant art, mots et science.

À partir de 7 ans.

La Nature

«Jobs de Wouf, ces chiens qui aident les humains», textes de Valeria Aloise, illustrations de Margot Tissot, Helvetiq, 104 p., 19,90 euros.

En langage courant, un «métier de chien», c’est un boulot dur, souvent ingrat et difficile et sans limite horaire. Les deux auteures de ce documentaire renversent l’idée pour nous présenter 32 métiers de chiens, de vrais chiens. On va découvrir 35 espèces canines avec leurs particularités et 32 chiens qui travaillent avec, ou pour, des humains. Une longue histoire que celle des chiens et des humains ! Plus de 15 000 ans. Passées les présentations d’usage viennent les chapitres «jobs», avec chaque fois leurs représentants à quatre pattes, des plus connus aux plus insolites, en passant par ceux qui sont plus discrets ou tout simplement oubliés. Un sujet très original fort bien traité par les textes passionnants d’une folle de chiens et mis en remarquables images (à l’ordinateur) par une artiste qui n’en a jamais eu. Si on connaît le chien policier ou le chien de traîneau, on peut être surpris par le sauveteur en mer ou le protecteur de musée. 

À partir de 8 ans.

La Nature

«Fluidothèque», textes et illustrations de Berta Páramo, traduction de l’espagnol par Charlotte Botrel, La Partie, 152 p., 18,90 euros.

Saisissant par son titre, son sujet et le traitement qu’il en propose, ce moyen format broché agréablement épais a bien mérité sa mention spéciale «Première Œuvre» à la Foire internationale du livre pour enfants de Bologne ce printemps. Néologisme, Fluidothèque se propose d’étudier le corps humain par le prisme des fluides corporels qui diffusent, chacun à sa manière, l’eau qui compose la plus grande part d’un organisme. Ces fluides qui peuvent être des liquides, des gaz, du caca… sont indispensables à la vie. Un traitement graphique particulièrement dynamique permet de bien comprendre la notion de fluide, d’abord dans ses généralités, ensuite dans ses particularités (caca, larmes, morve, pipi, salive, sang, sueur, autres). L’humour est au rendez-vous pour mieux expliquer les différents processus biologiques, selon plusieurs niveaux de lecture, permettant une lecture à des âges différents. Une surprise et une réussite.

Pour tous, à partir de 6 ans.

La Nature

«C’est sale ! La grande histoire de l’hygiène», textes de Monika Utnik-Strugata, illustrations de Piotr Socha, traduction du polonais par Lydia Waleryszak, La Martinière Jeunesse, 220 p., 21 euros.

Voilà plus qu’un album documentaire, une véritable encyclopédie sur l’histoire de la saleté, et son corollaire, celle de l’hygiène, à travers les siècles et le monde. Être propre est une notion à géométrie éminemment variable. Sinusoïdale même au fil des siècles. Très largement illustré avec de sacrées pointes d’humour, cet épais grand format nous emmène de l’Egypte ancienne aux fusées contemporaines, en passant par la Rome antique, grande spécialiste des conduites d’eau, les historiques hammams turcs et les bains publics du Moyen-Age. Sont aussi bien abordées l’hygiène personnelle que la salubrité publique, l’usage du savon et du dentifrice que les différents essuie-fesses. On voyage dans le monde et dans le temps, on découvre des usages, leur histoire et leur technique, le tout servi par des illustrations grand format agréablement raffinées.

Pour tous, à partir de 8 ans.

Les Humains

«Nous, les indomptables», textes de Yuval Noah Harari, illustrations de Ricard Zaplana Ruiz, traduction de l’anglais par Florence Hertz, Albin Michel Jeunesse, 168 p., 19,90 euros.

On se rappelle du best-seller pour adultes «Sapiens, une brève histoire de l’humanité», également adapté en bande dessinée. Son auteur, Yuval Noah Harari, se lance dans un projet à destination des jeunes. Il veut leur faire lire l’histoire de l’humanité comme si elle était un roman ! Un roman illustré plutôt puisqu’il s’est doté d’un dessinateur espagnol. Le premier des 4 tomes prévus, à raison d’un par an, sort en même temps en anglais et en français. Le ton est vif, piquant, entraînant, faisant par exemple remarquer que nous sommes terriblement puissants, capables du meilleur comme du pire. «Les êtres humains doivent apprendre à connaître leurs capacités et à les utiliser avec sagesse», écrit-il. Ses propos sont agréablement didactiques, incitant à comprendre plutôt qu’à apprendre. Ce nouveau concept documentaire, fort plaisant, impose toutefois qu’on lise tout le texte du début à la fin. Pas de picorage possible sous peine de ne plus rien comprendre aux propos de l’auteur qui va d’une idée à l’autre, établissant des liens fort intéressants. Comme dans un roman, finalement.

Pour tous, à partir de 10 ans.

Les Humains

«30 héros qui changent le monde», textes de Claire Le Nestour, illustrations d’Emmanuelle Halgand et «30 aventuriers du ciel», textes de Sophie Bordet-Pétillon, illustrations d’Emmanuelle Halgand, Paulsen Jeunesse, 136 p., 19,90 euros.

Où en serait-on si des hommes et des femmes n’avaient œuvré toute leur vie pour le progrès et la recherche ? Classés par ordre alphabétique, ayant vécu principalement au XXe siècle, pas toujours assez connus, trente de ces héros, 15 femmes, 14 hommes et un pseudonyme, figurent dans cet épais documentaire illustré dont chaque chapitre suscite l’envie de lire. Quelques exemples. «Tim Berners-Lee, le père du Web», «Abdou Moumouni Dioffo, le génie solaire du Niger», «Hedy Lamarr, star du bricolage» (dont le wi-fi), «Youyou Tu, un remède contre le paludisme» (la plante artemisia), «Rosalind Franklin, l’oubliée de l’ADN»… Autant de génies aux inventions déterminantes. L’autre volume décline la même approche dans ce qui concerne le ciel. Avion, planeur, deltaplane, montgolfière, navette spatiale côté technique, sauvetage de migrants en mer, alerte sur le réchauffement climatique, pilotage virtuose côté missions, pour ne citer que quelques thèmes. Des destins décoiffants.

À partir de 10 ans.

Les Humains

«Le monde extraordinaire de Charles Darwin», textes d’Anna Brett, illustrations de Nick Haye, traduction de l’anglais par Emmanuel Gros, Little Urban, 64 p., 25 euros.

Ce grand format bien épais très largement illustré de façon moderne et fort agréable apparaît bien structuré pour appréhender l’homme qu’a été Charles Darwin (1809-1982) et ce qui lui a permis d’établir en 1859 sa théorie sur «L’origine des espèces», l’une des plus audacieuses de son époque. Les 29 chapitres balaient les découvertes du scientifique mort il y a pile 140 ans. Formation, pensées de son temps, premières découvertes et… sa grande idée selon laquelle les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ou les plus intelligentes mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. On imagine la révolution qu’entraîna à l’époque une telle théorie ! Les chapitres suivants la détaillent de manière fort intéressante, utilisant les mots nécessaires qui, quand ils sont difficiles, sont marqués d’un astérisque renvoyant à un glossaire final. Cette somme d’informations, très bien soutenues par les illustrations percutantes, explique aussi tout ce que les connaissances et les recherches actuelles doivent au génial scientifique britannique passionné par la nature.

À partir de 8 ans.

Share This