L'Adn de…

Philippe
LEDUC
Programmeur
informatique

Propos recueillis par nadine sahabo • nadinesah@yahoo.fr

P. LEDUC

Programmeur informatique, c’est une vocation que vous avez depuis toute petit ?

Non, tout petit, je voulais être fermier. Jusqu’à mes 14 ans, je passais une grande partie de mes vacances à la ferme chez ma tante et je voulais plus tard la reprendre. Puis on m’a fait comprendre que c’était logiquement à mon cousin de prendre la succession. Je me suis alors tourné vers mon autre passion, l’électronique et après un cursus atypique sur lequel je ne reviendrai pas ici, je suis devenu électronicien. Cela dit, l’arrivée des micro-ordinateurs au milieu des années 80 ne m’a pas laissé insensible. Je me suis même inscrit à une des premières formations qui était donnée le vendredi soir en 1984.

En ce qui me concerne, je le suis devenu par hasard. Mon premier job d’ingénieur projet dans une société de pesage m’a conduit à devoir développer des logiciels pour le pesage des camions, cela m’a passionné. J’ai ensuite créé ma société en février 1991 et je développe des programmes sur mesure depuis 25 ans. Mais la meilleure façon de devenir programmeur est de réussir un bachelier ou un master en informatique. Pour ma part, mon employeur ne m’avait pas vraiment laissé le temps de reprendre une formation d’analyste programmeur. J’ai donc dû apprendre rapidement par moi-même. À cette époque, on était au début de l’ère informatique, c’était plus facile.  

Comment devient-on programmeur informatique ?

Vous travaillez actuellement comme programmeur chez Light-Control, mais quelle est votre journée-type ?

Il n’y en a pas vraiment, je passe bien entendu la plus grande partie de mon temps à programmer les logiciels que mes clients m’ont commandés, et cela peut prendre une journée à plusieurs mois, dépendamment du programme. Mais il faut aussi répondre au téléphone (hotline), réaliser des cahiers de charge, des offres, participer à des réunions, sans oublier la comptabilité de l’entreprise. En bref, avec mon équipe de trois personnes, nous réalisons principalement des programmes pour l’entreprise. Nous développons dans le milieu du pesage des camions, du dosage et du remplissage, ainsi qu’au niveau du contrôle et de la gestion de production, des livraisons, des stocks, du pointage, etc.

Mon premier souvenir avec la science remonte en humanités, avec l’étude de l’électricité puis l’électronique. C’est un domaine qui m’a très tôt et toujours passionné.

Quels sont vos rapports avec la science ? Quels sont vos premiers souvenirs
«scientifiques» ?

Quelle est la plus grande difficulté rencontrée dans l’exercice de votre métier ?

Il y a 30 ans, on pouvait à peu près tout connaître en informatique. Le hardware, les systèmes d’exploitation, les serveurs, les réseaux, programmer des logiciels, etc. Pour programmer un logiciel, on utilise un langage de programmation comme le C, le C++, le Pascal, Python, Delphi, etc. Ensuite à partir d’un EDI (programme de programmation), on écrit du code dans le langage que l’on a appris et qui, une fois compilé, va produire un programme que l’utilisateur pourra démarrer sur son ordinateur pour réaliser les tâches demandées, par exemple un programme de comptabilité pour son commerce. Aujourd’hui, c’est différent, plus on avance dans le temps et plus cela se complexifie et se spécialise. Si on veut continuer, on est amené à choisir et à se spécialiser dans un domaine. Pour rester compétitif, il est impératif de se former et d’étudier constamment, ce qui, à la longue, est fatiguant intellectuellement. Finalement, plus on travaille, plus on vieillit et moins on en connaît, c’est assez frustrant car c’est logiquement le contraire: l’expérience et l’expertise augmentent avec le temps… 

Ma plus grande réussite, c’est d’avoir développé un système de gestion de l’énergie pour les bâtiments. C’est une réussite autant électronique qu’informatique. Fin des années 80, on parlait déjà beaucoup des économies d’énergie. Je me suis très vite rendu compte que l’on était de très mauvais gestionnaires de l’énergie que l’on consomme dans nos bâtiments. Cela m’a conduit à réfléchir à un appareil qui pourrait gérer à notre place toutes les techniques que nous installons. Par la suite, j’ai commencé à développer, en collaboration avec l’Université de Liège, un système de gestion de l’énergie et des techniques dans les bâtiments. 

Quelle est votre plus grande réussite professionnelle jusqu’à ce jour ?

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui aurait envie de suivre vos traces ?

Ayez confiance en vous, réussissez un bachelier ou un master en informatique, apprenez un ou plusieurs langages de programmation, faites des programmes pour acquérir de l’expérience et postulez.  

Philippe
LEDUC

ÂGE 
55 ans

SITUATION FAMILIALE 
Marié,
3 enfants

PROFESSION 
Programmeur
chez Light – Control 

 

FORMATION
Électronicien

SITE
INTERNET

https://www.light-control.be/

Je vous offre une seconde vie pour un second métier…

Mon métier me comble et me passionne. Malgré tout, j’ai l’impression que la société dans laquelle nous vivons nous éloigne de l’essentiel. C’est pour cette raison que je choisirais «Agriculteur», pour être plus proche de la nature et de ma famille. Être en contact avec la nature me procure un sentiment de liberté.

Ce serait un pouvoir de supprimer les inégalités et les injustices dans ce monde. Tous les jours, les médias nous montrent les malheurs que vivent tant de personnes partout dans le monde, ce qui m’empêche d’apprécier pleinement le bonheur que je peux recevoir. 

Je vous offre un super pouvoir…

Je vous offre un auditoire…

Il y a un sujet qui me passionne et que j’ai beaucoup étudié et travaillé: la gestion de l’énergie dans les bâtiments. Je voudrais expliquer que nous sommes demandeurs de davantage de techniques dans nos bâtiments pour améliorer notre confort. Mais nous sommes de très mauvais gestionnaires. S’occuper de cette technique devient un inconfort. Actuellement, chaque technique est indépendante l’une de l’autre, ce qui conduit forcément à des incohérences. La conséquence, c’est l’augmentation de l’énergie et de notre impact carbone. Il est possible d’avoir des appareils qui gèrent cette technique à notre place. C’est très bien d’isoler, de placer des panneaux photovoltaïques mais laisser inutilement des lampes ou le chauffage allumés alors que les fenêtres sont ouvertes n’a aucun sens.

Je reprendrais le développement des appareils de gestion de l’énergie dans les bâtiments en y intégrant l’intelligence artificielle. L’intérêt sera de ne plus devoir programmer l’appareil de gestion mais l’appareil se programmera automatiquement en fonction de notre vie afin de nous offrir un confort optimal avec un impact énergétique minimal.

Je vous offre un laboratoire…

Je vous transforme en un objet du 21e siècle…

L’ordinateur, pour son accès à la connaissance et à son ouverture sur le monde.



J’irais aux États-Unis. Énormément de lieux m’attirent pour leur histoire comme New-York, la Nouvelle Orléans, la Silicon Valley, etc.

Je vous offre un voyage…

Je vous offre un face à face avec une grande personnalité du monde…

Je choisirais Pierre Rabhi (1).
Je suis en parfaite adéquation avec ses idées. Le rencontrer me permettrait d’apprendre à mieux vivre avec la nature et comment la respecter.



Pour moi, la question ne se pose pas. Le sexe n’a aucune incidence sur la profession. Alors qu’il n’y a pas de raison valable, j’ai effectivement l’impression qu’il y a moins de femmes qui pratiquent ce métier…

La question «a priori»: Programmeur informatique, c’est un métier peu accessible
aux femmes ? 

(1) Pierre Rabhi, de son nom d’origine Rabah Rabhi, né le 29 mai 1938 à Kenadsa, en Algérie, est un essayiste, romancier, agriculteur, conférencier et écologiste français, fondateur du mouvement Colibris et figure représentative du mouvement politique et scientifique de l’agroécologie en France.

Share This