WALL'INNOVE TOUR

Arrêt sur 
I-Care

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

jannoon028/Freepik + photomontage, ©I-CARE

Il était une fois…

L’entreprise I-Care, fondée en 2004 à Mons par Fabrice Brion, alors jeune ingénieur, est spécialisée dans la maintenance prédictive industrielle. Celle-ci permet de prévoir la panne d’une machine et de ce fait, de la réparer à temps. Durant ses premières années, la société montoise développe ses compétences en vibration, lubrification, thermographie infrarouge et ultrasons. Un peu plus tard, comptant alors 10 personnes, elle commence à fournir un service de consultance en fiabilité et, de fil en aiguille, finit par répondre à la demande en maintenance d’un acteur majeur du secteur pharmaceutique. En 2007, convaincu que la révolution industrielle 4.0 est en marche, son jeune patron décide d’installer un département Recherche et Développement et de mettre au point sa propre solution d’outil d’analyse de l’Internet industriel des objets. Les activités de la société se développent bien et elle ouvre sa première filiale en Italie. Peu après, la plateforme cloud permet à l’entreprise de lancer l’analyse à distance et de mieux répondre aux besoins de ses clients dans le monde entier en leur fournissant la même qualité de diagnostic sans avoir à supporter des frais de déplacement. En 2010, la société montoise, qui compte désormais 60 personnes, ouvre des bureaux en France, en Pologne et en Allemagne.

Après 7 ans de R&D, I-Care dépose un brevet et lance sur le marché son premier produit, un capteur de vibrations sans fil, le Wi-care. Un premier contrat est signé au Maroc. La demande pour cette nouvelle technologie est importante et la société ouvre une filiale en Suisse. En 2014, l’entreprise intègre ses propres bureaux au sein du Parc Initialis de Mons et prend un tournant important en s’étendant en Australie et en Corée du Sud. Deux ans plus tard, le bureau nord-américain ouvre ses portes à Houston au Texas et l’entreprise signe son premier contrat mondial avec un acteur majeur de l’industrie alimentaire. En 2017, la société wallonne rachète son concurrent néerlandophone pour une fusion stratégique et l’intégration des 2 sociétés dans une nouvelle structure. En 2019, un gros contrat de 4 millions de dollars est signé aux États-Unis avec un important fournisseur d’énergie. Élue Entreprise de l’année 2020, suite à un appel d’offres lancé par un groupe américain du secteur agroalimentaire, I-Care remporte un important marché pour un groupe américain du secteur alimentaire. Ce contrat de 10 millions d’euros et d’une durée de 3 ans consiste à implémenter sa technologie dans la centaine d’usines du groupe. Cela lui permet d’accélérer le rythme de ses acquisitions à l’étranger et de décrocher de nouvelles opportunités d’affaires. De nouvelles filiales, au Canada et en Amérique centrale et du Sud, sont ouvertes.

Actuellement, I-Care emploie 700 personnes dans 12 pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie. De Mons à Houston, en passant par São Paulo et Louvain, la société wallonne permet de prévoir et d’éviter les pannes dans les usines de fabrication de vaccins et de médicaments, les centrales nucléaires et les éoliennes, les usines de production alimentaire ou les lignes de fabrication de micro-puces. Ses capteurs se retrouvent également sur des monuments emblématiques comme la Tour Eiffel. I-Care a connu une croissance de plus de 35% par an ces 5 dernières années. Elle vient de procéder à une levée de fonds de
50 millions d’euros, menée par un investisseur industriel belge et CPH Bank, avec la participation d’IMBC (société de financement pour PME à Mons), la SRIW (Société régionale d’investissement de Wallonie) et le fonds Amerigo (fonds wallon d’investissement pour les entreprises), et dont 10 millions d’euros ont été injectés il y a quelques mois par des salariés de l’entreprise. 

 
 

CARTE D’IDENTITÉ

CRÉATION : 2004

SIÈGE SOCIAL :
Rue René Descartes 18, 7000 Mons

SECTEUR D’ACTIVITÉS:
Maintenance prédictive industrielle

MEMBRES DE L’ÉQUIPE :
Près de 700

CONTACT :
065 45 72 14

 
…l’envie d’innover

La devise de la société montoise pourrait être «mieux vaut prévenir que guérir». D’ailleurs, son nom I-Care est inspiré de la traduction anglaise de «je prends soin». «Le concept de maintenance prédictive existait déjà aux Etats-Unis et en Europe quand nous nous sommes lancés, précise Fabrice Brion. Nous l’avons poussé plus loin et nous y avons apporté beaucoup de pratique. Je dis toujours que nous sommes des médecins pour machines. Nos stéthoscopes sont l’analyse vibratoire, l’analyse des lubrifiants et la thermographie infrarouge. Notre métier consiste à poser des diagnostics.» Comment ça marche ? Des capteurs sont placés sur de grosses machines industrielles. Ils permettent de détecter à quel moment cette machine risque de se montrer défaillante, les pannes à venir et de remplacer les pièces abîmées avant que la panne survienne. Car l’objectif d’I-Care n’est pas de prédire, mais de prédire avant tout le monde. «Prenons l’exemple du Covid-19. Une fois en Chine, beaucoup ont dit « ça va arriver partout dans le monde ». Mais avant qu’il n’arrive en Chine, personne ne l’avait vu venir. C’est la même chose pour les machines. Quand elles sont dans un sale état, c’est facile de prédire qu’il va se passer quelque chose. Mais si on veut le faire correctement, c’est un peu plus compliqué.»

Aujourd’hui, ces capteurs sont placés sur des machines aux 4 coins du monde, en Australie, au Chili, aux États-Unis… et surveillés à distance à Mons. «Nous disposons de toute la chaîne de valeur pour nos clients. Nous fabriquons les capteurs, développons les logiciels et, sur ces bases, nous réalisons aussi le diagnostic.» Cette surveillance permet à l’industrie de gagner du temps et d’organiser l’arrêt des machines au moment le plus opportun. «Savoir qu’une machine va tomber en panne n’est pas suffisant pour l’industrie moderne. Arrêter une machine pour l’entretenir coûte très cher et plus encore si elle tombe en panne. L’intérêt pour les clients d’I-Care est de pouvoir décider du moment le plus adéquat pour arrêter une machine à temps et d’effectuer des réparations.»

Actuellement, la société est l’un des leaders mondiaux de la santé des machines industrielles. «Le principal domaine dans lequel nous travaillons est ce qu’on appelle le process, l’agroalimentaire, le secteur pharmaceutique, la chimie, la pétrochimie. Nous travaillons aussi beaucoup dans le secteur de l’énergie, aussi bien les centrales nucléaires que l’éolien, et dans le secteur de l’industrie lourde (cimenteries, carrières, aciéries, etc.). Un secteur en plein développement actuellement est celui des infrastructures (chemins de fer…). Nous recevons de plus en plus de demandes. On n’est pas prophète dans notre pays, mais on l’est dans d’autres.» I-Care est active à 60% à l’exportation et n’arrête pas de grandir grâce à sa technologie innovante. En outre, la maintenance prédictive est un secteur à fort potentiel. «Notre ambition est de recruter un millier de travailleurs, de multiplier notre chiffre d’affaires par 5 et de devenir le numéro 1 mondial dans le secteur de la maintenance prédictive dans les 5 ans. Cela paraît fort ambitieux, mais il faut savoir que les études de marché disent que notre secteur va être multiplié par 4 dans les 5 prochaines années.»


 
 

QUI EST FABRICE BRION, CEO D’I-CARE ?

Mais comment ce jeune ingénieur d’alors 24 ans a-t-il eu l’idée lumineuse de créer une entreprise spécialisée dans la maintenance prédictive ? De ses études ! «J’ai effectué mon mémoire sur l’intelligence artificielle appliquée à la maintenance prédictive, alors que ce domaine était encore largement inexploré, et avec le leader mondial d’alors, la société Emerson, se souvient-il. Y travailler pendant 2 ans m’a permis de faire mes armes un peu partout dans le monde et de découvrir ce qui se faisait de bien et de moins bien.» Né en 1979 à Saint-Ghislain d’un père garagiste et d’une mère enseignante, Fabrice Brion, outre son diplôme d’ingénieur industriel, détient aussi un master en Innovative Management de la Faculté polytechnique de Mons. Passionné de mécanique automobile, et plus particulièrement de véhicules anciens, mais également de Formule 1, le chef d’entreprise aime s’inspirer du monde automobile tant d’un point de vue mécanique que stratégique. Il n’hésite pas, encore aujourd’hui, à plonger les mains dans le cambouis.