Espace

Quoi de neuf dans l’espace?

Théo PIRARD 

SPACEX

Avec son lanceur lourd Falcon Heavy,  SpaceX a fait revenir les 2 boosters latéraux au Cap Canaveral (voir vidéo ci-dessous)

Une centaine de récupérations réussies en vue d’une réutilisation pour d’autres vols : c’était le bilan de SpaceX à la fin de 2021. La société privée de transport spatial, que l’on doit à l’homme d’affaires Elon Musk, est la seule au monde à pouvoir lancer des satellites au moyen du même premier étage: celui-ci, grâce à une avionique performante, réussit à atterrir en plein océan sur un ponton spécialement aménagé ou à venir se poser de façon précise près de l’aire de lancements. Ce qui donne lieu à des images toujours spectaculaires, quelque 8 minutes après le décollage

Le premier retour réussi de l’étage principal du lanceur Falcon 9 de SpaceX eut lieu le 22 décembre 2015. Une «première» historique car jusqu’alors les étages de fusées retombaient en mer ou s’abîmaient au sol. Le réemploi d’un premier étage eut lieu le 30 mars 2017 un an après sa récupération pour mettre en orbite un satellite de télécommunications pour l’opérateur luxembourgeois Ses.

Il a donc fallu attendre 6 décennies après la  satellisation, le 4 octobre 1957, du premier Spoutnik russe qui marque les débuts de l’astronautique. Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?

La plupart des lanceurs mis en œuvre depuis 1957 étaient basés sur des missiles militaires qui ne servaient qu’une fois, destinés à frapper leur cible avec force et précision. Aujourd’hui, les ressources de l’informatique, grâce à des systèmes intelligents, permettent à un étage de revenir après usage pour une remise en état. D’aucuns se sont demandé si la réutilisation en valait la peine et dans quelle mesure une satellisation coûtait moins cher. L’entreprise d’Elon Musk se montre plutôt discrète sur les frais de réhabilitation d’un étage du Falcon 9 avec ses 9 propulseurs Merlin. On sait que cet étage de 41 m a pu, à ce jour, servir jusqu’à 11 fois, ce qui est une belle performance. 

Quels autres opérateurs de services de transport spatial développent des étages réutilisables ?

SpaceX a une belle longueur d’avance dans la maîtrise de la réutilisation du premier étage pour ses Falcon 9 et Heavy Falcon 9. Par ailleurs, aux États-Unis, Rocket Lab pour son petit lanceur Electron, Blue Origin (l’entreprise de Jeff Bezos, Amazon) pour son projet New Glenn paraissent les mieux placés pour procéder à des tests de récupération.

Il y a bien des effets d’annonce, tant en Chine qu’en Europe, qui font état de préparatifs pour la réutilisation de premiers étages. Des sociétés chinoises prévoient la mise en service de lanceurs partiellement réutilisables, mais peu d’informations précises sont disponibles sur leur état d’avancement. Du côté européen, l’ESA (European Space Agency) et ArianeGroup travaillent depuis plusieurs années sur le démonstrateur Themis d’étage réutilisable. Dans la perspective du système ArianeNext des années 2030. 

Reste le sérieux problème de l’étage supérieur qui  devient un débris gênant sur orbite…

Des exploitants de lanceurs, comme Arianespace, font en sorte que cet étage ne vienne plus gêner le trafic dans l’espace: ils le manœuvrent pour qu’il disparaisse au plus vite de l’orbite en retombant dans l’atmosphère. La pollution du milieu spatial, avec l’incroyable recrudescence des activités de lancements sous l’impulsion d’entreprises commerciales (communications, observations) de plus en plus nombreuses, doit devenir la grande préoccupation des États: il s’agit de préserver notre avenir autour de la Terre.  

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