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Alerte: océans en danger

Laetitia MESPOUILLE • info@curiokids.net

©silvae – stock.adobe.com, ©Jag_cz – stock.adobe.com –    Peter ELLIOTT

Les océans représentent environ 71% de la surface terrestre et 97% de l’eau sur notre planète. Important vivier de nourriture pour l’homme et les espèces marines, les océans assurent plusieurs rôles déterminants pour notre planète. C’est pour ça qu’aujourd’hui, ils doivent à tout prix être protégés
 

Protection contre le réchauffement climatique, oxygénation de l’atmosphère, abri pour la biodiversité, source d’énergie, voici autant de rôles assurés par les océans. Des rôles vitaux qui te permettent de vivre dans les conditions que nous connaissons. Cependant, les activités de l’homme détruisent la qualité des océans. Rejets de plastiques et de produits chimiques, surpêche, émission excessive de gaz à effet de serre conduisent à leur dérèglement et par conséquent, à la disparition d’écosystèmes sous-marins.

Des océans en surchauffe

Les océanographes ont des sueurs froides: la température des océans augmente ! C’est l’observation rapportée par l’Académie des Sciences chinoise et l’Agence américaine National Oceanic Atmospheric Administration en janvier 2022. En effet, la température mesurée sur une profondeur comprise entre 150 et 450 m indique une température moyenne de 14,4 °C, alors qu’elle était de 13,8 °C en 2000 ! Non seulement les eaux du globe sont plus chaudes mais elles se réchauffent aussi plus vite. Ce constat est un des indicateurs clés du réchauffement climatique. Mais pourquoi les océans se réchauffent-ils ?

Les activités humaines rejettent de grandes quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. En particulier, du dioxyde de carbone (CO2). En excès, ces gaz retiennent de la chaleur, avec le résultat que notre atmosphère se réchauffe. Les océans absorbent en partie cette chaleur excédentaire, ce qui explique leur propre réchauffement. Cette augmentation de température de 0,6 °C peut te sembler ridicule. Pourtant, elle a déjà de nombreuses conséquences négatives. Citons tout d’abord la fonte progressive de la banquise, mettant en péril les espèces animales vivant dans les régions polaires. Ensuite, la dilatation des océans, car en se réchauffant, le volume des océans augmente. Résultat: le niveau des mers s’élève, menaçant certaines îles de disparaître sous l’eau et les villes côtières d’inondations. Les océans et les mers influencent aussi la météo, comme les pluies, les vents, mais aussi la formation de tornades. 


   BIG DATA

8,14

 c’est le pH des océans en 2020

97%

 de l’eau sur Terre est contenue dans les océans.

80 000 t

 c’est la quantité de plastique contenue dans le continent de plastique du Pacifique. Il est si vaste qu’on l’a baptisé le 6e continent.

25%

de la biodiversité sous-marine est abritée par les récifs coralliens


Mangerons-nous des poissons en plastique ?

Avec 380 millions de tonnes produites chaque année, nous sommes devenus de supers-consommateurs de plastiques. Emballages alimentaires, sacs poubelles ou sacs de courses, bouteilles de soda ou d’eau, ces objets en plastique ont intégré notre quotidien et nous n’arrivons plus à nous en passer. Et dire qu’ils sont utilisés très peu de temps avant d’être jetés à la poubelle. Le problème, c’est que la majorité d’entre eux ne sont pas dégradables. Sachant que plus de 10 millions de tonnes de plastiques se retrouvent dans les océans chaque année, ça en fait des déchets !

Et la faune sous-marine dans tout ça ? Et bien ses habitants nagent dans une mer de plastiques et de déchets divers. Quand ils ne meurent pas étouffés, ils sont contaminés par des microplastiques qu’ils avalent malgré eux. De tout petits morceaux de plastiques éliminés par l’activité humaine ou issus de la dégradation des bouteilles d’eau fracassées par les vagues. Moules, poissons, mammifères marins, tous sont contaminés par les plastiques. La fondation Plastic Oceans International a même observé que 100% des moules analysées dans leurs études étaient contaminées. Ce n’est pas tout: selon certains experts, un être humain consommerait 20 kg de plastique durant sa vie. Autrement dit, l’équivalent d’une brique de Lego par mois.

La contamination par les microplastiques continue à prendre de l’ampleur en atteignant les sources d’eau locales. Des études démontrent que 80% des échantillons d’eau potable collectés sur les 5 continents étaient contaminés de microplastiques. Ce constat nous pousse à réfléchir autrement, non ?

   Le truc de ouf !

D’immenses plaques flottantes de plastiques se créent dans les océans, alimentées par les détritus comme les déchets plastiques, les filets de pêches et autres débris. Aujourd’hui, il existe 5 continents de plastiques flottants. Le plus grand est localisé dans l’océan Pacifique Nord, entre l’île d’Hawaï et la Californie. Sa superficie est de 1,6 million de mètres carrés, 51 X plus grande que la Belgique. Ces continents de plastiques sont responsables de la mort de nombreuses espèces animales qui confondent les plastiques avec leur nourriture. Au-delà des intoxications et de la pollution produite, les filets de pêche et les cordes tuent poissons, tortues et mammifères marins qui ont le malheur de s’empêtrer dedans. 

La fondation Ocean Clean Up a récolté des millions d’échantillons, dont l’analyse a mené à d’étranges découvertes. Différentes espèces avaient colonisé les plastiques. Parmi elles, des espèces habituellement visibles dans les régions côtières comme des anémones, des étoiles de mer, des petites crevettes et autres petits crustacés. Pas moins de 300 espèces différentes ont donc «nagé» jusqu’à ces continents de plastique pour y élire domicile. En vivant sur ces radeaux permanents, elles ont attiré d’autres espèces comme les poissons, les tortues ou encore les mammifères marins. Ces derniers sont contraints de se frayer un chemin parmi les ordures pour trouver leur nourriture. Une chasse qui peut se révéler mortelle s’ils mangent ces déchets ou si les filets de pêche et autres débris les immobilisent. Tu l’as compris, ces continents de plastiques sont des pièges mortels.

 

Un océan de vinaigre

Les océans deviennent de plus en plus acides. À cause de quoi ? Ou de qui ? Avec quelles conséquences ? Quand tu goûtes du citron ou du vinaigre, c’est sûr et ça pique: ce sont des composés qualifiés d’acide. Les chimistes parleront de pH (potentiel hydrogène). C’est une échelle de mesure qui te permet de savoir si un milieu est acide, neutre ou basique. Si la valeur est de 7, on dit que le milieu est neutre. En dessous de 7, il est acide et au-dessus, basique. Par exemple, l’eau en bouteille présente un pH compris en moyenne entre 7 et 7,4. Le pH moyen des océans est normalement de 8,25. Une valeur idéale et propice au développement de la vie sous-marine. Actuellement, il est plutôt à 8,14, soit une diminution de 0,11. C’est pour cela qu’on parle d’acidification. Cette diminution te semble faible n’est-ce pas ? Pourtant, elle représente une hausse d’acidification de 30% , ce qui peut tout changer. 

Le pH est une échelle de mesure qui te permet de savoir si un milieu est acide, neutre ou basique. Si la valeur est de 7, on dit que le milieu est neutre. En dessous de 7, il est acide et au-dessus, basique.

Comment l’océan s’acidifie-t-il ? Tu l’as lu plus haut, l’homme a libéré des quantités énormes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère depuis le 19e siècle. En 2019, ce ne sont pas moins de 43 milliards de tonnes qui ont été relarguées. Bien que ce gaz à effet de serre soit consommé par les arbres et les plantes, 30% sont absorbés par les océans. Et dans l’eau, le gaz se transforme en acide carbonique. Oui, un acide.

Un problème, entre autres, est que le plancton est très sensible au pH. Si son milieu s’acidifie, sa croissance est freinée. Or, tu sais que ce petit organisme est le repas favori de beaucoup d’animaux marins. On peut même dire qu’il est à la base de la chaîne alimentaire de la vie sous-marine. S’il disparaît, ce sont toutes les autres espèces qui disparaissent avec lui. Les autres victimes de l’acidification des océans sont le corail, les coquillages et autres escargots de mer, dont la coquille ou squelette extérieur est constitué de calcaire. L’acidification provoque la dissolution des coquilles et une dégradation lente des squelettes de calcaire. Si le corail et les mollusques disparaissent aussi, c’est tout un écosystème qui est menacé.

 

ACTU science:

Bactéries mangeuses de plastique 

Ideonella sakaiensis, c’est le petit nom de cette bactérie dévoreuse de plastique. Son plat préféré ? Le polyéthylène téréphtalate, ou PET. C’est le plastique employé dans la fabrication des bouteilles d’eau, entre autres. Mais comment fait-elle pour «manger» ces déchets ? Elle dégrade le plastique grâce à la sécrétion de 2 enzymes. Celles-ci saucissonnent les molécules de PET en tous petits morceaux. Les résidus sont ensuite assimilés par la bactérie pour qu’elle puisse produire sa propre énergie ou fabriquer des molécules dont elle a besoin.  

Cette découverte est très importante pour les chercheurs. D’une part, on se demande comment une bactérie a pu évoluer aussi vite pour se mettre à produire cette enzyme, car les bactéries ne se nourrissent pas de plastiques habituellement. De plus, ces derniers ont conquis notre quotidien il y a 60 ans seulement. 60 ans pour apprendre à «manger» le plastique, c’est quand même rapide. Cette découverte est aussi très positive pour lutter contre la pollution. Figure-toi que ces enzymes pourraient être exploitées industriellement pour décomposer les bouteilles. En effet, le PET est un plastique très stable, non dégradable. Ce déchet est donc brûlé après usage. Ce qui est tout aussi polluant en raison du gaz carbonique rejeté dans l’atmosphère. Ces super enzymes mangeuses de plastique sont donc une excellente nouvelle pour l’environnement. 

 

Les tortues

Les tortues sont une catégorie de reptiles qu’on reconnait facilement à leur carapace. Celle-ci est composée de deux parties. La partie supérieure au niveau du dos, appelée dossière, et une partie ventrale, appelée plastron. Cette carapace protège les parties molles de leur corps contre leur prédateur. En cas de danger, la tortue se rétracte pour rentrer complètement à l’intérieur. Pratique non ? Oui, mais cette carapace a aussi un poids ! Les tortues marines sont de grandes migratrices. Mais elles ont aussi une excellente mémoire. Elles reviennent toujours pondre là où elles sont nées. Comme tout reptile, les tortues sont des animaux à sang froid. Elles ont donc besoin des rayons du soleil pour se réchauffer. On retrouve des tortues marines à peu près partout sauf dans les régions polaires. Leur menu varie suivant l’espèce. Certaines sont carnivores, d’autres herbivores, et enfin, il y en a même qui sont omnivores. Éponges de mer, algues, mais aussi crevettes, poissons ou méduses figurent au menu de ces dames des mers. Cependant, il arrive aussi que les tortues confondent leur dessert avec des débris. Les plastiques ressemblent à des méduses non ?

Les tortues de mer sont les premières espèces marines recensées pour avoir mangé des débris plastiques. Les chercheurs ont calculé, qu’aujourd’hui, plus de la moitié des tortues marines avaient consommé ces déchets. Ce qui représente une menace supplémentaire pour ces reptiles en carapace. En effet, les tortues sont déjà menacées par la consommation de leurs œufs, la destruction de leurs sites de ponte au profit de la construction d’hôtels, les filets de pêche qui les étranglent et aujourd’hui, un aliment toxique: le plastique. Des chercheurs australiens du CSIRO ont calculé qu’une tortue sur cinq mourait après consommation d’un petit morceau. Car le plastique bouche ou perfore ses intestins. Le risque de mortalité augmente si elle consomme plus de plastique encore. Ce qui risque d’arriver puisque la proportion de déchets augmente inlassablement dans les océans. . Les
tortues sont donc en danger de mort puisque nous en rejetons toujours plus dans
les océans. 

  

LE P’TIT DICO

Biodiversité: c’est l’ensemble du vivant sur notre planète. Les espèces (les animaux, les plantes, les micro-organismes), les gènes, mais aussi les écosystèmes (les milieux dans lesquels ils vivent comme les flaques, les mers, les forêts).

Biomasse: c’est la masse en kilogramme d’organismes vivants dans un écosystème. 

Bioplastique: c’est un plastique produit au départ de ressources renouvelables comme le bois, l’amidon de maïs, etc.

Biodégradable: signifie qu’il se dégrade naturellement et rapidement sous l’action de l’eau ou de micro-organismes, en laissant derrière lui de l’eau et des molécules non toxiques pour l’environnement.

Les GAZ À EFFET DE SERRE, c’est quoi ?

1) PAS TROP PEU, SURTOUT PAS TROP

Il s’agit de gaz qui «retiennent» la chaleur sur Terre. Ces gaz sont la vapeur d’eau, le dioxyde
de carbone, l’ozone ou le méthane par  exemple. Comment ça marche ? Le soleil nous irradie chaque jour de ses rayons chauds. Une portion d’entre eux sont renvoyés vers l’espace grâce à notre atmosphère. Le reste, 70%, atteint la surface de la Terre et sont absorbés par l’atmosphère, le sol et les océans. Pour faire simple, ces rayons réchauffent notre planète. Cette chaleur est ensuite renvoyée sous la forme de lumière infrarouge. Des ondes invisibles pour l’homme. En remontant, ces infrarouges rencontrent une couche de gaz à effet de serre. Ces gaz absorbent les  infrarouges et les renvoient vers la Terre. L’effet de serre est important pour maintenir des conditions de vie agréables sur Terre. Sans ces gaz, la température moyenne serait de -19 °C. Cependant, en excès, ils provoquent un réchauffement climatique et les déséquilibres
que l’on connaît. 

2) CAPTURER LE DIOXYDE DE CARBONE

Pour lutter contre le réchauffement climatique et protéger les océans, il convient de diminuer la production de gaz à effet de serre. Les pays du monde entier se rassemblent afin de trouver des solutions sans nuire à leur économie. En attendant que les politiques s’entendent, d’autres mettent en place des solutions. Une première manière d’agir est de planter des arbres. Savais-tu qu’un arbre adulte capte en moyenne 25 kg de carbone par an ? Cependant, planter des arbres n’est pas une solution miracle pour lutter contre le réchauffement climatique car il leur faut 15 ans pour atteindre de telles capacités de stockage. Aussi, ces actions doivent être complétées par d’autres, comme protéger les forêts existantes et ralentir la déforestation.

Pour gagner en efficacité et agir plus vite, de nombreux chercheurs issus de différents laboratoires ont développé des technologies permettant de capturer le dioxyde de carbone rejeté par les entreprises et de le stocker. Ces technologies s’appellent les Carbon Capture and Storage (CCS). Le principe est de capturer le dioxyde de carbone sur les sites industriels ou au sein des zones de productions d’électricités. Une fois capté, il est purifié et stocké sous terre. Les sites de stockage appropriés sont par exemple des gisements de pétroles ou de gaz abandonnés. En captant le dioxyde de carbone là où il est produit et en le concentrant sous terre sous la forme liquide, nous pouvons diminuer drastiquement les émissions de ce gaz à effet de serre. Avant que ces systèmes soient exploités à large échelle, de nombreux défis attendent les chercheurs. Il faut assurer l’étanchéité du stockage du CO2, réduire les risques sismiques et diminuer le coût de ses technologies.  

Ton p’tit LABO

Une expérience à faire avec Curiokids:
«L’allumette complètement folle»

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