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Les vampires existent-ils ?

Laetitia MESPOUILLE • info@curiokids.net

©The Hollywood Archive – creative.belgaimage.be, ©Uy Lab Research •    ILLUSTRATIONS: Peter Elliott

Issus de mythes et légendes, les vampires sont des personnages immortels, dotés de crocs et assoiffés de sang humain sortant à la nuit tombée. Ces suceurs de sang ont nourri l’imagination de nombreux auteurs, réalisateurs de films et créateurs de dessins animés. En dehors de la fiction, existent-ils de telles créatures sur Terre ?

 

Non bien sûr. Plus personne ne croit à ces histoires ­fantasmagoriques. Cependant, le règne animal recèle de ­nombreuses créatures qui, comme le Comte ­Dracula, se nourrissent de sang. Cette catégorie d’animaux, souvent très petits, appartient à la famille des hématophages. ­Certains guettent leurs proies sans méfiance à la faveur de l’obscurité ­tandis que d’autres, plus farouches, approchent en catimini. Leurs dents,  particulièrement aiguisées, leur permettent de ­percer la chair sans douleur. Mais tous ont un seul objectif, se nourrir de sang.

Des vampires dans les airs

Ainsi donc, les espèces hématophages enrichissent la biodiversité de notre Terre. Comme leur régime alimentaire est majoritairement composé de sang d’animaux vivants, ils doivent pouvoir se contenter de quantités restreintes. C’est pour cela qu’ils sont petits et vivent à proximité de leurs victimes. L’un de ces animaux les plus connus est la chauve-souris vampire. Mais il y en a bien d’autres qui partagent les mêmes goûts en matière d’alimentation. Par exemple, et de manière assez surprenante, certains oiseaux se nourrissent aussi de sang. Parmi eux, le célèbre pinson vampire des îles Galapagos. Alors que la plupart des volatiles se nourrissent d’insectes, de graines ou de fruits, ce pinson complète son buffet avec du sang d’autres oiseaux quand ses ressources diminuent. En particulier, celui du fou de Nazca et du fou à pieds bleus. Le pinson picore la peau du fou avec son bec pointu et aspire le sang. Chose incroyable, sa victime se laisse faire pendant qu’une ribambelle de pinsons patiente pour boire une gorgée. D’autres oiseaux, comme le pique-bœuf à bec jaune, se nourrissent non seulement de parasites présents dans les fourrures des mammifères de la savane, mais consomment aussi le sang de leur hôte, le buffle, la girafe ou le rhinocéros par exemple. Le sang consommé représente une source d’eau importante pour ces oiseaux. 

Un pinson vampire se nourrissant d’un fou de Nazca

Ci-dessous, un autre oiseau, le pique-boeuf (Buphagus erythrorhynchus) qui se nourrit principalement d’insectes, de larves et de sang, soit par le biais de tiques, une centaine par jour (comportement mutualiste), soit directement dans les plaies des mammifères (parasitisme) où son action est plus sujette à caution car gardant les plaies ouvertes et pouvant faciliter infections et parasites. 

Des vampires aquatiques

Les rivières regorgent d’une faune assoiffée de sang. À commencer par la terrible lamproie, un ancien vertébré long comme une anguille et à la peau visqueuse habitant les rivières ou zones côtières des régions tempérées. Celle-ci possède une bouche ronde en forme d’entonnoir et remplie de petites dents acérées. À l’âge adulte, ce vampire aquatique blesse les poissons avec ses dents et se fixe sur son hôte pour y aspirer le liquide rouge. Il arrive même que la lamproie pénètre le poisson pour sucer le sang directement des branchies. Beurk ! 

Les dents impressionnantes d’une lamproie de mer

Une lamproie

Dans l’eau, il y a aussi les sangsues. Plus de la moitié de ces vers se nourrissent de sang. Les autres consomment la chair molle de leur proie. Certaines espèces peuvent atteindre une taille de 20 cm. La majorité d’entre elles vit dans l’eau douce des lacs et des rivières. Les sangsues sont aussi qualifiées de parasites, au même titre que les moustiques ou les tiques, car elles tirent leur alimentation d’un être vivant. Suivant leur lieu de résidence, elles peuvent pomper le sang de mollusques, de mammifères, de tortues, de crocodiles ou encore des oiseaux. Savais-tu qu’en 1 500 ans av. J.-C. déjà, les Égyptiens utilisaient les sangsues pour leurs vertus thérapeutiques. Aujourd’hui, cette médecine peu conventionnelle est employée pour soigner les congestions veineuses après une opération chirurgicale.

 
Existe-t-il des vampires humains ?

Tu peux écarter l’idée de créatures immortelles à éliminer à coup de pieux dans le cœur. Elles n’existent pas. Cependant, certaines personnes malades, atteintes de protoporphyrie érythropoïétique, sont extrêmement pâles, ne supportent pas la lumière du soleil et ont besoin de subir des transfusions de sang pour survivre. Cette maladie génétique est associée à une grosse carence en fer. Plus précisément, en hémoglobine, une protéine présente dans nos globules rouges, n’arrive pas à fixer le fer. Le biochimiste canadien, David Dolphin, pense que cette maladie méconnue par le passé aurait donné naissance au mythe des vampires. 

 

 

   Le truc de ouf !

De l’ail pour repousser les moustiques ?

Dans les légendes, les villageois se protègent des vampires avec des colliers d’ail. Dans le film Dracula de Francis Ford Coppola, Van Helsing brandit de l’ail autour de la pauvre Lucy pour la protéger du terrible vampire. Mais est-ce que l’ail peut aussi repousser les vampires qui nous entourent ? À commencer par les moustiques ou les tiques. Bonne nouvelle: il semblerait que oui !  Je dis bien «semblerait», car la science fournit encore peu de preuves à ce sujet. 

Néanmoins, une étude réalisée en Suède sur des soldats montre que ceux qui ont consommé des pilules concentrées en ail se faisaient bien moins mordre par les tiques que les autres. L’ail est connu depuis longtemps pour ses bénéfices thérapeutiques: il réduit le cholestérol ou l’hypertension, booste notre système immunitaire, etc. Cependant, le milieu de l’agriculture s’intéresse de plus en plus à l’ail, car certaines molécules contenues dans ce bulbe pourraient aussi protéger les cultures des insectes. En particulier, les recherches montrent que les préparations à base d’ail peuvent être utilisées comme insecticide aussi bien sur les œufs que les larves ou les insectes adultes. Quelle découverte utile ! Ainsi, fini l’usage des pesticides toxiques.  

 
Comment les espèces hématophages prélèvent-elles le sang ?

Les espèces hématophages prélèvent le sang de 2 manières. On distingue les vrais «suceurs» de sang, munis d’une cavité buccale capable de percer le vaisseau sanguin de son hôte et d’aspirer le sang. C’est par exemple le cas du moustique, qui utilise sa trompe, ou de la lamproie qui mord son hôte avec ses dents avant de sucer le sang. Et puis, il y a les «lécheurs» de sang, comme la chauve-souris vampire. Ses dents percent de petits trous dans la peau pour lécher ensuite le sang qui s’écoule de la plaie. Le pinson picore la peau de son hôte avec son bec pointu et lèche ensuite la plaie. Leur salive ou bouche contient souvent des molécules qui favorisent l’écoulement du sang. 


   BIG DATA

20 g

c’est la quantité de sang ingérée par une chauve-souris vampire en 20 minutes de repas

1/50 000

le nombre de personnes atteintes de protoporphyrie érythropoïétique

650

le nombre d’espèces différentes de sangsues


Le selfie du jour

La chauve-souris vampire

Ce petit mammifère vit en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Il en existe 3 espèces: le vampire commun (Desmodus Rotundus), le vampire à pattes velues (Diphylla Ecaudata) et le vampire à ailes blanches (Diaemus Youngi). Leur régime alimentaire se compose majoritairement de sang et plus rarement d’insectes. On dit qu’elles sont hématophages obligatoires. Le vampire commun s’installe dans les zones agricoles, là où se trouve leur garde-manger. Le jour, il se cache dans les grottes ou dans le creux des arbres. La nuit, il sort pour se nourrir. Le bétail, composé de vaches, cochon, poules ou même les chats, constitue une source de sang facile à atteindre. Il s’attaque d’ailleurs rarement à l’homme. Cette petite chauve-souris, d’une taille moyenne de 8 cm pour environ 58 g, peut doubler son poids en un seul repas suivant la quantité de sang ingérée. Cet animal nocturne chasse discrètement, en s’orientant d’abord avec son sonar. Elle détecte ses proies grâce à ses capteurs de chaleur. Elle possède de grands pouces à l’extrémité de ses ailes pointues, ce qui lui permet de décoller du sol en faisant un grand bond. Ces mêmes pouces ou griffes, leur permettent de s’agripper au bétail endormi. Dès qu’elle a repéré sa proie, elle atterrit et s’approche en rampant. Une fois dessus, elle fait une petite incision de laquelle s’écoule le sang, qu’elle n‘a plus qu’à lécher. Sa salive contient de la draculine, un anticoagulant puissant qui lui permet de récolter le sang de la plaie. Les vampires communs vivent en groupe dans une société très organisée et évoluée. Ils se partagent même le sang récolté pour nourrir leurs congénères qui n’auraient pas reçu leur ration. Ces petits monstres volants sont parfois considérés comme des nuisibles, car ils peuvent transmettre la rage au bétail.

   Le savais-tu ?

L’hirudine, protéine présente dans la salive des sangsues, est utilisée comme médicament. Pour pouvoir se nourrir, la sangsue doit s’assurer que le sang continue de couler après la morsure. Or, tu sais que notre corps est capable de réagir à nos blessures en créant une «croute». On parle de coagulation. Autrement dit, les plaquettes de notre sang, ainsi que de grosses protéines, s’agglomèrent pour former un bouchon et empêcher le saignement de se poursuivre. La sangsue empêche la coagulation pour se nourrir, grâce à l’hirudine. Cette molécule puissante est aujourd’hui employée comme médicament. En effet, après une intervention chirurgicale, il existe toujours un risque pour le patient d’avoir un petit caillot de sang qui se forme dans ses veines. Si ce caillot bouche les veines, le patient souffre d’une thrombose, qui dans certains cas peut être mortelle. Pour éviter cela, des médicaments à base d’hirudine sont donnés aux patients. Ces médicaments sont des anticoagulants. Comme quoi, la nature est une source d’inspiration infinie pour les chercheurs.  

Est-ce vrai que des hommes se comportent comme des vampires ?

Loin de mordre les gens dans le coup, certaines tribus se nourrissent aussi de sang d’animaux qu’ils mélangent à du lait ou à d’autres breuvages. Au Kenya, les Masaïs ont pour habitude de consommer du lait, de la viande et du sang. Le sang est prélevé en petite quantité du bœuf. Ils le consomment cru ou mélangé avec du lait, soit lors des célébrations ou pour soigner les malades.

Au 13e siècle, les mongols, un peuple d’Asie centrale consommait le sang de leurs chevaux. Ces guerriers impitoyables avaient un lien particulier avec leur monture. Ces dernières leur permettaient de gagner très rapidement des zones de combats pour renverser leurs ennemis. Cependant, pour compenser le manque de nourriture lors des longs voyages, les Mongoles se nourrissaient du sang de leur cheval. En fin de journée, ils coupaient une petite veine pour récupérer l’équivalent d’une tasse. Le cheval nourri d’herbe transmet ainsi sa nourriture au cavalier par son sang.   

 


LE P’TIT DICO

Hématophages:  classe des animaux se nourrissant de sang.

Hémoglobine:  molécule protéique essentielle présente dans les globules rouges. C’est elle qui donne sa couleur rouge au sang.

Draculine:  protéine présente dans la salive des chauves-souris. Elle permet de faire circuler le sang de leur proie plus facilement lorsqu’elles se nourrissent.

Anticoagulants:  médicaments destinés à empêcher la formation de caillots sanguins dans l’organisme.

Biodiversité:  ensemble des espèces vivantes peuplant la planète.

Polype:  en zoologie, forme allongée et cylindrique que peuvent prendre les méduses ou les étoiles de mer.

Stase:  état durant lequel l’être vivant ralentit ses fonctions vitales.

Mimétisme:  capacité d’imiter l’apparence ou le comportement de quelque chose.

Branchies:  organe respiratoire des animaux aquatiques qui filtre l’oxygène dissous dans l’eau.

 
LES 5 CARACTÉRISTIQUES DES VAMPIRES DANS LA NATURE

1) BOIRE DU SANG

C’est la première chose à laquelle nous pensons quand on parle de vampire. Et ci-dessus, tu as déjà parcouru de nombreux exemples d’animaux se nourrissant du sang de leur victime, ou plutôt, de leur proie. Mais parmi toutes les espèces d’animaux suceurs de sang, seule la chauve-souris vampire est hématophage. Autrement dit, elle est le seul mammifère se nourrissant exclusivement de sang. 

2) L’IMMORTALITÉ

Edward Cullen et ses amis de la saga Twilight sont en effet immortels. Le pied ! Cependant, dans le règne animal, on rencontre peu d’animaux ayant cette qualité à quelques exceptions près. Le tardigrade, petit ourson d’eau microscopique, en est un rare exemple. Ce petit animal mesurant moins d’un millimètre est capable de survivre en conditions extrêmes. S’il est privé d’eau et de nourriture, il se met en état de «sommeil», appelé stase. Il peut rester dans cet état durant 30 ans s’il le faut. Et puis il se réactive et poursuit sa vie tranquille.

 

Un autre animal qualifié d’immortel est la méduse immortelle appartenant à l’espèce Turritopsis dohrnii. Cette méduse mesure 4,5 mm à l’âge adulte. En cas de famine ou de blessure mortelle, Turritopsis fait marche arrière dans son développement pour devenir un polype. Ces derniers finissent par bourgeonner et ensuite libérer des petites méduses génétiquement identiques à l’adulte blessé. Ce phénomène est appelé la transdifférenciation. C’est comme si la méduse renaissait à chaque fois. Impossible de la tuer avec un pieu dans le cœur. 

 

3) SE CACHER DE LA LUMIÈRE

La lumière du soleil est mortelle pour les vampires. Ils ne sortent donc que la nuit tombée pour profiter de la pleine obscurité. Le rat-taupe nu aussi évite à tout prix la lumière. Comme les vampires, ce rongeur africain est blanc et peut vivre très longtemps. Leurs incisives immenses leur permettent de creuser des galeries profondes où ils vivent en colonies. Contrairement à Dracula, le rat-taupe à une très mauvaise vue. Cependant, son odorat et son ouïe sont exceptionnels.

4) AVOIR LES SENS EXARCERBÉS

D’après le mythe, l’ail repousse les vampires. Car leur forte odeur incommode leur puissant odorat. Les ours aussi ont un puissant odorat. Ils peuvent ainsi détecter de la nourriture à plus de 28 km. Et même celle enfouie dans le sol. Chez les espèces hématophages, les sens leur permettent de détecter le prochain repas. Ainsi, l’odorat des moustiques les aide à percevoir le CO2 que nous expirons en dormant ou l’odeur de notre transpiration. Le moustique, comme la chauve-souris vampire, détecte aussi les sources de chaleur, celles des êtres vivants. Le moustique est même capable de détecter une veine accessible sous notre peau.

5) LE CHANGEMENT D’APPARENCE

La caractéristique la plus étonnante chez les vampires est leur capacité à changer d’apparence. Dans le règne animal, la pieuvre-mime est capable d’imiter d’autres animaux marins. D’environ 1 m, vivant dans les eaux chaudes d’Indonésie, elle peut imiter plus de 15 espèces. Aussi bien leur apparence que leurs mouvements. Ainsi, elle est capable de copier le serpent de mer, la rascasse volante, le poisson-grenouille, le crabe géant ou encore la raie. Pour y arriver, elle se contorsionne et change de couleur. Ce don lui permet d’échapper à ses prédateurs tels que le barracuda ou le requin. En effet, en prenant l’apparence d’espèces toxiques, elle leur signale qu’elle n’est pas bonne à manger. Ce mimétisme lui permet aussi de se rapprocher de ses proies.

 

Ton p’tit LABO

Une expérience à faire avec Curiokids: 

«L’allumette complètement folle»

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