Arrêt au CENTRE
EUROPÉEN DU CHEVAL

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

jannoon028/Freepik
+ photomontage, ©J.-P. LEJEUNE

Il était une fois…

La Wallonie, terre de chevaux. La filière équestre wallonne est un secteur de poids en constant développement. Son importance peut être illustrée tant par le nombre de chevaux, de cavaliers, de compétitions que par les flux financiers engendrés par leur entretien et leur valorisation. «Nous comptons 135 000 chevaux sur notre territoire, soit 1 cheval pour 28 personnes, commence Jean-Philippe Lejeune, directeur du Centre européen du Cheval et chercheur. N’oublions pas non plus les quelque 6 750 emplois directs et indirects créés par le secteur qui pèse près de 1,15 milliard d’euros chaque année. Nous n’avons pas à rougir de notre réputation à l’international. Nous étions la 3e nation «fournisseuse» de chevaux pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2021. Le vice-champion du monde de jumping, Jérôme Guéry, est wallon

Le Centre européen du Cheval a été créé en 2000 à l’initiative du Gouvernement wallon. Il promeut le cheval comme un «élément de vie et d’identité du milieu rural» via la recherche équine dans les domaines de la locomotion, l’élevage, la reproduction et la sélection, ou via le sport, le tourisme et la formation. Il accompagne les éleveurs dans la valorisation de leurs jeunes chevaux en proposant un encadrement scientifique et sportif aux cavaliers et chevaux dans le début de leur phase de travail. Les missions de R&D sont menées à bien par l’équipe du Centre et grâce à des collaborations avec d’autres partenaires, équipes de recherche issues des universités belges ou étrangères, et d’autres laboratoires sélectionnés en fonction des protocoles à réaliser et de leurs spécificités propres. En plus des autorités wallonnes et de la Province du Luxembourg, le Centre collabore étroitement avec l’ULiège et la Ligue Équestre Wallonie-Bruxelles (LEWB). Il accueille toute l’année des étudiants belges et étrangers pour des stages d’observation, de formation et la réalisation de mémoires. Il collabore avec des écoles dans le domaine des métiers du cheval, de l’agronomie, de la maréchalerie, des auxiliaires de soins et, bien sûr, de la médecine vétérinaire.

Quant au cluster Equisfair, basé à Mont-le-Soie et reconnu par la Région wallonne, il a été à l’initiative de 8 sociétés actives dans la filière équine et compte actuellement 65 membres. 
 
 

CARTE D’IDENTITÉ

CRÉATION : 2000

SIÈGE SOCIAL :
Mont-le-Soie, 1
6690 Vielsalm

SECTEUR D’ACTIVITÉS:
Recherche équine et centre équestre

MEMBRES DE L’ÉQUIPE : 85

CONTACT : 080 21 65 56

   info@montlesoie.be

   www.montlesoie.be

 
…l’envie d’innover

Avec une convention-cadre de la Région wallonne, le Centre de Mont-le-Soie propose aux éleveurs et aux acteurs de la filière équine wallonne différents services et programmes pour les accompagner dans le développement de leurs activités. Il soutient le Stud-book du cheval de trait ardennais. Cet organisme de sélection enregistre les naissances de poulains, les généalogies et les documents d’identité des chevaux, en vue, notamment, de la sélection des étalons reproducteurs. «Nous avons une mission d’accompagnement dans la lutte spécifique contre l’une des maladies pouvant toucher les chevaux de trait, une maladie de peau, le lymphœdème progressif des membres.»

Chez les chevaux lourds, le Centre continue de s’intéresser à l’apparition spontanée d’ostéo-arthrose juvénile et communique auprès des éleveurs sur la morphologie recherchée et l’importance d’un diagnostic précoce pour pouvoir orienter la sélection des futurs reproducteurs. «L’arthrose des chevaux de trait, qui se constate habituellement chez les individus âgés de toutes espèces, peut apparaître chez des sujets jeunes en croissance. Ce qui peut hypothéquer l’avenir d’un cheval car elle pourrait provoquer des boiteries. Le cheval serait alors réformé de manière précoce, alors que la carrière sportive d’un cheval peut aller jusqu’à 20 ans.» Chez les chevaux de selle, de sport, la maladie existe aussi. «Il en va de même avec d’autres lésions du système locomoteur. Pour ces chevaux, nous avons développé une approche préventive avec des suivis de la locomotion afin de l’optimiser

Toujours dans la cadre des missions confiées par la Région wallonne, le Centre mène, en collaboration avec la Faculté de médecine vétérinaire et le Centre de l’oxygène, R&D de l’ULiège, un programme de recherche sur les pathologies orthopédiques du développement chez le cheval de sport. «Ces recherches portent principalement sur l’ostéochondrose dissécante, à savoir des kystes ou des fragments dans les articulations. Actuellement, un doctorant de l’ULiège, détaché à Mont-le-Soie, travaille sur l’ostéoporose dissécante de chevaux en croissance.» Avec une incidence de plus de 30% des jeunes chevaux du sport, cette maladie peut se révéler fortement invalidante et compromettre leur carrière sportive, ce qui entraîne de grandes pertes financières aux éleveurs. Depuis quelques années, le Centre propose, avec l’accord du vétérinaire traitant, un dépistage de l’ostéochondrose dissécante aux éleveurs wallons en leur offrant la possibilité de réaliser un contrôle radiologique sur leurs poulains de 6 mois à 2 ans.

L’année 2023 est particulièrement rythmée par le projet EUNetHorse, premier projet agricole européen de R&D dédié aux équins et coordonné par l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation (IFCE). Son objectif est d’établir en 4 ans un réseau actif multi-acteurs européen (éleveurs, conseillers, formateurs, chercheurs, etc.) en France, au Portugal, en Espagne, en Belgique, en Allemagne, en Roumanie, en Pologne, en Finlande et en Suisse. Celui-ci vise à augmenter la résilience et la performance de leurs exploitations équines face aux crises environnementales, sociales, sanitaires, économiques ou politiques. De quelle manière ? En diffusant largement les pratiques, outils et solutions qui améliorent leur résilience et leur performance socioéconomique, le bien-être et la santé des animaux dans les exploitations, la durabilité environnementale du secteur et son intégration au sein du monde agricole.

La préservation génétique et biotechnologique de la reproduction, l’optimisation des conditions d’élevage du cheval en Wallonie ou encore la valorisation des jeunes chevaux sont également au programme de l’année 2023. Le Centre européen du Cheval ambitionne de maintenir un budget annuel avoisinant le million d’euros répartis en recettes propres et en missions de recherche et développement et d’accompagnement de la filière sur base d’une future convention-cadre à conclure et qui courrait jusqu’en 2025. Le secteur équin en Wallonie mérite cette valorisation, ainsi que la pérennisation de ses activités.
 
 

QUI EST JEAN-PHILIPPE  LEJEUNE, DIRECTEUR ?

Né dans le Pays de Herve, Jean-Philippe Lejeune est diplômé docteur en médecine vétérinaire de l’Université de Liège en 2000. Il effectue sa thèse de doctorat à Mont-le-Soie. «Elle portait sur l’arthrose juvénile du cheval de trait.» Depuis lors, il est resté fidèle à Mont-le-Soie, en tant que chercheur d’abord, puis à la gestion et la direction à laquelle s’ajoute aujourd’hui la coordination des activités en collaboration avec Didier Serteyn, l’administrateur délégué de l’asbl. «Je reste spécialisé dans le domaine locomoteur du cheval et la prévention des maladies, des atteintes du système locomoteur.» Quelques heures par semaine, il travaille à l’animation du cluster Equisfair. Durant ses loisirs, le directeur du Centre du cheval redevient cavalier et éleveur amateur. «De temps en temps, je fais naître un poulain dans mes écuries, en région liégeoise.» Pas de doute, «ma vie, c’est 200% cheval !».

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