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Thibault GRANDJEAN • grandjean.thibault@gmail.com

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L’Europe polluée aux PFAS

Ils ont des noms imprononçables comme acide perfluorooctanoïque ou acide heptafluorobutyrique. En mars dernier, alors qu’on préférerait les savoir confinés dans des laboratoires plutôt que dans nos sols et notre eau, un collectif de médias européens a publié une enquête d’ampleur révélant la pollution majeure des PFAS (Per et Polyfluoroalkylés) qui sévit en Europe. Entre 2003 et 2023, plus de 17 000 sites ont ainsi été répertoriés avec des niveaux de contamination supérieurs à 10 ng/L, auxquels s’ajoutent près de 21 500 sites présumés contaminés du fait des activités industrielles qui y sont menées, mais sans qu’aucun prélèvement n’y ait été effectué. En outre, l’enquête révèle l’existence de 2 100 points chauds, où la contamination est supérieure à 100 ng/L. Ainsi l’usine 3M à Zwijndrecht, dans la banlieue d’Anvers, serait un des lieux les plus contaminés au monde.

Mais que sont ces PFAS ? Il s’agit de molécules composées de courtes chaînes de carbone-fluor, une des liaisons les plus stables qui existent. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on les nomme les forever chemicals, des polluants éternels qui ne se dégradent pas dans la nature et qui sont probablement là pour des milliers d’années. Une étude de l’Université de Stockholm a d’ailleurs déclaré que l’eau de pluie était désormais impropre à la consommation sur la totalité du globe, après avoir mis en évidence la présence de ces molécules jusque dans les endroits les plus reculés. Il faut dire que ces PFAS sont partout. Présents dans plus de 232 types de produits pour leurs propriétés anti-taches et imperméabilisantes, on les retrouve aussi bien dans des plastiques que des peintures, des textiles, des poêles antiadhésives ou des implants médicaux. Le Téflon ou le Gore-tex, par exemple, leur doivent tout, mais on en trouve aussi dans des rouges à lèvres ou des cordes de guitare. Au total, des milliers de produits de consommation et du quotidien sont concernés, sans que l’on en connaisse le nombre exact.

Pourtant, les fabricants sont depuis longtemps au courant des dangers sanitaires que causent ces molécules. Car en réalité, les PFAS n’ont fait que remplacer les PFOS (perfluoroctane sulfonates) et les PFOA (acide perfluorooctanoïque), aux propriétés similaires et interdits par la Convention de Stockholm respectivement en 2009 et 2019. Ils ont d’ailleurs été interdits en 2006 aux États-Unis après une série de scandales, comme une pollution au Téflon de la firme DuPont en Virginie Occidentale en 1998.

À la lecture des chiffres de contamination recensés, on serait tenté de se dire que quelques nanogrammes par litre, ce n’est pas grand-chose. Mais les spécialistes estiment que des effets sur la santé commencent à apparaître à une concentration de seulement 1 ng/L ! Ces derniers sont largement documentés en cas d’exposition: diminution du poids de naissance des bébés et de leur réponse immunitaire aux vaccins, diminution de la fertilité ou encore augmentation du risque de cancer du sein et de la thyroïde. Les spécialistes estiment entre 52 et 84 milliards d’euros le poids des PFAS pour le système sanitaire européen.

Et la Belgique dans tout cela ? D’après la carte établie par les journalistes, la Flandre semble surexposée tandis que la Wallonie serait largement épargnée, malgré la présence de nombreux sites présumés contaminés. Un seul site de production y est d’ailleurs répertorié contre 9 en Flandre. Mais il y a peu de chances que la pollution ne s’arrête à la frontière. Si la Flandre est surreprésentée, c’est avant tout parce que des contrôles y ont été menés. Vivaqua, le gestionnaire de l’eau de Bruxelles, ne sera par exemple tenu de mesurer les PFAS qu’à partir de 2024. Et lors d’une étude menée dans la région de Liège en 2020 sur 242 volontaires, la concentration de PFAS présente dans le sang de ces participants était similaire à celle des autres populations européennes, et plus de la moitié dépassaient les normes sanitaires.

http://bit.ly/45Y6fdQ

https://foreverpollution.eu/

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L’ACTU DES LABOS  

Une nouvelle zone bleue

L’île japonaise d’Okinawa, la Sardaigne en Italie, Nicoya au Costa Rica et Ikaria en Grèce… ce n’est pas la to-do list d’un globe-trotter, mais des endroits du monde où les gens vivent plus longtemps que la moyenne. Si longtemps d’ailleurs que la proportion de centenaires y est bien supérieure à nos contrées. On les appelle les zones bleues, de la couleur du feutre qui a servi à délimiter la première zone identifiée en 2000… Elles sont au nombre de 4, ou plutôt étaient. Car le spécialiste de ces zones, Michel Poulain, démographe et professeur émérite de l’UCLouvain, pense en avoir trouvé une cinquième: la Martinique. En 2023, l’île française des Caraïbes comptait près de 400 centenaires, soit le double en proportion par rapport à la métropole. En plus de caractéristiques génétiques communément partagées par les habitants de ces régions, le chercheur met en évidence 7 principes que l’on retrouve dans chacun de ces endroits: se déplacer naturellement, manger sainement, éviter le stress/beaucoup dormir, des liens familiaux robustes, un fort soutien de la communauté, un respect pour la planète et avoir un but dans la vie….

https://longevitybluezone.com/the-7-principles/

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Fluo insectes