Espace

Quoi de neuf dans l’espace ?

Fleur Olagnier •  fleur.olagnier@gmail.com

La plus grande et la plus puissante fusée du monde développée par SpaceX, Starship, a explosé 4 minutes seulement après son décollage le jour de son tout premier vol d’essai. Le lanceur spatial super-lourd réutilisable – en théorie – a été sélectionné en 2021 par la Nasa pour constituer l’atterrisseur lunaire du programme américain Artemis: il doit permettre un retour de l’Homme sur la Lune fin 2025 avec la mission Artemis III, et pourrait aussi tenir un rôle important dans l’exploration humaine de Mars. De solides ambitions que l’on peut questionner au vu de l’issue du premier vol test… 

Le décollage, ce 20 avril, de la fusée Starship et son explosion quelques
minutes plus tard.

Que s’est-il passé ?

Le jeudi 20 avril dernier, dans un impressionnant fracas, la fusée Starship de 120 m de haut a décollé depuis la base spatiale de SpaceX à l’extrême sud du Texas. Starship est à la fois plus grande que la nouvelle méga-­fusée de la Nasa SLS qui s’est envolée pour la première fois en novembre, et que la légendaire Saturn V, fusée du ­programme lunaire Apollo. Scruté de toute part, l’engin noir et argenté semblait se ­comporter normalement pendant les premières minutes du vol. Mais les choses se sont gâtées quand la fusée a commencé à changer d’orientation puis à effectuer des rotations sur elle-même à près de 2 000 km/h… Avant que la séparation du premier étage Super Heavy équipé de 33 moteurs et de l’étage supérieur constitué du vaisseau Starship ne puisse avoir lieu, l’engin a explosé au-dessus de la mer à environ 30 km d’altitude. Une explosion qualifiée par SpaceX de «rapid unscheduled disassembly», un «démontage rapide et imprévu».  Si la séparation du Super Heavy s’était déroulée correctement, le vaisseau Starship aurait ensuite allumé ses 6 moteurs et continué seul son ascension, jusqu’à plus de 150 km d’altitude, avant de retomber dans l’océan Pacifique près d’Hawaï.

Un échec, vraiment ?

Malgré l’apparent fiasco de ce premier vol, SpaceX affiche un solide optimisme. Le CEO de l’entreprise Elon Musk a félicité ses équipes et salué un «formidable» test. «Nous avons beaucoup appris pour le prochain essai de décollage dans quelques mois», a-t-il tweeté. Pour sa part, Kate Tice, ingénieure chez SpaceX, a déclaré lors du direct vidéo: «Nous avons réussi à quitter le pas de tir, ce qui ­honnêtement était tout ce que nous espérions». Un bilan positif donc, même si l’ambitieux objectif d’atteindre une vitesse ­suffisante pour se mettre en orbite puis rentrer dans ­l’atmosphère n’a pas été atteint. «Toute grande réussite dans l’Histoire a demandé un certain niveau de risques calculés», a commenté de son côté Bill Nelson, le patron de la Nasa

Quels enjeux pour le(s) prochain(s) vol(s) ?

La fusée a déjà des clients: le premier vol avec équipage de Starship doit être effectué avec le milliardaire américain Jared Isaacman. Le milliardaire japonais Yusaku Maezawa et l’Américain Dennis Tito (le premier touriste spatial de l’histoire) ont également dit vouloir embarquer pour un voyage autour de la Lune. Pourtant, on ne sait pas encore quand SpaceX programmera son prochain vol d’essai. À terme, Super Heavy devra être capable de revenir se poser contre sa tour de lancement, équipée de 2 bras pour ­l’immobiliser, tandis que le vaisseau Starship se posera sur Terre à l’aide de rétrofusées. Mais même une fois Starship revenu au sol en toute sécurité, il ne sera pas prêt à se rendre sur la Lune, et encore moins sur Mars… En effet, Starship utilise la majeure partie de son carburant pour se mettre en orbite; pour quitter cette orbite, il doit ensuite re-remplir ses réservoirs de méthane et d’oxygène liquide. Pour cela, SpaceX doit donc encore développer 2 autres variantes du vaisseau….  

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