Espace

Quoi de neuf dans l’espace ?

Théo PIRARD  • theopirard@yahoo.fr

NASA-ESA

Depuis le 2 novembre 2000, on a une permanence humaine au-dessus de nos têtes. De façon continue, à bord de l’Iss (International Space Station), où se relaient cosmonautes russes, astronautes américains, européens, canadien, japonais… pour des missions de 6 mois et plus

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Cette infrastructure complexe de plus de 420 t, qui évolue à quelque 400 km d’altitude, sert à des tests technologiques (nouveaux équipements, matériaux de pointe, recyclage…) et à des expériences scientifiques (biologie, médecine, physique, astronomie, météorologie…). Elle se trouve régulièrement ravitaillée par des vaisseaux Progress de l’agence spatiale russe Roscosmos, par des modules Kounotori du Japon, les systèmes privés Dragon de SpaceX et Cygnus de Northrop Grumman.

Quel futur pour l’Iss, alors que la NASA s’est fixé comme priorité de faire retourner ses astronautes sur la Lune dès 2024 ?

La Station spatiale internationale, dont les premiers modules ont plus de 20 ans d’âge, constitue dans l’espace la réalisation la plus importante à des fins pluridisciplinaires. On estime que sa mise en œuvre a jusqu’à présent coûté environ 150 milliards d’euros. Il est prévu que l’Iss puisse rester opérationnelle jusqu’en 2025. Dans quelle mesure la NASA disposera-t-elle des ressources financières pour mener à bien, en parallèle, sa coûteuse exploitation et l’ambitieux projet Artemis d’exploration humaine de notre satellite naturel ? L’administration Trump-Pence compte bien terminer un second mandat présidentiel en amorçant une nouvelle phase de l’astronautique par un retour d’astronautes sur la Lune. 

Quand est-il prévu de tourner la page de l’Iss ?

L’Iss résulte d’un partenariat intergouvernemental entre les USA (avec la NASA), la Russie (avec Roscosmos), l’Europe (avec l’ESA), le Japon (avec la JAXA), et le Canada (avec la CSA). Il serait prévu que la station, en dépit de l’âge avancé de certains éléments, continue d’être exploitable jusqu’en 2030. Tout dépend d’un accord entre les partenaires. La NASA voudrait voir une utilisation commerciale avec des sociétés privées. Elle fait déjà appel à la libre entreprise pour ravitailler l’Iss avec SpaceX et Northrop Grumman, bientôt avec Sierra Nevada et son planeur Dream Chaser. Dès 2020, SpaceX (avec Crew Dragon) et Boeing (avec Starliner) assureront la desserte pour les missions habitées à bord.

Dans quelle mesure la Belgique est-elle concernée
par les activités dans l’Iss ?

Frank De Winne, notre astronaute de l’ESA, y a effectué 2 séjours. Au cours du second, qui a duré plus de 6 mois, il fut le premier commandant de bord non américain et non russe de la station. Régulièrement, les chercheurs belges participent à des expériences dans le laboratoire européen Columbus. Le B.Usoc (Belgian User Support & Operation Centre), implanté à l’IASB (Institut d’Aéronomie Spatiale) sur le plateau d’Uccle, contribue à la mise en œuvre de certains instruments, comme Rubi (Reference Multiscale Boiling Investigation) pour étudier les processus d’ébullition des liquides en impesanteur. 

L’astronaute Frank De Winne en train de déplacer un élément du système de recyclage d’urine, tombé en panne.

Mais encore…

Faux bond du lanceur européen Vega

Le 11 juillet, l’opérateur de transport spatial Arianespace a essuyé un fâcheux revers: le vol du 15e Vega échouait suite à la défaillance du 2e étage Zefiro 23 (propulseur solide) de fabrication italienne. Cet échec, le premier du petit lanceur d’Arianespace, a entraîné la perte de Falcon Eye-1 (1 197 kg) qui devait être le premier satellite d’observation militaire des Émirats Arabes Unis. Ce qui se traduit par l’intervention des compagnies d’assurances, lesquelles vont revoir à la hausse leurs primes couvrant les satellites et leurs lancements.

C’est le programme Vega qui risque de subir le contrecoup de cette défaillance inattendue. L’ESA (Agence Spatiale Européenne) et la société Avio développent la version améliorée Vega C, qui doit effectuer son premier vol au cours de l’année prochaine. Avec l’essor du phénomène Smallsat, il y a un réel intérêt pour les lancements Vega. Ceux-ci se trouvent suspendus jusqu’à ce que la commission d’enquête ait diagnostiqué la panne du 15e Vega et défini des mesures correctrices. Ce faux pas survient à un mauvais moment, alors que la concurrence des petits lanceurs s’intensifie dans le monde. 

Commandement de l’espace pour la France de la Défense

À l’instar des États-Unis qui mettent en place la Space Force décidée par le Président Trump, la France se dote d’une entité spécifique au sein de l’Armée de l’Air pour protéger ses systèmes spatiaux militaires et pour surveiller les activités sur orbite de puissances que sont la Russie et la Chine. 

Les satellites de communication, d’observation et de navigation constituent des outils stratégiques à mettre à l’abri de toute action malveillante. Ce qui justifie une stratégie spatiale de défense, qui soit confiée à un commandement spécifique ayant son siège à Toulouse. On peut se demander dans quelle mesure l’Union européenne n’aurait pas intérêt à organiser son système de surveillance et de protection de l’environnement de l’espace. En Europe, toute activité qui concerne le militaire reste avant tout une affaire nationale (voir photo 1).

Et que ça roule sur le sol martien !

La Nasa a réussi à déposer puis manœuvrer des rovers sur la Planète Rouge. À ce jour, ce sont 4 automates américains, alimentés par des cellules solaires, qui ont exploré la surface de Mars: Sojourner (1997), Spirit (de 2004 à 2009), Opportunity (2004-2018), Curiosity (depuis août 2012) ont collecté des milliers de vues, procédé à des analyses du sol et de l’atmosphère (voir photos 2 et 3).

Au début de 2021, 3 nouveaux rovers doivent être déposés sur des sites martiens avec l’objectif de mieux mettre en évidence les traces de vie: en février 2021, le «jumeau» de Curiosity pour la mission Mars 2020; en mars-avril, l’automate de la mission chinoise HX-1, en avril, Rosalind Franklin de la sonde russo-européenne Exomars. La prochaine décennie sera donc marquée par une meilleure connaissance de la voisine de la Terre, notamment avec le retour d’échantillons. L’objectif à long terme est d’y réaliser l’arrivée d’une expédition habitée internationale dans les années 2030.

1. Centre d’exploitation des images des satellites-espions français. (Photo CNES)

2. Ce selfie de Curiosity a pu être réalisé à partir des vues qu’il a prises. 

3. Vue panoramique d’un paysage martien, grâce aux caméras de Curiosity. (Photos NASA)

ERRATUM

Contrairement à ce que nous avons écrit, le rover martien Curiosity n’est pas équipé de panneaux de cellules solaires. Il tire son énergie d’une batterie radioactive Rtg (Radioisotope Thermoelectric Generator).

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