Actualités

Thibault GRANDJEAN • grandjean.thibault@gmail.com

©Krakenimages.com – stock.adobe.com, © ULIEGE/GEMBLOUX AGRO-BIO TECH, ©Eduardo –
stock.adobe.com, ©ipopba – stock.adobe.com, ©LIGHTFIELD STUDIOS –
stock.adobe.com, ©fotomarekka – stock.adobe.com

01

Un vrai dictionnaire bilingue Français-Langue des signes

«Un premier pas concret vers une société digitale plus inclusive.». C’est en ces termes que les professeurs Anthony Cleve et Laurence Meurant de l’UNamur présentent le nouveau dictionnaire bilingue français – langue des signes de Belgique Francophone (LSFB). Fruit d’une collaboration pluridisciplinaire entre les informaticiens et les linguistes de leurs 2 instituts, le NaDI et le NaLTT, et financé par le Fonds Baillet-Latour, ce dictionnaire est une première mondiale, et ce à plus d’un titre.

En tapant un mot dans la barre de recherche, le dictionnaire fournit non seulement une vidéo du ou des signes correspondants, mais également plusieurs exemples de phrases le replaçant dans un contexte. Mais il y a mieux: la plateforme est équipée d’un logiciel de reconnaissance faciale qui permet de signer devant la caméra de son ordinateur pour en obtenir la traduction en quelques secondes. Pour réaliser cette prouesse, les informaticiens se sont appuyés sur un gigantesque corpus de conversations en langue des signes, patiemment filmées, annotées et analysées depuis 20 ans par la Pr Meurant et son équipe au sein du LSFB-Lab. Pour chaque vidéo, les chercheurs ont extrait une sorte de squelette simplifié et articulé, reprenant la posture, les bras, les mains et l’expression du visage de l’interlocuteur afin d’entrainer une intelligence artificielle (IA) à la reconnaissance des signes.

Ce dictionnaire n’aurait, en effet, pas pu voir le jour sans le développement important, depuis plusieurs années, de ces nouvelles IA dans lesquelles l’UNamur possède une grande expertise. Reste que les données nécessaires à son élaboration représentaient tout de même un certain challenge pour les informaticiens. «Le défi technique était triple, résume Jérôme Fink, doctorant en informatique ayant participé au projet. D’une part le format des données, car même avec du matériel moderne, les vidéos restent très lourdes à traiter. Leur nature ensuite, car il s’agissait d’analyser des vidéos de conversations car, contrairement à des signes pris isolément, les mots sont liés entre eux et les coupures moins nettes. Enfin, leur variabilité, puisque ces vidéos regroupent plus de 100 signeurs, avec chacun son accent, ce qui augmente la difficulté de traitement.»

Au total, 4 ans ont été nécessaires pour réaliser ce dictionnaire accessible à tous, qui comprend plus de 88 h de vidéos, dont 36 sont annotées, ce qui représente près de 4 600 signes et 18 872 phrases. Il sera non seulement utile aux 4 000 locuteurs de la LSFB, mais également à tous les interprètes et surtout aux professeurs qui travaillent avec des enfants sourds. Plutôt que de faire appel à leur enseignant pour la traduction d’un mot, les étudiants peuvent désormais faire des recherches en autonomie sur Internet afin de s’approprier les mots plus efficacement. Car il s’agit d’une des grandes forces de ce dictionnaire: en proposant à la fois plusieurs définitions et contextes, il permet à l’étudiant de mieux saisir les nuances en choisissant le terme qui lui convient le mieux.

«Ce projet est un support très important pour le développement de la linguistique, et il permet de donner un grand coup d’accélérateur à l’étude de la langue des signes et au développement d’outils d’assistance automatique à la traduction», estime Laurence Meurant. À l’avenir, les chercheurs projettent de continuer à améliorer le système de détection des signes de l’utilisateur et de continuer à enrichir le corpus. Un développement à l’international est même prévu, avec des tests en cours sur le couple néerlandais – langue des signes des Pays-Bas, grâce à une collaboration avec le Pr Onno Crasborn de l’Université Radboud de Nimègue.

https://dico.corpus-lsfb.be/

02

SERR’URE, la serre urbaine basse énergie

Le 20 décembre dernier, le Centre de Recherches en Agriculture urbaine (C-RAU) de Gembloux Agro-Biotech inaugurait le projet SERR’URE, une serre urbaine basse énergie implantée sur le toit du bâtiment du Centre de recherche TERRA. En plus d’abriter une série d’expérimentations sur l’agriculture urbaine, comme l’aquaponie et l’hydroponie, elle doit permettre de démontrer sa valeur ajoutée au sein de l’environnement urbain. En effet, cette serre de toit de 198 m2 de nouvelle génération est capable de récupérer activement la chaleur produite et non consommée par le bâtiment (qui peut perdre jusqu’à 30% de son énergie par le toit), tout en produisant de l’électricité, grâce à des panneaux photovoltaïques ne perturbant pas la croissance des plantes. Enfin, en produisant fruits et légumes localement, elle contribue à diminuer les émissions de CO2.

Après les fermes urbaines de Saint-Denis en région parisienne et Fresh, installée sur le toit d’un restaurant à Bettembourg au Luxembourg, SERR’URE est la troisième des 4 installations pilotes du projet Interreg GROOF (Greenhouse to Reduce CO2 on RooFs). Pour l’instant, SERR’URE se «situe sur le podium, à la 2e place des serres moins polluantes sur une échelle de 4. Et ce, sans être encore couplée aux énergies perdues de TERRA», explique le Pr Haïssam Jijakli, coordinateur du C-RAU. Qui projette également d’atteindre la première place en rendant la serre neutre en émission de gaz à effet de serre une fois l’installation finalisée.

GROOF, doté d’un budget de 5,9 millions d’euros, ambitionne de réduire les émissions de gaz à effet de serre en rendant la conception de serres de toits accessible à tous. En étudiant toutes les facettes de ce type d’architecture, il permettra d’établir un guide des bonnes pratiques à adopter lorsqu’on souhaite mettre en œuvre un projet similaire en Europe, tant dans l’aspect administratif (règles d’urbanisme, etc.) que technique (énergie, norme de construction, etc.). La dernière des serres sera installée sur le toit d’une ancienne maternité à Bürstadt, en Allemagne, afin notamment de démontrer la faisabilité de l’horticulture en milieu urbain. La fin du projet est prévue en 2023.

https://www.gembloux.ulg.ac.be/agriculture-urbaine/