WALL'INNOVE TOUR

Arrêt sur Equestrian Technology

Jacqueline REMITS • jacqueline.remits@skynet.be

jannoon028/Freepik + photomontage, Equestrian Technology

Il était une fois…

Equestrian Technology, une toute jeune société fondée en 2020 à Perwez par Loïc Massart et Alexandre Vandermeulen. Tous deux cavaliers depuis leur plus jeune âge, ils connaissent comme leur poche le milieu de l’équitation. «Je me suis rendu compte que, dans les centres équestres, il existait encore un retard technologique, commence Loïc Massart. Or, si certaines tâches à peu de valeur ajoutée pour le personnel étaient automatisées, cela permettrait à ces personnes d’être dédiées à des tâches plus gratifiantes pour elles et plus intéressantes pour les chevaux.» En 2017, au sortir de ses études d’ingénieur, le jeune homme de 23 ans souhaite développer cette idée. Mais par où commencer ? «J’en ai parlé autour de moi et à ce moment, j’ai revu Alexandre que je connaissais déjà.» Après des études de vente et marketing à l’EPHEC, lui aussi a l’envie chevillée au corps de participer à un projet innovant, de créer une start-up. «J’avais besoin de quelqu’un pour s’associer avec moi dans mon projet, poursuit Loïc. Mon idée étant d’automatiser les tâches pénibles dans les écuries, la première à laquelle j’ai pensé était le nivelage des pistes par un robot herseur en lieu et place d’un tracteur pourvu d’une herse.» En 2018, il commence à bricoler dans son coin à partir de pièces de récupération dénichées à gauche et à droite. Il discute également avec pas mal de personnes susceptibles de l’aider ou de l’orienter. «C’est en rencontrant certaines personnes qui m’ont conseillé, inspiré, que j’ai pu grandir et trouver les bons partenaires», confie-t-il. Le bon partenaire pour mettre au point son robot, il le trouve 2 ans plus tard. C’est Quimesis, une société de robotique à Wavre qui développe notamment des robots tondeuses, des ramasseurs de balles de golf, et autres engins automatisés. «On s’est dit qu’on pourrait travailler ensemble, eux en tant que sous-traitants. Et c’est le cas. Le software, la programmation, c’est l’affaire de Quimesis.» En début de projet, avant la création de la société, les 2 starters sont incubés par WSL, le support des techno-entrepreneurs en Wallonie. «Une belle marque de crédibilité pour nous et qui a constitué un véritable levier pour nous permettre de trouver des fonds auprès d’investisseurs.»

Les actionnaires trouvés, fin 2020, Loïc Massart et Alexandre Vandermeulen créent la société Equestrian Technology. «Le premier actionnaire qui a accepté de prendre le risque de nous suivre est un dirigeant d’entreprise, Grégory Mouton. En 2022, Didrik Lasanow a aussi rejoint l’équipe en tant qu’expert financier. Également cavalier de haut niveau, il apporte son expertise financière et sa connaissance du marché équestre, autant d’atouts pour notre société.» Ensemble, ils fusionnent leur passion commune pour le monde équestre et leurs expertises professionnelles respectives pour apporter leur contribution à la digitalisation et à l’automatisation du milieu de l’équitation.

CARTE D’IDENTITÉ

CRÉATION : 2020

SIÈGE SOCIAL :
13, Avenue des Moissons,
1360 Perwez

SECTEUR D’ACTIVITÉS:
Solutions automatisées pour installations équestres

MEMBRES DE L’ÉQUIPE :
4

CONTACT :
0476 30 10 29

 
…l’envie d’innover

Dans les écuries haut de gamme, pour les sports équestres de haut niveau, les pistes intérieures et extérieures doivent être quotidiennement hersées, c’est-à-dire damées, nivelées. Actuellement, cette tâche ingrate, mais nécessaire, s’effectue toujours à l’aide d’un tracteur à combustion auquel est attachée une herse à l’arrière. «Cela prend en moyenne une demi-heure par piste, précise Loïc.  » Si on pouvait imiter ce que font les robots tondeuses par rapport aux tondeuses classiques, ce serait super « , m’étais-je dit.»

Le robot herse, imaginé par Equestrian Technology

Le robot herseur (1,8 m de long sur 1,4 m de large, 300 kg) est une machine 100% autonome qui nivèle la piste en dehors des heures d’entraînements. «Les chevaux s’entraînant tout au long de la journée, l’activité de nivelage s’effectue tôt le matin ou tard le soir. C’est un énorme avantage. Outre l’aspect pratique du gain de temps, il faut ajouter l’aspect qualitatif. La machine est moins lourde qu’un tracteur, avec une technologie plus avancée en matière de traitement du sol. Le terrain où les chevaux travaillent tous les jours sera mieux traité et le résultat meilleur que celui réalisé à l’aide d’un tracteur et qui demande en plus de la main d’œuvre.» Cette herse autonome convient tant pour les pistes intérieures qu’extérieures. «Elle a été conçue pour fonctionner dans le sable assez spécifique des écuries de haut niveau.» Ces automatisations offrent aux centres équestres des avantages économiques et écologiques. «Cette machine va effectuer un meilleur travail, plus propre et plus écologique que les méthodes habituelles, et sans intervention humaine. Notre machine émet 55 fois moins de CO2 qu’un tracteur. Une solution unique et brevetée pour laquelle, cerise sur le robot, la majorité de nos fournisseurs sont belges et wallons.»

Ce projet en développement expérimental d’une herse autonome pour les pistes d’équitation a pu se concrétiser grâce à une avance récupérable de 50% du budget total octroyée par la Région wallonne, une aide qui s’est terminée fin 2022. «Cela nous a évité de nous disperser dans la société, souligne Loïc Massart. Si nous avions dû trouver 100% du montant de l’investissement, nous aurions beaucoup moins de parts aujourd’hui et personne n’aurait osé nous prêter de l’argent. Une banque n’aurait pas pris le risque, et nous non plus. C’est un moyen avec risque diminué. Ce financement nous a permis de pouvoir développer notre produit, de faire levier pour trouver d’autres aides et de nous constituer un réseau d’actionnaires. Que la Région wallonne ait validé notre projet et octroyé cette aide, c’est une marque de crédibilité pour nous. Cela veut dire que le produit est bon, qu’il y a du potentiel.»

Au cours du premier trimestre 2023, l’entreprise va passer en phase de production et de commercialisation de son robot herse autonome. «Les premières machines, fabriquées chez Quimesis, vont être livrées en 2023, en effet. Elles seront commercialisées en Belgique d’abord.» Equestrian Technology est affiliée à Equisfair, la filière équine wallonne. Il faut savoir que le marché équestre en Wallonie représente un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros. Un marché toujours plus évolutif en Wallonie avec, notamment, les installations spécifiques pour chevaux de l’aéroport de Liège. «Il y a un engouement de plus en plus grand pour le marché équestre en Belgique.»

QUI EST LOÏC MASSART, COFONDATEUR ET CEO ?

«Mes parents aiment dire que je montais à cheval avant de savoir marcher !, sourit Loïc Massart. Ils pratiquaient tous deux de l’équitation, mon père en a fait à un haut niveau.» Cavalier depuis sa plus tendre enfance donc, Loïc a fait partie de l’équipe belge junior d’obstacles. Il a été 2e de la Coupe de Belgique junior (entre 14 et 18 ans). Il a participé à 2 Coupes des Nations avec l’équipe belge. À 18 ans, il entreprend des études d’ingénieur industriel en électromécanique à la KUL. Au cours de ses études, il apprend la technologie. «Quand je suis sorti de mes études, mon rêve était d’avoir mes chevaux, de participer à des concours, de travailler dans le monde équestre et de tenir un stand en parallèle pour vendre mon produit. Bref, d’allier ma passion des chevaux et mon travail.» Si, aujourd’hui à 28 ans, Loïc monte des chevaux de propriétaires, il n’est pas cavalier professionnel. «Tout simplement parce que je n’ai pas le temps, et que ce n’est pas mon métier.» Il continue cependant à participer à des compétitions les week-ends, principalement en Belgique et de temps en temps à l‘étranger.